Le chant des oiseaux est le même en forêt et dans les champs ; il est le même devant le wigwam et devant le château ; il est toujours le même, qu'ils s'adressent au sauvage ou au sage, au chef ou au roi. (Simon Pokagon)
Une rentrée est toujours porteuse de son lot de nouveautés. Non, devrait être porteuse... Pendant de nombreuses décennies, nous nous croyons immortels. Tant mieux, c’est ce qui nous fait porter des rêves, réaliser des projets, nous permet de nous projeter dans un lointain avenir, nous rend capables de toutes sortes de folies...
Puis, quand on réalise qu’on n’est plus si loin du terme, que notre temps commence à se décompter, survient une sorte de fatalisme... la fin des illusions, est-ce cela qu’on nomme sagesse ?
Ce qu’il faut aux hommes, ce n’est pas quelque chose à apprendre mais quelque chose à être. (Henry David Thoreau)
Je préserve donc amoureusement mon petit grain de folie, mon art de la moquerie avec un zest de mauvaise foi saupoudrée de pirouettes. Et tant pis pour les vieux schnocks de tous âges que la bile étrangle à chaque saute d’humour !
Pour avoir quelque autorité sur les hommes, il faut être distingué d'eux. Voilà pourquoi les magistrats et les prêtres ont des bonnets carrés. (Voltaire)
« Tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire ! » disait Zazie à son tonton qui se plaignait des mauvaises odeurs des couloirs du métro...
Ça fait quand même longtemps que je ne me suis pas épanché sur la page blanche, que je n’y ai pas jeté mes idées en vrac, mon dernier bilan remonte au 4 juillet. D’accord, il y a eu le récit du stage d’été au Temple sur Lot, la suite de mes réflexions sur l’utopie avec un court commentaire del’inscription mise sur la grande porte de Thélème, une balade nostalgique et libertaire en compagnie d’un loup et d’un chien, un rappel au respect de l’orthographe des noms et de l’effet dévastateur d’un simple trait d’union au risque de ne plus savoir qui nous sommes, un appel à l’aide pour une association qui vient en aide aux toutous maltraités... rien que des propos sérieux. Ça fait donc longtemps que je n’ai pas posé les mots sur la page, comme ils viennent, en toute liberté.
Il est aussi facile de se perdre à l’intérieur de soi que sur les chemins des bois ou dans les rues des villes (Henning Mankell)
Ce jeudi 12 octobre est donc pour moi jour de rentrée. J’ai longuement préparé mon projet annuel. Pourtant, ce soir, je n’ai pas rédigé un cours soigneusement minuté, j’en ai simplement défini le thème. Changement fondamental dans mes habitudes ! Serais-je enfin capable d’appréhender une rentrée sans être laminé par le trac ?
Ce soir, 5 Yudansha, un Kyu expérimenté et la toute nouvelle et charmante Stéphanie sont face à moi pour le salut. Mélanie, encore bronzée et auréolée d’une riche semaine de stage d’été aura l’honneur d’être mon assistante. À elle la charge de conduire un court échauffement (il faudra rédiger une petite fiche de façon à apporter un peu plus de cohérence à cet exercice) puis de démontrer les différents exercices avec toute la rigueur que je suis en mesure d’exiger. Car Mélanie a pris de l’assurance et acquis beaucoup de précision dans ses mouvements.
Il faut absolument rejeter l’à peu près. Parce qu’ensuite il y aura un à peu près de l’à peu près et puis encore un à peu près de l’à peu près de l’à peu près... Que restera-t-il donc de la technique initiale ?
Le non-agir ne signifie pas repos après l’action mais repos toujours en action. (Chang Chung-Yuan)
Peu de monde, donc, à la rentrée. Un ami me dit que ça lui est égal. Ce n’est pas ça qui l’empêchera de s’entraîner. « Même si on n’est que trois, on s’entraînera entre copains. On continuera à progresser. » Non ! Vous régresserez. Des pratiquants d’un bon niveau qui s’entraînent entre eux, à huis clos, ne peuvent que régresser car ils sombreront dans la facilité.
On ne progresse qu’en se heurtant à des difficultés et en apprenant à les surmonter. Et il n’y a que les débutants pour opposer de réelles difficultés. Ce n’est qu’auprès des débutants qu’on affine ses sensations. Nous aurons toujours besoin des débutants pour travailler les bases sur lesquelles se construit notre progression.
Je croyais que le grade donnait de l'autorité : il en ôte. (Jules Vallès)
Premier exercice : O Irimi sur Tsuki Chudan
Important : la précision de l’attaque, je l’exige juste au-dessus du nœud de la ceinture.
La main intérieure dévie l’attaque vers son extérieur. Le bras extérieur passe au-dessus de l’épaule de Tori, coude vers le visage.
Deuxième exercice : Randori esquive O Irimi en cercle.
Attaque Tsuki Chudan alternée à droite et à gauche. Chaque Uke rejoint sa place aussitôt après avoir attaqué. Je veux un travail lent, fluide, sans concession sur la précision des gestes. La vitesse ne sert qu’à masquer ses faiblesses !
Troisième exercice : canalisation O Irimi sur Tsuki Chudan
C’est le prolongement de l’exercice précédent. La main intérieure contrôle le poignet de Uke. Le bras extérieur continue sa courbe descendante, l’aisselle venant s’appuyer sur l’épaule de Uke. Tori prolonge O Irimi par une rotation du bassin, pose le genou avant au sol et déséquilibre Uke qui est projeté dans l’axe de ses épaules.
L’exercice se fait d’abord avec un seul partenaire puis sous forme d’un randori en cercle. Certains se relèvent à contre-pied. Il faut se relever en effectuant une rotation du bassin en sens inverse !
La rigidité et la dureté sont les compagnons de la mort. La douceur et la délicatesse sont les compagnons de la vie. (Lao-Tseu)
Travailler en refusant l’à peu près semble un exercice fastidieux, intellectuellement exigeant... La sensation doit provenir de la spontanéité, pas de la cogitation ! Le Randori canalisation doit être fluide, continu, comme une ample expiration.
Pour détendre les matières grises en surchauffe, nous passons à la seconde partie de ce cours consacré aux bases. Mélanie est toujours sur la sellette...
Te Hodoki Jyunte Dori
Une erreur répandue consiste à amener directement la main saisie vers le sternum pour « centrer ». Cette intention est louable mais erronée. Il est facile à un partenaire suffisamment stable de montrer que c’est quasiment impossible. Cette erreur provient d’une mauvaise posture de garde. Parce qu’on travaille en Chika Ma, les 2 partenaires se sentent obligés de se placer face à face. La garde se prend avec un léger profil (3/4 face).
Dans un premier temps, Tori exécute un pivot des hanches pour approcher son torse de sa main. Ensuite, il pivote « monolithiquement » pour entraîner Uke...
Te Hodoki Gyakute Dori
L’absence de garde donne du sens à cet exercice. Tori est sans garde, face à quelque chose. Uke s’approche, saisit le poignet de Tori qu’il tente d’entraîner. Après avoir bloqué le déplacement, Tori monte la main saisie en plaçant le pouce et l’index en fourche autour du poignet de Uke qui subit une luxation du pouce. Tori se déplace latéralement en déroulant son bras et ramène le bras de Uke vers l’avant.
Application : Shiho Nage. Points importants :
- à l’entrée : clé sur le poignet saisi
- avant la projection ; clé sur le poignet et le coude
- projection entre les pieds suivie d’une immobilisation
Te Hodoki Muna Dori
Points importants :
- mise en tension du bras de Uke
- Tori se place perpendiculairement à Uke et monte le bras intérieur à la verticale
- il pivote en sens inverse pour se dégager
Application : Hachi Mawashi.
Test : entrer de façon à déséquilibrer Uke sur son avant sans avoir besoin de porter la technique.
Pour un être conscient, exister consiste à changer, changer à se mûrir, se mûrir à se créer indéfiniment soi-même. (Henri Bergson)
Randori en cercle ou en ligne : apprendre à utiliser l’espace, à le percevoir en fonction des différentes situations, éviter le contre-pied dans l’enchaînement des O Irimi.
Le pardon libère l’âme, il fait disparaître la peur. C’est pourquoi le pardon est une arme si puissante. (Nelson Mandela)
ça vous colle des idées noires !
Quand le soleil de la culture est bas sur l’horizon, même les nains projettent de grandes ombres. (Karl Kraus)
Quoi, j’ai l’air de mauvaise humeur ? Un petit peu, peut-être, un tout petit zeste pour donner de la saveur à la quiétude... Je vous ai parlé de Lara ? Mon adorable chienne, Lara, petit labrador noir mâtiné de rottweiler ou de pitbull à moins que ce ne soit de boxer, on ne le saura jamais... Elle adore son maître, s’inquiète dès qu’il s’absente... et s’il se perdait ou s’il l’abandonnait... Alors, dès que je reviens, elle manifeste une joie considérable sous forme d’une course frénétique en forme de 8 dont je suis l’un des centres... 25 kilos, lancés à toute vitesse, ça déménage, je pratique le Tai Sabaki quand le bolide passe un peu trop près. Ce jour-là, j’ai négligé un Nagashi... Lara a mal évalué une courbe, elle m’a donné un bon coup de tête sur la face interne du tibia... Si elle avait été un peu plus petite, comme un caniche, ou un peu plus grande, comme l’était Betty, ce serait resté sans conséquences. Mais voilà, sa tête est juste à la hauteur d’un point sensible... alors j’y ai gagné un hématome de la taille d’un demi pamplemousse ! Et 3 mois de patience, jambe en l’air avec un sac de petits pois congelés sur l’hématome... Non, je ne suis pas grognon, juste un peu fatigué, j’ai l’impression que toute mon énergie s’évapore par l’hématome qui s’est heureusement bien réduit depuis 5 semaines.
Je ne parlerai pas, je ne penserai à rien : mais l’amour infini me montera dans l’âme. (Arthur Rimbaud)
Et Lara ? La sanction est terrible : de longues siestes sur le canapé avec son maître, de gros câlins qui durent, qui durent mais des promenades plus courtes, finies provisoirement les explorations sur le plateau, les grandes boucles dans la forêt. Il faut bien être sévère, parfois.
Sans l'autorité d'un seul, il y aurait la lumière, il y aurait la vérité, il y aurait la justice. L'autorité d'un seul, c'est un crime. (Louise Michel)
Avez-vous vu La forêt d’émeraude, un film de John Booreman, sorti en...1985 ? Il se passe dans la forêt amazonienne et des Amérindiens voient leur territoire peu à peu détruit par la construction d’un gigantesque barrage. Le chef de la tribu dit : « Si j’obligeais quelqu’un à faire ce qu’il n’a pas envie de faire, je ne mériterais pas d’être le chef... »
Je me fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui à qui je mens. (Montaigne)
