Dimanche 14 juillet 2013
Après un périple de plus de 1 600 km, par une lourde chaleur humide, ce fut bon de poser son sac à Lembrun, dans le charmant mobilhome planté au bord du lac, pouvant ainsi espérer bénéficier d'une lourde chaleur humide agrémentée par les zonzons des moustiques abondants et dynamiques en cette période de l'année et en cet endroit.
Cette année, l'accueil a pris sa place à l'entrée du domaine. Un panneau placé en travers du chemin nous incite à nous arrêter ici et maintenant et d'oublier nos habitudes ancestrales.
Marie et Charlène nous accueillent, sourire en avant et sont prêtes, comme d'habitude, à nous apporter toute l'aide raisonnable qu'un stagiaire raisonnable est susceptible de quémander.
Les bagages sont rangés. La lourde chaleur humide a mis en route la machine à suer. Je me réfugie sous la douche où je continue à suer. La serviette éponge n'éponge plus grand chose et je continue à suer.
Tant pis, même si ça me fait suer, je vais faire la tournée des arrivants. Monsieur 和 (Jean-Marc) arrive d'un pas martial et s'écrie : « Le Sensei te réclame ! ». Bigre. Déjà. En sueur comme je le suis, cette requête impérative me fait suer.
Je profite d'aller reporter la voiture au parking pour rendre visite au Sensei qui me délègue la tâche de le représenter au pot d'accueil. J'ai la tête tellement pleine de 1 600 km de routes et d'autoroutes que je ne suis pas certain d'avoir tout compris mais je fais comme si... D'ailleurs je ne suis pas certain que le Sensei se rappelle ce qu'il m'a dit !
Je retourne au centre culturel du domaine me rendre compte de visu de l'état d'avancement des déjà arrivés.
Certains se débarrassent de leur sueur dans l'eau de la piscine surchauffée par le liner noir.
D'autres ont déjà squatté les meilleures places au bar.
La délégation québécoise, fière de sa réputation et tenant à ne pas démériter a déjà atteint un état avancé...
Et puis, à 7 h a lieu la cérémonie de présentation des activités et des règles de vie dans le dojo Zen tout neuf et sous la férule bienveillante de Pierre. Il me donne la parole qu'il me reprend aussitôt, me laissant à peine le temps d'annoncer l'emploi du temps du lundi mais me privant de l'occasion de montrer mes talents d'orateur.
Tant pis. Pas grave, personne n'écoutait ! Alors, faute de mieux, nous sommes allés prendre l'apéro avant le repas du soir.
En début de soirée, les barflies se rendent au bar. Les geeks sont au clavier. Quelques amateurs de jeux de cartes jouent aux cartes. Tout ce petit monde attend que la température fléchisse de quelques degrés et que les moustiques se fatiguent pour aller se coucher et trouver le sommeil dans une lourde chaleur humide, bercé par les zonzons des moustiques insomniaques.
Lundi 15 juillet 2013
9 h / midi : pas trop chaud
Plus de 70 stagiaires se mettent en place, face au Sensei. Outre les autochtones venus du Nord-Ouest et du Sud-Est, de l’Est et du Sud-Ouest, on compte nombre de Belges, Canadiens, Mexicains, Moldaves, Néerlandais, Russes, Suisses, Tchèques... que je sois pardonné si j’en oublie.
Nous avons le plaisir tout particulier d'accueillir Roman, qui, grâce à la mobilisation de l'ensemble de la planète Aïkibudo, a pu venir de Moldavie se faire opérer à Paris. Il est présent sur le tatami, à la place des cadres mais, bien entendu, il ne pourra pas s'entraîner.
Après le mot d’accueil du Sensei, l’échauffement est pris en main par un cadre de l’Est qui a l’étrange particularité d’avoir la peau rouge.
Le Sensei reprend le groupe en mains avec une série de Tai Sabaki. Il porte son cours sur Nagashi pied avant. Il le fait (re) découvrir en 3 temps qui seront ensuite liés :
- translation du poids sur le pied avant
- effacement du bassin
- rotation.
À noter un défaut fréquent : un léger glissement du pied avant sur l’avant, Nagashi devenant un mauvais Irimi.
Puis il passe à l’étude de Tsuppari :
- Uke évalue la distance et pousse
- Tori entre pour rompre la distance et contrôle l’attaque
On constate la même action sur Choko Tsuki. Il faut beaucoup d’énergie pour effectuer cet exercice mais une forte masse musculaire n’est pas nécessaire. Le Sensei fait venir au centre Svetlana et Masha, 2 adeptes des pays de l’Est et de très petit gabarit. L’une des deux est opposée à l’immense Prema Svoboda... Qui résistera le mieux à l’assaut ?
Le Sensei explique que Tsuppari et Choko Tsuki, c’est la même chose : le coup est le prolongement du déplacement. Les mains sont dans le prolongement du corps comme dans la tenue du bokken. Démonstration :
- mauvaise esquive : Tori est bousculé
- bonne entrée de Nagashi pied avant : blocage de Uke
- idem plus canalisation : chute avant de Uke
Pendant la dernière partie du cours, les stagiaires jusqu’au 2e dan révisent les Kihon Nage. Les 3e dan et plus refont le dernier exercice sous forme de Randori.
17 h / 17 h 30 : très chaud
L’échauffement est dirigé de façon très originale par Julien qui semble très inspiré par la Kama Sutra. Aucune espèce de critique dans mes propos, il faut bien que chaque nouvelle génération trouve sa voie originale.
Daniel prend le cours en main et met en place l’étude de Tsuki Uchi no Kata. Il présente la phase Tsuki et la phase Uchi sera présentée par Paul-Patrick.
Le Sensei fera la synthèse en apportant toutes les précisions nécessaires.
À la fin du cours, le Sensei a tenu à repréciser qu’il fallait bien dissocier l’Art Martial, qui occupe toute une vie pour en atteindre les finesses et les sensations justes, de la self défense qui débouche sur une pratique violente et sans bénéfice pour l’élévation de la personne humaine. Un Art Martial exprime la personnalité d’un Maître. L’Aïkibudo, le Taïjitsu, le Yoseikan Budo ont la même origine, sont sortis du même creuset mais leurs finalités sont fondamentalement différentes.
Mardi 16 juillet 2013
8 h 30 / 11 h 30 : calme
Au salut, le Sensei fait remarquer que la mise en place est une forme de Zanshin : vigilance, perception de l’espace, emplacement juste.
L’échauffement est dirigé par le Sensei lui-même. Il reprend en éducatifs Nagashi pied avant puis Nagashi pied arrière. Ensuite il rappelle les éléments constitutifs de Tsuppari :
- classique : sans garde, grand Irimi
- avec garde : léger Irimi
- avec garde, Nagashi pied avant : c’est un Irimi sans avancer le pied.
Le cours est basé sur l’étude et l’application de Nagashi pied arrière. Il n’y a pas de blocage, mais simplement rotation du corps et canalisation.
Si on observe les applications sur Choko Tsuki :
- attaque sur pied avant : Nagashi pied avant avec blocage puis canalisation. Tori est proche de Uke
- attaque sur pied arrière : Nagashi pied arrière puis canalisation. La distance de contact est plus grande. Tori « casse » le bras avant par-dessus et soulève le bras arrière pour faire chuter Uke.
Le Sensei précise que la technique n’appartient à aucun Art Martial en particulier, c’est une invention de l’être humain. Les grands singes pratiquent la dissuasion afin d’éviter l’affrontement mais l’être humain est violent. Notre École apprend à maîtriser cette violence.
Pour faire comprendre l’exercice, le Sensei fait référence au Kihon Nage Shodan avec la forme Sode Tori Shiho Nage. Shiho Nage sera appliqué sur Tsuppari de façon analogue mais avec Nagashi pied arrière. La démonstration est faite par Daniel avec Mr Wa comme Uke, formes Irimi et Tenkan. Paul-Patrick et Mr Wa présentent Tenbim Nage.
À la fin du cours, le Sensei insiste sur le fait qu’on peut sans cesse travailler les fondamentaux, qu’il oppose aux bases sur lesquelles se construit l’apprentissage. Les fondamentaux, quand ils sont maîtrisés ouvrent vers l’application de toutes le techniques, inutile de chercher à emmagasiner tout un catalogue de techniques qu’on ne saurait appliquer dans le temps du mouvement.
Pour finir, toujours sur l’attaque Tsuppari, les stagiaires appliquent Koshi Nage avec Nagashi pied arrière.
17 h / 19 h 15 : sérénité
Julien persiste dans l'animation d'un échauffement partagé entre l'étrange et l'outrage (aux bonnes moeurs). L'ensemble des stagiaires paraissant satisfait, il n'y a aucun commentaire désobligeant à porter.
Le cours de l'après-midi est consacré aux Katas. Le Sensei précise que les Katas sont l'occasion de recentrer la forme de travail de tous les pratiquants, la technique ayant à diverger de la forme d'origine en fonction de l'éloignement, des difficultés rencontrées dans l'exécution de la forme fondamentale, de la recherche d'une « facilité ».
Il expose les éléments à mettre en place pour l'exécution des Katas :
- mise en sécurité de soi-même
- contrôle de l'attaque
- amenée au sol
- libération des mains après le verrouillage de l'immobilisation et atémi d'expression martiale.
Ce soir, application du Kihon Osae Waza. C'est l'occasion d'apporter des précisions tant aux débutants qu'aux plus expérimentés.
Je n'arrivais pas à trouver de conclusion quand Tipapoute m'a suggéré une joke qui fait beaucoup rire les Québécois : nous sommes tous une gang de tamalou...
Mercredi 17 juillet 2013
8 h 30 / 11 h 30 : la matinée de tous les dangers
Le troisième jour d'un stage étant celui où les risques de blessures sont accrus, l'échauffement est confié à Marc.
Le Sensei complète cette mise en condition par une série de Nagashi pied arrière en ligne.
Vidéo aimablement tournée par Daniel pour présenter à ses lecteurs un vieux pratiquant qui s'est levé avec la nuque raide et un genou en capilotade.
Ensuite il aborde l'étude de O Irimi : c'est d'abord un moyen de réduire la distance. Ce Tai Sabaki sera étudié sur Tsuki Jodan.
Sur attaque Tsuki Jodan, transfert du poids du corps sur l'avant, éventuellement avec un glissement du pied avant, contrôle puis déplacement.
Exercice sous forme d'esquive avec un partenaire
Application : Mukae Daoshi.
Pendant la dernière heure, les Yudansha travaillent Uchi Mata Gaeshi. Les Kyu sont confiés à votre serviteur. Mise au point des points précis concernant l'entrée, le contrôle, le déséquilibre :
- saisie à la nuque, Uke tourne, Tori enchaîne Mae Tobu Nage
- saisie à l'épaule, contrôle insuffisant, Uke part en avant : Ushiro Kiri Otoshi
17 h / 19 h : le cours de tous les risques, Kenjutsu
- Travail des gardes en ligne
- Suwari gedan : éducatifs Suwari -> Do
- Exercices debout : Men -> Ko Gasumi -> Do -> Ken Otoshi
- Défense à mains nues : Men -> esquive à 30° -> Do -> recul
applications : Mukae Daoshi, Kote Gaeshi, Shiho Nage
Jeudi 18 juillet 2013
Quelques fâcheux sur le départ ayant cru judicieux de faire le ramdam à partir d’1 h du matin, quitte à faire exploser la sono du bar et les tympans des dormeurs, on ne peut pas dire que c’était le grand beau au réveil. Tipapoute était tout magané. Heureusement, la couverture nuageuse avait préservé une agréable fraîcheur.
9 h / 12 h : fraîcheur (relative ...)
Sur le tatami, on compte des Jean-Marc qu’il a fallu numéroter pour les distinguer. Le Sensei a nommé Mr 和Jean-Marc 1 et le plus ancien et le plus méridional Jean-Marc 2 : c’est à lui que revient l’honneur d’un échauffement mené en fluidité.
Le Sensei fait travailler en ligne Hiraki Ashi. Ensuite, il passe à l’éducatif Nigiri Kaeshi sur lequel va se développer sur un premier temps Mukae Daoshi
De préférence, une technique s’effectue en rotation et pression (action des jambes).
Le Sensei fait une remarque sur la sécurité : les zones de travail sont délimitées par les tatamis rouges. En aucun cas on ne doit trouver d’objets durs en limite du tatami. Pendant les explications, les élèves sont assis en avant de la zone rouge de façon à laisser la place derrière pour se déplacer sans marcher pieds nus en dehors du tatami au risque d’y ramener des saletés venues de l’extérieur sous les semelles des chaussures.
Applications de Nigiri Kaeshi à la suite de Mukae Daoshi :
- Robuse Tenkan : la saisie du bras s’effectue à la fin de la rotation
- Neji Kote Gaeshi : garder Uke devant soi (rotation, traction)
- Shiho Nage : avec les 2 mains si Uke maintient sa saisie
- Tenbim Nage : engagement complet du corps
Le Sensei insiste sur la nécessité de travailler les éducatifs encore et toujours en leur donnant du sens : quelles techniques sont générées à partir de l’éducatif ? Après les éducatifs vient le travail sur les Te Hodoki qui apprennent à travailler sur la force fixée.
17 h / 19 h : c’est chaud
Le cours est partagé en 2 groupes : une option Katori Shinto Ryu et une option Aïkibudo.
Étude de Ken no Kata : les éléments du placement
- Uke Dachi : celui qui reçoit
- Kiri Komi : celui qui coupe
Ensuite,retour à la pratique à mains nues :
- un atelier self défense
- un atelier Sutémi
21 h / 22 h 30 : conférence sur l’histoire de l’Aïkibudo
Pour cela, je vous renvoie à mes articles :
- un petit pan de notre histoire
- nos racines.
Je ne saurais insister sur le fait qu’à la question, hélas trop fréquente : « Quelles différences y a-t-il entre l’Aïkibudo et l’Aïkido ? », je répondrais qu’il n’y a qu’une seule ressemblance : le port du Keikogi blanc et du Hakama bleu nuit. Cela dit, nous n’avons aucune origine commune tant sur le plan technique qu’historique.
Vendredi 19 juillet 2013
Étrangement, nous avons eu froid cette nuit.
9 h / 12 h : frais et fluide mais…
Xavier dirige un échauffement très académique et progressif. Étonnant, non ? Le tuyauteur aux mains d’acier serait-il accessible à la source d’une certaine sensibilité ? Normand donc pudique, il nous cachait cette facette de son côté humain.
Masha, Svetlana et Stéphanie nous démontrent Shiho Nage forme Omote sur Ryote Dori. Bien, dit le Sensei.
Le Sensei fait appel à 3 Yudansha... Bien. Bien, dit le Sensei.
Il fait appel à Mario et Martin, le meilleur du Québec et de la Tchéquie. C’est bien, dit le Sensei rassuré.
Il peut alors développer le concept de Te no Michibiki (voir l'article du même nom).
Les stagiaires entreprennent d’appliquer Shiho Nage forme Omote sur saisies et attaques de face.
Observation du placement des pieds offrant l’opportunité de Shiho Nage, Tenbim Nage et Hachi Mawashi. Les Yudansha y ajoutent Ashi Tori Taoshi.
Seconde partie du cours, les Kyu étudient le Kihon Nage Shodan et les Yudansha peaufinent le Kihon Nage Waza nidan.
Un regrettable incident ternit cette matinée, La petite Rachel s'est pris le pied dans le hakama de son partenaire en chutant. Je l'ai surprise surmontant sa douleur...
...gardant malgré tout son sourire radieux. On la voit ici transportée par des sauveteurs providentiels et généreux tout autant qu'ingénieux qui ont improvisé un brancard avec des Bo passés dans les jambes du Keikogi. Espérons que cette blessure n'entravera pas ses prochains projets.
17 h / 19 h : très, très chaud
Le cours est conscré à l'étude de Tanto no Kata et de ses applications techniques.
Nous nous plions ensuite de bon cæur à la tradition des photos de groupes.
Cliquez sur la photo pour la voir en grand format.
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La belle délégation de Haute-Normandie fidèle à Lembrun depuis... très longtemps (1979)
active sur le tatami et amie du Québec depuis 1989
La belle délégation du Sud Est.
et la non moins belle délégation québécoise.
La soirée d'adieux aurait été particulièrement torride mais nous ne disposons d'aucun document susceptible de dénoncer les plus torrides parmi les Yudansha impliqués...
