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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 17:56

CARPE DIEM (quam minimum credula postero)

« Cueille le jour présent et sois le moins confiant possible en l'avenir »

 

Cette citation, célèbre depuis la parution du « Cercle des poètes disparus », est l’objet d'une interprétation erronée. Alors qu’on lui donne un sens hédoniste : « Profite du jour présent », Horace nous incitait à savourer le présent sans toutefois récuser toute discipline de vie, dans l'idée que le futur est incertain et que tout est appelé à disparaître.

C'est donc une recherche de plaisir ordonnée, raisonnée, qui doit éviter tout déplaisir et toute suprématie du plaisir, une pensée plus épicurienne qu’hédoniste : l'épicurisme est axé sur la recherche d'un bonheur et d'une sagesse dont le but ultime est l'atteinte de l'ataraxie, la tranquillité de l’âme résultant de la modération et de l’harmonie de l’existence.

Et l’Aïkibudo dans tout ça ?

 carpe diem

 

Les quelques jours de soleil qui viennent de nous être généreusement offerts par dame nature ont été accompagnés d’une bise glaciale et n’ont pas suffi à dissiper les toxines hivernales.

Alors, ce mercredi, j’ai conduit mes courbatures au dojo avec l’intention de diriger un petit cours pépère. Des exercices d’esquives, O Irimi avec 2 partenaires. La mise en place d’une mécanique puis d’une stratégie et d’une sensation... C’est formateur pour les Kyu et ça remet les Yudansha « dans l’axe ». Sans fatigue excessive.

Comme d’habitude, un petit groupe se retrouve à 18 h pour un entraînement informel. Pierre, Jean et Jaffar se préparent au grade supérieur. J’initie Jocelyne aux Gogyo. Chut ! Techniques secrètes, réservées aux Yudansha de haut niveau... Ça m’amuse...

Ce soir, les Kyu brillent par leur absence. Heureusement, la petite puce blonde (il va falloir que je me rappelle son prénom !) est bien là avec un inconnu qui porte une ceinture blanche de Karaté. Sinon, je ne vois que de fidèles Yudansha. Mais mon Uke est absent... J’apprends qu’il s’est fait bobo à l’épaule en chutant à skis... Ça m’amuse... Pas par méchanceté mais parce que ça me rappelle deux anecdotes.

À l’époque où j’avais été convié chez les Zouaves pour participer aux opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en Algérie, le seul moyen d’obtenir un supplément aux 15 jours de permission légale était d’enterrer une grand-mère ou d’avoir une raison urgente de se marier. Que de grands-mères ont été inhumées en ce début des années 60 ! Certaines plusieurs fois ! Quant au mariage... procréer en dehors des liens sacrés du mariage était une catastrophe, une horreur, shame and scandal in the family ! Il fallait au plus vite solliciter une permission exceptionnelle pour « régulariser la situation ». La vieille baderne qui nous commandait avait dit à un brave bidasse qui souhaitait convoler en justes noces : « Quand on ne sait pas baiser, on n’a qu’à se branler... ».

Pardonnez-moi cette trivialité parce que je serais tenté de faire un parallèle et penser qu’un aïkibudoka qui ne sait pas chuter n’a pas besoin de faire du ski. Si j’étais une vieille baderne. Ce que je ne suis pas. Les galonnés qui ont vainement tenté de m’inculquer le sens de l’ordre et de la discipline propre à convertir un individu normalement cultivé en troufion basique pourraient vous le certifier.

Je ne vis pas pour être un esclave mais le souverain de mon existence*.

En fait, je pense plutôt que tout bon aïkibudoka peut se risquer sans crainte à ski sur toutes sortes de pentes, son sens et sa maîtrise de la chute devant le mettre à l’abri de mauvaises réceptions.

Je me suis risqué au ski alpin tardivement. J’avais 37 ans quand j’ai entendu le clac de mes premières fixations. Avec un sentiment d’urgence et boulimie, comme d’habitude.

Je suivais des cours le matin et je reprenais les mêmes itinéraires, seul, l’après-midi. J’ai vite progressé et, l’année suivante, je fus admis au cours 2 et me risquai sur les pistes noires. J’avais vite compris que, pour progresser rapidement, il fallait me placer dans les talons du moniteur et calquer mes mouvements sur les siens. Dès qu’il s’élançait, je bondissais derrière lui. Et à chaque fois, j’entendais le même glissement de skis derrière moi. C’était une jeune fille qui appliquait systématiquement la même stratégie que moi avec un tout petit cran de retard.

Un matin, le moniteur nous emmène sur un chemin de traverse, pentu, étroit, bosselé. Il saute une congère. Mes spatules s’y plantent. Plat ventre, nez dans la neige ! Double clac, comme un bruit de verre brisé. Je pense à mes lunettes. Double clac à côté de moi. Je reconnais la jeune fille, vautrée dans la poudreuse...

Nous avions déchaussé presque simultanément ! Nous avons sympathisé et décidé de nous entraîner ensemble l’après-midi.

Bien sûr, nous avons repris le chemin de traverse. Plus lourd que ma compagne, j’étais un peu plus rapide. J’abordai la congère avec détermination et... je m’envolai. Le chemin débouchait en tremplin sur une piste rouge. Un groupe s’était arrêté plus haut et s’exerçait aux dérapages. On me voit en vol plané, atterrir, perdre un ski, exécuter une belle roulade avant, me relever sur un seul ski, amorcer une courbe qui me fait remonter vers le ski perdu, rechausser et me redresser, bras levés, sous les applaudissements du groupe en délire (j’exagère un peu). Ma jeune compagne était pliée de rire à la sortie du sentier.

Et l’Aïkibudo dans tout ça ? Il apprend à déguster le miel du moment présent. « Mange, tu ne sais pas qui te mangera ! » nous disaient nos grand-mères. Je me doutais bien que ma carrière de skieur ne durerait pas des décennies et que je devais profiter avec gourmandise de ces moments magiques.

Toujours est-il que, mercredi, j’avais un cours à donner et qu’il me fallut désigner un nouvel Uke. Le couperet tomba sur Jean, un grand garçon qui me paraît souple et tonique. En fait il se révéla complexe, un mélange de laxité et de raideur qui me contraignit à de nombreuses démonstrations imprégnées de détermination avant de parvenir à la pratique fluide que je préconise. Doux euphémisme pour dire qu’il m’a fallu être fermement persuasif...

Le chemin à parcourir est plus intéressant que le but à atteindre. La technique est la cendre du mouvement. Cet aphorisme n’est pas de moi mais j’aime bien le citer.

Peu importe ce qu’on pourra vous dire, les mots et les idées peuvent changer le monde*.

Ce chemin est cabossé et plein d’embûches. Mes bons élèves étaient tout escagassés à la fin du cours. Mais heureux. CARPE DIEM.

Quand je suis arrivé chez moi, traînant lamentablement le poids des ans et de 2 heures de cours, ma femme me dit, avant que j’aie le temps d’ouvrir la bouche : « Si tu voyais les autres, ils sont tout cassés ! ».

J’ai été insensible à cette tentative de raillerie. On ne vit qu’une fois. Et encore !**

 

Et ne pas, quand viendra la vieillesse, découvrir que je n’avais pas vécu*.

 

*citations « Le cercle des poètes disparus »

** citation de Marcel Achard

 

 

 

FICHE TECHNIQUE : O IRIMI, du mouvement à la technique

 

Le Tai Sabaki

- même garde : Tsuki Chudan

Entrée extérieure, contrôler l’épaule opposée et le bras qui attaque, blocage en Kiba Dachi

- garde inversée : Tsuki Chudan

Entrée intérieure, contrôle de la nuque et du bras qui attaque, blocage genou extérieur au sol

- même garde : Tsuki Jodan

Avancer le pied avant en contrôlant l’attaque (Shinogi), enchaîner O Irimi en crochetant le bras de Uke par en dessous, entraîner Uke avec un armlock.

Éducatif : au lieu d’entraîner avec l’armlock, porter un coup de coude dans le dos (n’est possible que si le pivot est suffisant)

- garde inversée : Ura Yokomen Uchi

Avancer le pied avant en contrôlant l’attaque avec la main derrière le coude, doigts dirigés vers le visage de Uke. Le pied arrière rattrape le pied avant, rotation en contrôlant la  nuque de Uke, blocage en Kiba Dachi.

 

Applications techniques

- même garde : Tsuki Chudan

Entrée extérieure, contrôler l’épaule opposée et le bras qui attaque, renverser Uke en relevant son menton, Ushiro Kata Otoshi

- garde inversée : Tsuki Chudan

Entrée intérieure, contrôle de la nuque et du bras qui attaque par l’extérieur, Ushiro Kata Otoshi

Entrée intérieure, contrôle de la nuque et du bras qui attaque par l’intérieur, retour autour du bras saisi en O Irimi (attention, entrée particulière), Kataha Otoshi

- même garde : Tsuki Jodan

Avancer le pied avant en contrôlant l’attaque (Shinogi), enchaîner O Irimi en crochetant le bras de Uke par en dessous, entraîner Uke avec un armlock, repasser sous le bras de Uke, porter Yuki Chigae sur le poignet.

- garde inversée : Ura Yokomen Uchi

Avancer le pied avant en contrôlant l’attaque avec la main derrière le coude, doigts dirigés vers le visage de Uke. Le pied arrière rattrape le pied avant, rotation en contrôlant la  nuque de Uke, repartir comme Hachi Mawashi

 

Randori

 

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homme-53.gif
Étant très curieux de nature, je suis allé voir ce qui s'y passe et, comme j'ai des idées très originales, j'ai lancé une recherche sur Aïkibudo. Et que croyez-vous qu'il se passa? J'ai trouvé un fichier intitulé Aïkibudo, tradition et évolution et il s'agit bien du contenu de notre cassette.
Alors, pensez-vous qu'il soit raisonnable d'investir beaucoup, beaucoup d'énergie et de moyens financiers pour éditer un document dont le contenu sera aussitôt en libre-service chez la Mule?