Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 15:54

Avant 1973, cohabitaient sur le territoire français, sous l’appellation Aïkido, trois groupes. Deux avaient un statut officiel au sein de la Fédération Française de Judo et Disciplines Associées (FFJDA) : le groupe dit « Mochizuki » (Aïkido-Jujutsu du Yoseikan qui n'était pas de l'Aïkido, Hiroo Mochizuki et Alain Floquet) dont nous sommes les héritiers et le groupe dit « Ueshiba » (Aïkido de l’Aïkikaï, André Nocquet). La troisième, hors fédération, était l’Association Culturelle Française d’Aïkido (ACFA, également Aïkido de l’Aïkikaï, Nobuyoshi Tamura).

En 1973, Le président de la FFJDA, M. Pfeiffer, décida d'unifier l’Aïkido... Le 1er décembre, trois cents représentants des clubs d’Aïkido français furent convoqués à l'Institut National des Sports pour une réunion d'information présidée par M. Pfeiffer qui annonça qu'il n'y aurait désormais plus qu'une seule méthode d’Aïkido, celle de Nobuyoshi Tamura. Devant les protestations, il annonça très diplomatiquement que ceux qui n'étaient pas contents n'avaient qu'à se plaindre auprès de Mochizuki et Nocquet qui avaient signé le nouveau programme ou s'en aller. Ce que fit immédiatement une fraction du groupe Nocquet qui alla se réfugier dans la Fédération Française d’Aïkido.

Jigoro Kano, le fondateur du Judo, avait compris l'intérêt du Budo traditionnel. Il encourageait ses élèves à étudier d'autres Arts Martiaux. C'est pourquoi il créa, en 1928, le Kobudo Kenkyukai, Organisation pour l'Étude et la Recherche sur les Arts Martiaux Anciens. Minoru Mochizuki en fut l’un des membres. Il  eut ainsi la grande chance de pouvoir étudier le Kobudo du Katori Shinto Ryu avec un groupe de Shihan du début du XXe siècle et l'Aïki-Jujutsu au Kobukan, auprès du Maître Morihei Ueshiba.

Alain Floquet songeait depuis longtemps à créer une institution analogue pour notre Art : l’Aïkido Kenkyukaï, qu’il traduisit en Cercle d’Études et de Recherches sur l’Aïkido, dont l’acronyme serait CERA. Claude Jalbert, Alain Floquet et moi, nous avons commencé à nous rencontrer régulièrement afin de tenter de reconstituer le défunt groupe Yoseikan. Le 19 juillet, nous pouvions publier les premières moutures des statuts.

Nous avons consacré le premier trimestre de la saison 1974/1975 à la mise sur pied du CERA. Nous avons diffusé auprès de personnes « sûres » les avant-projets de statuts et nous avons constitué le bureau.

Le 11/12/1974 à vingt heures cinquante, au restaurant « Françoise », à la gare des Invalides, naissance officielle du CERA : nous paraphons les documents.

En 1976, nous nous retirons de la FFJDA et nous rejoignons le groupe Nocquet à la FFAD qui deviendra CFAMT puis FFAMT puis FFAK. Dès lors, Claude Jalbert et Hervé Villers entreprirent un long travail de concertation avec l’Union Nationale d’Aïkido (FFJDA) pour aboutir à la fondation de la FFAAA en 1983.

Maître Alain Floquet raconte : « Le 19 mai 1982, lors d’un stage que nous avions organisé à Paris avec les Sensei Mochizuki Minoru, Sugino Yoshio, Torigai Yoshi, l’UNA FFJDA organisa en l’honneur de Mochizuki Sensei, dans les salons de l’hôtel Maillot, un cocktail auquel je fus invité. Sur place, je retrouvais Minoru Mochizuki Sensei, Hiroo Mochizuki Sensei, Tamura Nobuyoshi Sensei, le président de l’UNA, diverses autres personnalités. À un moment, Mochizuki Minoru Sensei m’interpella et l’on se réunit autour de moi. Là, il me dit : « Alain, ce que tu fais, ce n’est pas de l’Aïkido. Il faut changer le nom. » Il propose alors « Yoseikan Budo ? ». Bien sûr, Hiroo Mochizuki Sensei et moi répondons spontanément et en écho : « Non, ce n’est pas possible ! ». Le Sensei propose alors Aïki-Jujutsu. Ma réponse est : « Non, ça ne va pas ! », et nous échangeons sur ce sujet. Je dis alors : « Ce qui correspond à ce que je fais, c’est Aïkibudo. » Mochizuki Minoru Sensei répondit : « C’est bien. » puis les autres Sensei présents répondirent l’un après l’autre : « C’est bien ». Dont acte, dès cet instant, ma pratique et l’art qui en découlait prenaient officiellement le nom d’Aïkibudo. »


Le Cera est né officiellement le 11 décembre 1974. L’Art de Maître Alain Floquet prit le nom d’Aïkibudo le 19 mai 1982. Les 8 et 9 décembre 2014, la planète Aïkibudo fêtait les 40 ans du Cera et assistait, larmes aux yeux, à la remise du diplôme de 9e dan par Hiroo Mochizuki Sensei à Alain Floquet Sensei.

Ce matin du 8 novembre, avec Pierre Lecat au volant de son beau pickup, nous nous dirigions vers l’INSEP. C’est avec à la fois consternation et plaisir que nous avons vu la longue queue de voitures qui patientaient à l’entrée : un gardien contrôlait sur une très longue liste l’identité des arrivants.

À l’entrée du Dojo, c’est en voyant une nouvelle queue qui se prolongeait loin à l’extérieur que nous avions décidé, Alain Roinel et moi, de patienter à l’écart quand Frédéric Floquet est survenu et nous a conduits à travers la foule en direction de notre quartier réservé des VIP.

C’est devant 350 stagiaires que Maître Floquet a inauguré la première matinée de ce stage anniversaire qui rassemblait toutes les régions de France, la Belgique, la Hollande, l’Italie, le Maroc, la Moldavie, la Pologne, le Québec, la Russie, la Suisse, la Tchéquie... pardonnez-moi si j’ai oublié un pays !

Les stagiaires se mettent en place, suivant les indications de Daniel Dubreuil, Directeur Technique National Adjoint, 7e dan d’Aïkibudo et 7e dan de Katori Shinto Ryu.

Aux côtés de Maître Floquet, légèrement en retrait, Alain Roinel, 7e dan, son plus ancien disciple. Un premier rang de 7e dan me voit accéder en tête du 1er rang. Derrière, une longue rangée de 6e dan puis encore un rang constitué des 5e dan. En face du Maître, les imposantes rangées de stagiaires...

Le cours a pu commencer à 10 h, quand le dernier stagiaire a été inscrit auprès de l’administration. Je ne saurais vous décrire le contenu de ce premier cours. Trop de choses se sont produites, trop d’images se télescopent, trop d’émotions vibrent encore à fleur de mémoire.

Parmi les concepts qui caractérisent notre École, il y a l’amitié, la transmission, le partage aussi puis-je avec certitude vous affirmer que les stagiaires de tous niveaux se sont répartis du 7e dan au 3e kyu pour pratiquer Nigiri Kaeshi, sans souci d’âge, de grade ni de nationalité.

À la fin de ce premier cours, le Sensei a remis les diplômes de 5e dan établis par la Fédération Internationale d’Aïkibudo (FIAB).

Une des caractéristiques de Maître Floquet est la générosité. Ce qui le conduit généralement à généreusement dépasser les horaires imposés. Ce qui fait que la pause déjeuner se trouve d’autant réduite. Pas de sieste au programme pour votre serviteur !

Le cours reprend de 14 h à 17 h. Au programme, le Katori Shinto Ryu et le Gen Ryu no Kata. La pratique des armes est partie intégrante de notre Art. Les Kata de Katori Shinto Ryu, Ken Jutsu, Bo Jutsu, Naginata Jutsu sont intégrés dans la progression de l’Aïkibudo.

À la fin du cours, premier grand moment d’émotion, Hiroo Mochizuki Sensei vient d’arriver. Une émotion partagée par ceux qui le connaissent comme par ceux qui voient pour la première fois cet homme quasi légendaire qui a été le professeur de notre Sensei.

Le second grand moment d’émotion, c’est la remise des Grades de Haut Niveau, décernés par la FIAB, d’abord les 6e dan puis les 7e dan. Les diplômes étant décernés par ordre alphabétique, je suis appelé le dernier, comme depuis toujours, à l’école, pour les examens... « Tu as l’habitude ! », me dit le Sensei qui précise que si je suis le dernier je ne suis ni le moins valeureux ni le moins ancien. J’aurais pu en effet aussi fêter mes 50 ans sur la Voie des Arts Martiaux.
 Le Cera a 40 ans

Le Cera a 40 ans Le Cera a 40 ans

 

Le Cera a 40 ans

 

Il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va. (Sénèque)

 « Mmm... Sensei André, s'agissant des décorations, Sir Winston Churchill conseillait trois choses : ne pas les chercher, ne pas les refuser, ne pas les porter... - Tu l'as dit, petit cloporte, mais moi, je ne fume pas le cigare. Et j'avais dit à not' bon Sensei que si je recevais cette "décoration" à titre posthume, je ne suis pas certain que j'y prendrais grand plaisir... Après tout, ne suis-je pas encore vivant, petit lucane ? - Certes, Sensei André, encore un peu et comme disait Léon Tolstoï : "Si vous voulez être heureux, soyez-le !" - Tu l'as dit, bouffi... »

Le Cera a 40 ans

Je n’ai pas fini d’utiliser le mot émotion pour décrire cette journée. Les yeux ont parfois été très brillants d’une humidité contenue, les rires libérateurs ont pris le relais, pas de place pour l’indifférence devant la hauteur des événements.

À 17 h 30, place aux talents régionaux, à l’imagination, à l’humour : ce sont les démonstrations offertes au regard attentif de nos deux « O Sensei » et à l’admiration des spectateurs.

Le Cera a 40 ans

Notons parmi tant d’autres talents le pugilat des marins provençaux et la truculence des Lorrains : un promeneur bien décidé à préserver sa baguette de pain et un gendarme féru d’ordre et de rangement mettent à mal un groupe de malfrats qui auraient mieux fait de tenter leur chance ailleurs !

Le Cera a 40 ans

Le Cera a 40 ans

Le point d'orgue fut la démonstration des Gogyo no Tachi par Maître Alain Floquet et son fils Frédéric. La lumière qui nimbe le Katana du Sensei est symbolique de l'enthousiasme émanant de tous ceux qui ont vécu l'événement...

Le Cera a 40 ans

À 19 h, nous nous dirigeons vers la salle 1900 pour le « cocktail ». Devant l’assemblée attentive, ce sont d’abord les discours. Jean-Marc Papadacci, président du Cera, situe l’Aïkibudo dans l’histoire des Arts Martiaux. Loris Pétris, président de la FIAB, enrichit de citations son évocation des valeurs de l’Aïkibudo, il explique que les hommes tels que Alain Floquet et Hiroo Mochizuki sont des créateurs, des poètes au sens littéral du terme. Alain Roinel, président du conseil des Kodansha, rend hommage avec humour à toutes les « petites mains » qui ont permis que cet événement ait lieu.

Le Cera a 40 ans

Puis Alain Floquet prend la parole pour remercier les orateurs. Il tient encore à décerner une distinction : la Tsuba d’Or qu’il a fait réaliser à partir de bagues qu’il a confiées à l’orfèvre. Il la remet à son épouse, Jacqueline, qui a rempli pendant toutes ces années un rôle peu gratifiant de secrétaire. Il la remet également à Alain Roinel, son plus ancien disciple.

Loris Pétris annonce l'élévation d’Alain Floquet Sensei au grade de 9e dan. Le diplôme lui sera remis par Hiroo Mochizuki Sensei qui réclame la parole. Il tient à exprimer son émerveillement pour Alain Floquet qui a créé un Art parfaitement abouti, le plus abouti des Arts actuels. Il dit qu'à chaque génération un homme apporte son talent pour transformer un Art en le faisant grandir. Lui-même a transformé l’Art de son père. Alain Floquet a fait de même. Hiroo Mochizuki tient à dire combien il admire Alain Floquet pour l’Art qu’il a créé et pour le talent de ses pratiquants.

Le Cera a 40 ans

Ensuite, il appelle Alain Floquet pour lui remettre le diplôme de 9e dan. Il est venu d’Aix en Provence spécialement pour cette cérémonie. Il a tenu à faire lui-même cette remise. Il est aussi ému que son ami.

Le Cera a 40 ans

Le Cera a 40 ans

C’est bien sûr une ovation pour ces 2 grands Maîtres. Quelques mouchoirs ont dû essuyer des larmes qui n’ont pas pu se contenir.

Oserais-je dire que nous, les anciens, les Kodansha, ça fait 10 ans que nous attendions cette reconnaissance. En 1993, Minoru Mochizuki Sensei avait mis le nom d’Alain Floquet sur la liste des Menkyo Kaïden, à côté de celui de son fils, Hiroo. Ce grade nous honore tous. Il est notre reconnaissance, il nous appartient, un petit peu.

Hiroo Mochizuki l’a bien dit : « Que serait un grand Maître, haut gradé, seul dans son Dojo ? ».

Le Cera a 40 ans

Le Cera a 40 ans

Cofondateur du Cera, je suis un des plus anciens compagnons d’Alain Floquet Sensei. De nombreux stagiaires, qui n’ont pas pu s’approcher du Maître, sont venus me remercier pour le Cera, pour la fête, me féliciter pour le 7e dan. Je m’en suis défendu car je manque encore d’humilité : bien sûr que je leur dois tout à ces stagiaires, à ces élèves que j’ai formés. Un artiste sans public a-t-il vraiment du talent ?

 

http://ekladata.com/MxAk9JyEZAE74zNYoRutp2wFE_g.jpg

« Méli-mélo » de photos et vidéos : cliquez ici

 

Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

6e dan 2F3A 1991

7e dan FIAB 2011

2e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

mort-de-rire-copie-1.gif

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

mort-de-rire

Pas de vidéos des démos, j'étais trop pris par le spectacle. Rien que des photos picorées ici et là et recadrées... Je n'ai pas voulu faire subir aux vidéastes la goujaterie que j'ai subie moi-même après les « 30 ans...». S'il plaît à leurs auteurs de me confier leurs vidéos pour illustrer ce compte-rendu, je leur donnerai la place qu'elles méritent avec le plus grand plaisir.

 

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 09:33

 

Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne alors qu'il réside dans la façon de la gravir. (Confucius)

Ce soir, ils sont 12 sur le Tatami. Jeannot est revenu, un peu mâché, un peu inquiet à l’idée d’offrir son grand corps douloureux à la rudesse du Tatami. Mélanie, toute frétillante à l’idée que je pourrais encore lui proposer de diriger l’échauffement. Sébastien, impatient, guettant d’un œil humide, le signal qui le fera venir au centre bénéficier des baffes magistrales. Guillaume, rongeant son frein dans les embouteillages, quelque part entre Créteil et le rond-point des vaches... Le tatami a l’air presque plein !

 

Le succès ne consiste pas à ne jamais faire d'erreurs, mais à ne jamais faire la même deux fois. (George Bernard Shaw)

Bilan du cours du 5 novembre 2014

Devinant son enthousiasme, je me sens obligé de proposer l’échauffement à Mélanie. De toute évidence, elle n’a pas révisé la fiche de préparation, je prends donc en mains une série de pompes (sur les doigts tendus, sur les poings fermés, en portant des atémis sur le Tatami) et d’abdos (rétropédalage, pédalage, jambes jointes tendues puis repliées…) qui me persuade que la condition physique est perfectible

 

Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve. (Antoine de Saint-Exupéry)

Bilan du cours du 5 novembre 2014

Je ne résiste pas au regard suppliant de Sébastien que j’invite à me rejoindre. Le thème du jour se développera autour de Ryote Dori, 両手取り(両手 : 2 mains, 取り : prendre).

Nous commençons par l’éducatif Oshi Kaeshi 押し 返し (押し : pousser, 返し : renverser )

- forme statique : les 2 partenaires sont en même garde. Tori place ses mains en supination sur les poignets de Uke qu’il amène à ses hanches avec un retrait du bassin puis il repousse en plaçant ses mains en pronation, bras de Uke dans le prolongement de ses épaules. Il rapproche les mains comme pour étrangler Uke.

- forme dynamique : Tori fait reculer Uke en glissant le pied avant vers l’avant, il ramène le pied arrière et continue sa poussée. Il se déplace en Tsugi Ashi 継ぎ足  (継ぎ : sauter, glisser,  : pied, pas)

 

Le mépris est la forme la plus subtile de la vengeance. (Baltasar Gracian y Morales)

Bilan du cours du 5 novembre 2014

Te Hodoki : la forme étudiée est celle avec un dégagement latéral pour s’écarter de l’axe de Uke. Tori centre la main extérieure en bloquant les doigts de Uke contre son sternum. Sa main intérieure se glisse dessous et bloque le poignet de Uke. Rotation du bassin, contrôle du poignet puis du coude, atémi dans la côte flottante.

 

Écrire est un acte d'amour. S'il ne l'est pas il n'est qu'écriture. (Jean Cocteau)

Bilan du cours du 5 novembre 2014

Première application : Robuse avec immobilisation forme Tenkan. Amener le poignet à la hanche et appuyer sur le coude en transférant tout le poids du corps sur la jambe intérieure, rotation autour de cette jambe jusqu’à ce que Uke soit à plat ventre, placer le genou intérieur sur son épaule. Le talon avant peut venir se placer contre le trapèze de Uke de façon à tester l’équilibre... Attention, si vous le perdez, cet équilibre, Uke n’appréciera vraiment pas !

 

Le temps s'écoule sans faire de bruit. (Gabriel Garcia Marquez)

Bilan du cours du 5 novembre 2014

Seconde application : Kote Gaeshi. Amener le poignet à la hanche, enrouler les doigts sur les doigts de Uke, porter Kote Gaeshi avec une poussée descendante (idée d’un coup de poing sur l’épaule). Immobilisation en passant derrière la tête

 

La vertu est le juste milieu entre deux vices. (Aristote)

Bilan du cours du 5 novembre 2014

Initiation à la distance Ma : exercices sur la sensation de Oshi Kaeshi

- même garde : reculer quand Uke avance, contrôle comme Oshi Kaeshi, rotation du bassin, projection

- même garde : avancer quand Uke avance, O Irimi, renversement du déséquilibre, projeter en avançant la jambe extérieure (rester face à Uke)

 

L'idéal de la vie n'est pas l'espoir de devenir parfait, c'est la volonté d'être toujours meilleur. (Ralph Waldo Emerson)

Bilan du cours du 5 novembre 2014

Nous approchons de la fin du cours, il est plus que temps de passer au Randori. Il faut pratiquer au moins 1/4 d’heure de Randori à la fin de chaque cours. Ils permettent d’une part aux élèves de se libérer de leurs tensions et, d’autre part, au le professeur de noter les erreurs. Ci-dessus on note une série d’erreurs : Uke n’assure pas sa saisie, la main basse de Uke est inopérante et il entre avec la mauvaise jambe. Il y a probablement une confusion avec une sorte de Koshi Nage. Les débutants, qui n’ont pas d’a priori, ne commettent pas ces erreurs.

 

 

 

 

Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi, ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voulaient le contraire, et l'immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire. (Confucius)

Boaf, du moment qu’on y prend un plaisir partagé, c’est toujours ça de gagné, n’est-il pas ?

 

Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

6e dan 2F3A 1991

7e dan FIAB 2011

2e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

mort-de-rire-copie-1.gif

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

mort-de-rire

 

 

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 17:24

 

Tout homme ou institution qui essaiera de me voler ma dignité perdra. (Nelson Mandela)

Vacances de la Toussaint... A priori, ce sont les enfants qui sont en vacances. En fait, il y avait ce soir vacance d’un certain nombre de « pratiquants ». Jeannot continue à se remettre doucement, Guillaume avait un rendez-vous, ils ont eu la courtoisie de me prévenir. Silence radio pour Sébastien et Khamel. Je vais manquer de costauds, je vais donc revenir à des formes plus fluides mais plus difficiles à percevoir. Nous verrons peu de formes techniques mais elles seront longuement affinées jusqu’à ce qu’elles soient ressenties. Je prends un risque avec les débutants.

 

Les gens heureux croient toujours avoir raison. (François de La Rochefoucauld)

Bilan du cours du 22 octobre 2014

Seulement 7 élèves ont choisi de partager ce moment en ma compagnie. Pas facile, il faut que les plus anciens puissent apporter leur expérience aux débutants tout en y trouvant leur compte.

Ce soir, Mélanie n’échappera pas à la direction de l’échauffement et ensuite elle sera le (la ?) meilleur (e ?) Uke possible. Palsambleu, est-il politiquement correct de dire « le meilleur Uke » pour une femme ? Ne vais-je pas m’attirer des foudres de je ne sais où, je ne sais de quel bord ? Paisible anarchiste, ne vais-je pas être taxé de conservatisme, voire d’être sympathisant de la manif pour tous ? Anarchiste traditionaliste : amusant oxymore que je revendique, finalement, pour faire la nique aux crétins qui ignorent tout de sa signification originelle.

 

L'on perd bientôt sa route à chercher trop de voies. (Constantÿn Huygens)

Bilan du cours du 22 octobre 2014

Bilan du cours du 22 octobre 2014

C’est donc Mélanie qui dirige l’échauffement avec passion, comme d’habitude et, surtout, cette subtile propension à interpréter librement la « fiche ». Un peu de fantaisie dans ce monde rigoureux !

 

Il y a beaucoup de gens dont la facilité de parler ne vient que de l'impuissance de se taire. (Savinien Cyrano de Bergerac)

Bilan du cours du 22 octobre 2014

Ce soir, nous étudions Ryote Ippo Dori. 両手一本 取り (両手 : 2 mains, 一本 : unique, 取り : prendre). En ce qui concerne l’étude du Te Hodoki, il faut considérer que cette saisie est constituée de Jyunte Dori (centrer puis dégager) + Dosokute Dori (dégager la main ou reprendre le poignet de Uke)

 

Notre tête est ronde pour permettre à la pensée de changer de direction. (Francis Picabia)

Bilan du cours du 22 octobre 2014

Nous allons appliquer les techniques sur l’action de type Jyunte Dori. Le premier exercice apprend à contrôler Uke.

Entrer en centrant, renvoyer vers l’avant en amenant la main à la hanche, pincer le coude pour obliger Uke à poser la main au sol.

 

Et si on essayait d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple. (Jacques Prévert)

Bilan du cours du 22 octobre 2014

Bilan du cours du 22 octobre 2014

La finalité est l’application de Robuse : il s’agit d’immobiliser Uke à plat ventre. Pour cela, il faut le conduire au sol en « vissant » le coude (une translation permet à Uke de s’échapper avec une roulade)

 

La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie. (Sénèque)

Bilan du cours du 22 octobre 2014

Il faut, comme d’habitude, pointer les réflexes conditionnés :

  • Atémi inutile dans le sens de l’exercice proposé
  • Kiaï « à l’envers » : déformation due à la pratique de Daïto Ryu. Le Kiaï se pousse au moment de l’impact, pas après avoir relevé le bras ! À la fin de Itsutsu no Tachi, je ne crois pas me rappeler que Ukedachi pousse son dernier Kiaï en relevant son Bokken comme s’il rebondissait !

 

La vie n'est pas le travail : travailler sans cesse rend fou. (Charles de Gaulle)

Bilan du cours du 22 octobre 2014

Bilan du cours du 22 octobre 2014

La projection va être étudiée selon 2 approches :

  • en distance Chika Ma : l’entrée se fait comme pour Robuse mais on effectue une « translation » en appuyant sur le coude
  • en distance Ma : Uke est entraîné grâce à un Nagashi pied avant qui permet d’entrer Ura Ude Nage. La vidéo permet d’observer les difficultés auxquelles peuvent se heurter les débutants, notamment la confusion entre les 2 entrées.

 

 

En province, la pluie devient une distraction. (Edmond et Jules de Goncourt)

Bilan du cours du 22 octobre 2014

Vers le Wa no Seishin : il faut offrir une grande amplitude (180°) au Nagashi pied avant qui est suivi d’une grande rotation du bassin (analogie avec la fronde). Le Chika Ma apprend à placer sa force et à contrôler la force de Uke. Ce dernier exercice permet de sentir comment utiliser ces forces dans le canal de la fluidité.

Là encore, la vidéo permet de noter les erreurs (ce n’est pas toujours le bon genou qui descend) dues essentiellement à une rotation insuffisante du bassin.


C'est en essayant encore et encore que le singe apprend à bondir. (Proverbe africain)

Bilan du cours du 22 octobre 2014

Randori : 2 groupes sont formés. Les débutants seront autonomes. Je m’occupe des 2 futurs candidats au Shodan assistés de Mélanie.

J’aime le Randori « à 3 » qui oblige Tori à agir rapidement et à se placer correctement. Les rôles s’enchaînent pendant 10 minutes, finissant par révéler une grosse fatigue. Et démontrant qu’on est capable de tenir 10 minutes d'un Randori plutôt intense. La fluidité des formes a permis au corps d’évoluer sans peine, il ne reste plus qu’à apprendre à respirer.

 

Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

6e dan 2F3A 1991

7e dan FIAB 2011

2e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

mort-de-rire-copie-1.gif

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

mort-de-rire

 

 

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2014 4 09 /10 /octobre /2014 18:52

 

Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu'un d'autre de sa liberté. L'opprimé et l'oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité. (Nelson Mandela)

Bilan du cours du 8 octobre 2014

Bilan du cours du 8 octobre 2014

Et voilà. Après une belle période de beau temps, de soleil « rayant, clair et beau », de températures clémentes, c’est-à-dire basses, toniques et accompagnées de rosée au petit matin puis chaudes et relaxantes l’après-midi, revoilà le vent, le crachin, les averses, le temps morne et inconfortable qui, malgré les 20° affichés dans la maison, donne envie d’allumer le feu...

Dormir, somnoler, avoir tant à faire, avoir envie de ne rien faire : « Vous déprimez, Sensei André ? - Non, petit hanneton, même pas envie... Seulement besoin de lumière. - Il suffit d’appuyer sur l’interrupteur, Sensei André ! - Mais non, stupide petite coccinelle, je parle de la vraie lumière, de ciel limpide, de soleil triomphant, de nuit étoilée ! »

Mon naïf disciple en reste coi et j’en étais là ce mercredi après-midi avant de partir pour mon cher club, toujours prêt à procrastiner : je crois que c’est dans la nature des myopes, ce besoin impératif de lumière pour se décider à agir.

 

Être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. (Nelson Mandela)

Bilan du cours du 8 octobre 2014

« Tu as l’air bien, m’a dit Guillaume à la fin du cours - C’est la magie du Tatami, on ne sent plus rien, le temps d’un cours, mais le lendemain... »

Cette petite conversation résume tout : un cours appréhendé comme un spectacle. Capter l’attention, distraire, instruire, éduquer avec la complicité d’un partenaire assez fluide pour percevoir les intentions. Si les spectateurs sont intéressés, ils deviennent demandeurs puis acteurs eux-mêmes et ainsi le groupe échange et s’enrichit et s’épanouit jusqu’à l’apothéose et le retour à la réalité devenue plus lumineuse.

En fait, je suis arrivé sur le parking presque en même temps que Stéphanie. Un sourire et c'est reparti...

 

Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé. (Nelson Mandela)

Bilan du cours du 8 octobre 2014

Ils sont 10 sur le Tatami. Jeannot est en petite forme et Mélanie est absente, la vilaine, probablement parce que c’est son tour de diriger l’échauffement ! Et 2 débutants, pourtant déjà fidèles, manquent aussi à l’appel.

Guillaume dirige l’échauffement et, déjà, j’ai l’impression que le grand Tatami est très occupé. Je suis toujours agréablement impressionné par cette concentration, cette attention, ce désir d’apprendre avec bonne humeur. Le sourire est toujours prêt à illuminer les visages.

Comment ne pas offrir un bon spectacle à un si bon public ?

 

Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de la haine, des préjugés et de l'étroitesse d'esprit. (Nelson Mandela)

Bilan du cours du 8 octobre 2014

Sébastien, qui revient de chez le coiffeur, est très présentable. Comme il est grand, souple et fort, il devient éligible au rôle de Uke.

L’objectif de mon cours est d’abord de continuer à étudier les Te Hodoki pour inscrire dans le corps la sensation du placement de la force et de sa canalisation.

Le Te Hodoki débouche sur le travail en Chika Ma. Le dégagement est modifié car si le Te Hodoki a pour but de se dégager et se conclut avec un atémi, le Chika Ma apprend à contrôler l’adversaire pour permettre l’application d’une technique.

Je rappelle que l’Aïkibudo se pratique dans le mouvement. Il va apparaître avec la distance Ma. Te Hodoki et Chika Ma sont les gammes et les arpèges qu’il faut monter et descendre avant d’être capable d’interpréter puis d’improviser : oserais-je suggérer une analogie entre un Randori et un « bœuf* », jam session pour les amateurs de Jazz ?

L’accent est porté sur la mise en place « circulaire » de l’atémi. Le dégagement de la main entraîne une rotation du bassin qui conduit le poing à la hanche dont le retour permet de porter un atémi rapide et pénétrant au lieu d’un coup brutal et mat.

 

J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre. (Nelson Mandela)

Bilan du cours du 8 octobre 2014

Le Te Hodoki comporte une forme d’atémi sur le coude. J’utilise cette démarche en simulant un atémi au menton. J’en profite pour venir saisir le revers extérieur de Uke le plus haut possible, mon poing venant s’appuyer sur sa clavicule. J’appuie sur le poignet de Uke pour créer un armlock. Je place sa main contre ma hanche pendant que je tords son revers vers le sol. Je peux le contraindre à m’accompagner.

Il s’agit d’un Hikitate Waza (引き立て技), Hikitate se traduisant par protection. On lui donne souvent le sens de contrainte... Cette technique est une variante de Kannuki Hikitate (閂引き立て), Kannuki signifiant verrou.

 

La politique peut être renforcée par la musique, mais la musique a une puissance qui défie la politique. (Nelson Mandela)

Bilan du cours du 8 octobre 2014

Bilan du cours du 8 octobre 2014

 Je vais utiliser Kannuki Hikitate pour faire comprendre aux débutants le sens de la roulade avant. Ma main extérieure tord le revers de Uke qui doit se pencher. Ma main intérieure contrôle sa main sur ma hanche. J’oblige Uke à placer au sol sa main libre qu’il oriente en position de roulade avant. Je place sa seconde main sur le tatami et je le laisse effectuer sa roulade. Une roulade avant s’effectue toujours en regardant Tori.

 

Un combattant de la liberté apprend de façon brutale que c'est l'oppresseur qui définit la nature de la lutte, et il ne reste souvent à l'opprimé d'autre recours que d'utiliser les méthodes qui reflètent celles de l'oppresseur. (Nelson Mandela)

Bilan du cours du 8 octobre 2014Seconde technique : j’amplifie la traction du bras de Uke vers l’avant de façon à lui faire me présenter le dos. Ma main libre peut aller contrôler son épaule extérieure sur laquelle j’appuie en la tirant vers moi. Mon bras libre vient au contact de sa nuque et j’effectue un Nagashi afin de lui laisser la place pour chuter : ce Tai Sabaki me permet de glisser mon bras sur son épaule et de la tirer vers l’arrière pendant que mon autre main appuie sur son épaule intérieure.

Il s’agit de Ushiro Kata Otoshi : 後ろ(arrière) (épaule) (chute)

 

Les hommes qui prennent de grands risques doivent s'attendre à en supporter souvent les lourdes conséquences. (Nelson Mandela)

Bilan du cours du 8 octobre 2014

Troisième technique : j’ai utilisé à 2 reprises la saisie du poignet de Uke pour le faire pivoter de façon à éloigner son épaule et à me présenter son dos.

Cette fois-ci, je me dégage vers l’extérieur, paume face au sol. Ma main revient vers le haut en « coupant » le poignet de Uke. Ma main libre bloque les doigts de Uke sur ma main saisie. Ma main semble s’enrouler autour du poignet de Uke en exerçant une pression descendante vers son avant. Uke doit s’agenouiller puis s’allonger sur le sol.

Il s’agit de Kote Kudaki : 甲手 (le gant de l’armure) 砕く(Kudaku, briser en 1000 petits morceaux)

 

L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres – qualités à la portée de toutes les âmes- sont les véritables fondations de notre vie spirituelle. (Nelson Mandela)

Bilan du cours du 8 octobre 2014

Il ne reste qu’à mettre tout cela en application sous forme de Randori. Auparavant, Sébastien refait une présentation des techniques étudiées ce soir.

 

Vieilles amours et vieux tisons s'allument en toutes saisons. ( Proverbe français)

Bilan du cours du 8 octobre 2014

Bilan du cours du 8 octobre 2014

 « Tu as l’air bien, me dit Guillaume à la fin du cours - C’est la magie du Tatami, on ne sent plus rien, le temps d’un cours, mais le lendemain... »

Avant de partir, chacun vient me remercier avec un grand sourire. Au Québec, le professeur est applaudi à la fin du cours. Ces manifestations de sympathie sont un baume bienfaisant pour le Sensei toujours dans le doute.

Bilan du cours du 8 octobre 2014

Bilan du cours du 8 octobre 2014

bœuf* : Il nous faut remonter vers 1925, à Paris dans le 8e arrondissement pour comprendre la naissance de cette appellation. En effet on y trouvait un cabaret fréquenté entre autres par Jean Cocteau et où des chanteurs comme Mouloudji ou Léo Ferré firent leurs premiers pas.
Cet endroit fut également un des premiers lieux où le jazz américain fit son apparition en France. Autant dire que ce fut un endroit où les « jams » étaient fréquentes.
Et vous savez quoi ? Eh bien ce cabaret s'appelait "Le bœuf sur le toit" ! Alors autant dire qu'il n'a pas fallu longtemps pour basculer de faire une jam au Bœuf à faire un bœuf. (emprunt au site expressio.fr)


Bilan du cours du 8 octobre 2014

Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

6e dan 2F3A 1991

7e dan FIAB 2011

2e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

mort-de-rire-copie-1.gif

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

mort-de-rire

 

 

Partager cet article
Repost0
4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 18:18

 

Ces citations sont attribuées à Don Juan Matus, un chamane amérindien, un Yaqui, si on en croit Carlos Castaneda qui était peut-être un grand initié, un anthropologue de pacotille, un écrivain génial... On peut y croire ou pas ! Qu’importe ?

Toujours est-il que j’ai choisi celles-ci, qui me plaisent. Chacune pourrait être un sujet de philo, de controverse, de raillerie. Peut-être les détesterez-vous, peut-être vous choqueront-elles, peut-être les aimerez-vous ?

« Et l’Aïkibudo dans tout ça, Sensei André ? - D’habitude, on pose cette question à la fin, petit lucane - Et vous n’y répondez jamais, vénéré Sensei ! - Parce que c’est toujours une autre histoire, petit carabe doré. »

 

 

Mieux vaut voyager plein d’espoir que d’arriver au but. (Proverbe japonais)

 

Un chemin n’est après tout qu’un chemin. Si l’on a l’impression de ne pas devoir le suivre, inutile d’insister. Mais pour parvenir à une telle clarté, il faut mener une vie bien réglée. Ce n’est qu’alors que l’on comprend qu’un chemin n’est qu’un chemin et qu’il n’y a rien de mal ni pour soi ni pour les autres à le quitter, si c’est ce que votre cœur vous dit de faire. Vous vous poserez alors une question et une seule : « Ce chemin a-t-il un cœur ? ». Tous les chemins sont pareils, ils ne mènent nulle part. Ce chemin possède-t-il un cœur ? S’il en a un, le chemin est bon. Sinon, à quoi bon ? Les chemins ne conduisent nulle part, mais celui-ci a un cœur, et celui-là n’en a pas. Le premier vous rendra fort, l’autre faible. Un chemin qui a un cœur est facile : on n’a pas besoin de se donner de la peine pour l’aimer. On sait qu’un chemin a du cœur lorsqu’on ne fait qu’un avec ce chemin, lorsqu’on éprouve une paix et un plaisir incommensurables à le parcourir dans toute sa longueur.


Nous sommes conditionnés à attendre une instruction, un enseignement, des guides, des maîtres. Et quand on nous dit que nous n’avons besoin de personne, nous ne le croyons pas. Cela nous inquiète, puis nous rend méfiants, et finalement furieux et déçus.


L’homme moyen est suspendu à son semblable alors que le guerrier n’est suspendu qu’à lui-même. Tout ce que nous faisons, tout ce que nous sommes, repose sur notre pouvoir personnel. Lorsqu’un homme ordinaire est prêt, le pouvoir lui fournit un maître, et il devient son apprenti.


Un guerrier n’a de compassion pour personne. Avoir de la compassion signifie que vous désirez que l’autre personne soit comme vous, qu’elle soit à votre place. L’impeccabilité du guerrier, c’est de laisser vivre les autres et de les accepter comme ils sont. Tout effort pour aider autrui est un acte arbitraire dirigé uniquement par l’intérêt personnel.


Les seules personnes qui aident leurs semblables sont celles qui s’en moquent éperdument. Ceux qui se soucient des autres se soucient d’eux-mêmes et exigent de la reconnaissance quand il y a lieu.

Lorsqu’un homme décide d’entreprendre quelque chose, il doit s’y engager jusqu’au bout, mais il doit avoir la pleine responsabilité de ce qu’il fait. Peu importe ce qu’il fait, il doit savoir en premier lieu pourquoi il le fait, et ensuite il lui faut accomplir ce que cela suppose sans jamais avoir le moindre doute, sans le moindre remord.


Nous consacrons la majeure partie de notre énergie à entretenir notre suffisance, notre souci jamais assouvi de présentation de notre moi et cette autre préoccupation de savoir si oui ou non nous sommes admirés, ou aimés, ou reconnus. La suffisance est notre plus grand ennemi. Ce qui nous affaiblit, c’est de nous sentir offensés par les actes et les méfaits de nos semblables. Notre suffisance nous contraint à passer la plus grande partie de notre vie à être offensé par quelqu’un. La suffisance figure comme l’activité qui consomme la plus grande quantité d’énergie. La suffisance est la force qui motive tout accès à la mélancolie.


Sans adversaire, nous ne sommes rien. La vie est une guerre, une lutte. La paix, une anomalie. Sur le chemin de la connaissance, on ne peut survivre qu’en étant un guerrier. Un guerrier est centré sur lui-même dans l’esprit d’une étude exhaustive et continue du moi. C’est seulement quand il n’est plus rien qu’il devient tout.


 

Un guerrier agit comme s’il savait ce qu’il faut faire alors qu’en réalité il n’en sait rien. L’homme ordinaire n’agit que s’il y trouve une occasion de profit. Les guerriers disent qu’ils n’agissent pas pour le profit mais pour l’esprit.


Le guerrier ne cherche pas à être compris ou à être aidé. En parlant, il ne fait que se soulager lui-même de son poids.


L’acte de connaissance dépend de l’intention et non de la perception. La perception varie toujours en fonction d’une histoire, c’est-à-dire en fonction d’un sujet aux savoirs acquis, un sujet immergé dans une tradition déterminée... Le corps, pour comprendre, n’a pas besoin de paroles... Connaître c’est découvrir et créer c’est copier.

 

Pour comprendre, il faut de la modération, pas de l'émotivité. Prends garde à ceux qui versent des larmes en faisant une découverte, car il n'ont rien découvert.


 

Un guerrier accepte son sort, quel qu’il soit, et le fait avec une humilité profonde. Le guerrier ne baisse la tête devant personne, mais en même temps il ne permet pas que les autres baissent la tête devant lui.


La Voie des Arts Martiaux


Le guerrier, comme le professeur, doit avant tout enseigner la possibilité d’agir sans conviction, ni espoir de récompense – d’agir, tout simplement. Sa réussite en tant que professeur repose sur le talent avec lequel il guidera ses disciples en harmonie avec ce point.


 

Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

6e dan 2F3A 1991

7e dan FIAB 2011

2e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

mort-de-rire-copie-1.gif

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

mort-de-rire

 

 

Partager cet article
Repost0
30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 19:10

À question stupide

Serait-il possible que je devienne grincheux ? Ou que je radote ? J’ai l’impression d’avoir déjà répondu une foultitude de fois à cette question qui m’agace au plus haut point : « Quelle est la différence entre l’Aïkibudo et l’Aïkido ? ». Je la retrouve régulièrement dans la liste des requêtes sur Gogol.

Pourquoi pas entre le handball et le rugby ou entre le volley et le basket ?

À question stupide

Si on veut parler de différences, il faut d’abord chercher les ressemblances. Et je n’en vois qu’une : la tenue, le Keikogi blanc et le Hakama bleu nuit qui sont par ailleurs utilisés dans de nombreux autres Arts Martiaux.

Le Keikogi est blanc parce que nous utilisons de préférence un Judogi de bonne qualité, confortable et susceptible de résister longtemps à des entraînements intensifs. S’il est bleu en Kendo, et corollairement pour les Yudansha de Katori Shinto Ryu, c’est parce que l’armure est fâcheusement imprégnée d’une teinture indigo qui déteint fâcheusement sur le Keikogi... et ça résiste au lavage !

Le Hakama était jadis noir. Nous avons emprunté la couleur bleu nuit utilisée en Kendo parce que nous la trouvions plus jolie. Il me semble me rappeler que les « instances fédérales », du temps de l’UNA, avaient tenté de nous l’interdire... où va se nicher l’esprit bureaucratique ?

Certains m’objecteront qu’il y a d’autres ressemblances, et pas des moindres : quid de Kote Gaeshi, de Shiho Nage, de... ? Pas de Tenbin Nage, ni de Kataha Otoshi non plus que de Mukae Daoshi et encore moins de Hachi Mawashi ou de Yuki Chigae qui n’existent nulle part ailleurs que dans notre École (et dans l’Aïkido-Jujutsu du Yoseikan dont il est issu, bien sûr) !

Il serait amusant de recenser les Arts Martiaux qui ont inscrit Kote Gaeshi et Shiho Nage à leur programme et d’observer comment ces techniques sont pratiquées. Au handball comme au football, on marque des buts. Ce n’est toutefois pas vraiment de la même façon !

Et « Aïki » dans tout ça ? Son utilisation remonterait au XIe siècle alors que nos Arts Martiaux sont on ne peut plus contemporains. Le principe Aïki mettait l’accent sur la non-résistance à l’action ou à la réaction d’un adversaire.

 Selon Kisshomaru Ueshiba, Morihei Ueshiba suggéra à Sokaku Takeda d’ajouter un élément spirituel à Daïto Ryu Jujutsu qui était encore un Bujutsu usuel (visant seulement à la victoire). Takeda accepta sa proposition et ajouta le terme Aïki à Daïto Ryu Jujutsu.. L’Amiral Takeshita écrit dans son journal qu’en décembre 1925, il rencontra Morihei Ueshiba qui était instructeur de Daïto Ryu Jujutsu. Il fut très impressionné par l'habileté de Ueshiba à leur première rencontre et continua à apprendre son Art Martial. Après plus de deux ans de pratique, il fonda un cercle de soutien appelé Aioi Kai, et l'École prit le nom de Aioi Ryu Aïki Jujutsu le 17 Février 1928.

...
Il dit encore dans son journal du 14 Juin 1929 : « Après le déjeuner, je me suis promené autour d’Akabane et de Mita. Vers 17 heures nous avons eu un Konwa Kai, un rassemblement pour une discussion amicale, au dojo de Takahashi. Il y avait environ 20 participants. À partir de ce jour, nous avons décidé et déclaré que le nom de notre art martial serait Aiki Bujutsu »... Le changement de « Aïki Jujutsu » en « Aïki Bujutsu » peut sembler de peu d'importance, mais l'utilisation du mot « Bujutsu » renforce son indépendance vis-à-vis du Daïto Ryu Jujutsu parce Bujutsu est reconnu comme un concept de rang supérieur à Jujutsu.

(in Le processus de formation de l'Aïkido et l’Amiral de la marine impériale japonaise Isamu Takeshita : Grâce à l'analyse du journal de Takeshita de 1925 à 1931 - Fumiaki Shishida - Université Waseda, Tokyo, Japon )

À question stupide

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mochizuki Minoru Sensei nous a raconté, dans une lettre adressée à Alain Floquet en octobre 1993, comment est né le nom Aïkido.

 « Lorsque je fus de retour de l’étranger après la guerre, le Daïto Ryu Aïkijujutsu était nommé Aïkibudo.

À l’annonce de l’interdiction des Arts Martiaux (Budo) commandée par Mac Arthur, on a changé de nom avec facilité, sans hésitation, en disant : « Alors, il n’y a qu’à effacer le caractère « Bu » (de « Budo »). » Cela s’est déroulé tellement simplement que nous - une dizaine de personnes s’y trouvaient - avons ri aux éclats.

Par conséquent, nous n’avions pas autant d’idée ni de philosophie sur le nom que le Judo. Le changement de nom vient seulement de l’intuition. En revanche, les Judokas n’étaient pas persuadés de cet effet et ils nous ont demandé en faisant les raisonneurs : « Qu’est-ce que c’est que l’Aïkido ? ».

Notre Maître n’était pas du tout intéressé par une telle idée ni un tel esprit. De plus nous lui avons défendu de changer encore de nom après cet événement. »

À question stupideMinoru Mochizuki fut initié très tôt aux Arts Martiaux (*), il pratiqua le Kendo et le Judo à l’école primaire. À 17 ans, il étudia le Gyokushin Ryu Jujutsu qui enseignait, entre autres techniques, les Sutemi. Plus tard, dans le cadre de son association Kobudo Kenkyukaï, Jigoro Kano l’envoya étudier le Kobudo de Katori Shinto Ryu puis le Daïto Ryu Aïki Jujutsu auprès de Morihei Ueshiba qui ne l’accepta pas comme élève mais directement comme assistant. Le Maître démontrait une technique puis il disait : « Mochizuki va vous expliquer ! ».

Au bout d’un an, Minoru Mochizuki reçut le Menkyo Kaïden de Daïto Ryu Aïki Jujutsu, ce qui lui donnait l’autorisation d’enseigner cet Art. Pour des raisons de santé, il se retira à Shizuoka où il ouvrit son premier Dojo du Yoseikan.

Après la guerre, son Dojo fut reconstruit et il enseigna son Art qu’il avait nommé le Jujutsu du Yoseikan, probablement très imprégné du Gyokushin Ryu Jujutsu. Morihei Ueshiba lui remit le 8e dan de l’Aïkido nouvellement créé et lui demanda de renommer son Art Aïkido. Il le nomma en fait Aïkido-Jujutsu du Yoseikan et c’est sous ce nom qu’il l’enseigna lors de son premier voyage en France en 1951.

Quand le groupe d’André Nocquet et celui de Hiroo Mochizuki et Alain Floquet furent intégrés à la fédération de Judo, cet Art prit le nom d’Aïkido Mochizuki pour se différencier de l’Aïkido Ueshiba du groupe Nocquet... et ce fut le commencement de la confusion.

Et ceci n’est pas une autre histoire !

À question stupide

Dans le Dojo du Yoseikan, à Shizuoka, on pouvait voir les diplômes de Menkyo Kaiden de Daïto Ryu Jujutsu et de 8e dan d’Aïkido mais Mochizuki Minoru Sensei précisait bien qu’il n’avait jamais pratiqué ces 2 arts.

En 1973, quand l’UNA imposa une méthode unique d’Aïkido, Hiroo Mochizuki précisa bien qu’il ne pratiquait pas l’Aïkido mais l’Art de son père, l’Aïkido-Jujutsu du Yoseikan.

En 1982, Mochizuki Minoru Sensei dit à Alain Floquet : « L’art que tu pratiques n’est pas l’Aïkido ! - Je le sais, Sensei, je pratique votre Art, l’Aïkido-Jujutsu. ». Comme cet Art avait beaucoup évolué, d’abord avec les apports d’Hiroo Mochizuki puis avec la propre expérience martiale d’Alain Floquet, le Sensei lui dit : « Il faut que tu changes le nom. »

Alain Floquet dit alors qu’il y pensait depuis quelques années et qu’à présent, il savait que celui qui correspondait le mieux à son Art et à sa sensibilité était « Aïkibudo ». Le Sensei et tous les Maîtres présents approuvèrent ce choix.

Au fait, quelle était la question, déjà ? Ah, oui : « Quelle est la différence entre l’Aïkibudo et l’Aïkido ? »

J’ai une autre question, tout aussi intéressante ; « Quelle est la différence entre un canard ? »...

À question stupide

« Vous vous gaussez, Sensei André ? - P’têt’ ben, petit bousier, p’têt’ ben... ».

 

Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

6e dan 2F3A 1991

7e dan FIAB 2011

2e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

mort-de-rire-copie-1.gif

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

mort-de-rire


 À question stupide

(*) Relire La genèse de l’Aïkibudo par Maître Alain Floquet et Nos racines

 

 

Partager cet article
Repost0
25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 19:29

 

Tout homme est utile à l’humanité par cela seul qu’il existe. (Jean-Jacques Rousseau)

Premier cours de la saison. C’est aussi le cinquantième anniversaire de mon tout premier cours... en tant qu’élève... Il y a 50 ans, j’ai foulé un Tatami pour la toute première fois. Un Tatami, en fait 3 couches de feutre posées sur le ciment brut et couvertes d’une bâche verte tendue par des sandow ! 5 années passées à se projeter sur un sol mat, sans rebond, qui n’amortissait finalement pas grand chose !

Puis ce fut mon premier club en septembre 1969, une surface de 60 m² de Tatami de paille. Le Tatami de paille de riz était censé représenter le meilleur des surfaces de réception. Celui-ci était de fabrication occidentale, tout bosselé, déformé par l’humidité ambiante, alternant zones molles et zones dures comme du bois !

Un demi-siècle plus tard, mardi matin, au moment où je me lève de mon siège, j’ai la désagréable sensation qu’on m’enfonce une lame dans le flanc gauche. Cette zone m’avait épargné depuis que ma jambe droite me fait ressembler à Lucky Luke. Je n’ose plus bouger, j’ai la sensation que mes vertèbres lombaires vont s’effondrer ! Je pense à mon cours du lendemain : serai-je capable de l’assumer ?

Électrothérapie, anti-inflammatoires à haute dose... ça finit peu ou prou par s’atténuer et tenir.

Bilan du cours du 24 septembre 2014

 

Mieux vaut voyager plein d’espoir que d’arriver au but. (Proverbe japonais)

Premier cours de la saison. Il est tombé des cordes en début de l’après-midi. Si en Angleterre il tombe des chiens et des chats, il n’est pas question que j’emmène Lara au club par ce temps. Elle va m’en vouloir !

Quand j’arrive au Dojo, il fait presque beau. Jeannot arrive le premier, tout chiffonné, un souci à la clavicule qui le handicape. Pas question de lui faire jouer Uke.

Notre Dojo, inauguré en 1981, est toujours aussi accueillant et lumineux. Petit miracle habituel : dès qu’il a pris possession du Tatami, le « petit vieux » redevient un Sensei solide et aimablement autoritaire. Ce doit être le syndrome de Clark Kent et Superman !

Bilan du cours du 24 septembre 2014

Bilan du cours du 24 septembre 2014

Bilan du cours du 24 septembre 2014

 

On rit mal des autres, quand on ne sait pas d’abord rire de soi-même. (Paul Léautaud)

Une bonne surprise, la présence de 4 nouveaux inscrits. Une très bonne surprise : 14 élèves présents dont 5 Yudansha parmi lesquels 2 fidèles Caudebécais, Sébastien, tout neuf Yudansha, et Laure-Line.

J’ai besoin d’un costaud pour mon premier cours, c’est donc Sébastien qui va étrenner son Hakama tout neuf entre mes mains bienveillantes.

Bilan du cours du 24 septembre 2014

 

Beaucoup de gens croient que l’aveu de leurs défauts les dispense de s’en corriger. (Marie von Ebner-Eschenbach)

Une excellente surprise : les nouveaux en veulent ! Je rectifie rapidement quelques erreurs dans les roulades, notamment des réceptions sur les fesses. C’est dû à un mauvais positionnement de la tête à la sortie de la roulade. Le regard doit être tourné vers la jambe arrière jusqu’à la réception. Pour résister à l’envie de regarder devant, je conseille toujours de mordre le revers de son Keikogi... ça marche et les réceptions s’améliorent en quelques courtes minutes.

Bilan du cours du 24 septembre 2014

 

C'est ce que nous pensons déjà connaître qui nous empêche souvent d'apprendre. (Claude Bernard)

C’est mon premier cours, je vais le dérouler sur le thème de la première saisie : Jyunte Dori, comme son nom l’indique.

Les premières semaines d’apprentissage technique doivent porter sur le Chika Ma. Quelques éducatifs pourront sensibiliser au mouvement, à la canalisation avec un travail sur les Tai Sabaki mais il s’agit d’abord d’apprendre à placer et à utiliser sa force, à la centrer, à apprendre à mobiliser le bassin en respectant la verticalité. Pas besoin d’exposer des théories compliquées, tout passe d’abord par la quête de sensations. Pas besoin de connaître les lois de la gravitation pour apprendre à marcher ! On tombe et on se relève, on progresse à partir de ses erreurs.

Bilan du cours du 24 septembre 2014

 

L'homme n'a pas besoin de voyager pour s'agrandir ; il porte avec lui l'immensité. (François René de Chateaubriand)

  1. Le Te Hodoki : « Si je ne peux pas amener la montagne à moi, je peux aller à la montagne ». Les erreurs constamment observées : se dégager sans que Uke n’oppose de résistance, déplacer la main sans la centrer, travailler avec les épaules... On y passe le temps qu’il faut, chacun est corrigé individuellement, personne ne s’ennuie en quête du mouvement juste.
  2. première application : Kote Gaeshi Shita. Le but est de sentir le centrage en tirant Uke vers soi pour le contraindre à se mettre à plat ventre. Il va tenter de rouler, auquel cas il est simple e le retourner et de l’immobiliser.
  3. seconde application : Mukae Daoshi. Le but est de sentir l’action de torsion et d’enroulement portée sur le bras de Uke. Cela permet de sentir la poussée de la paume vers l’extérieur et d’éviter une erreur courante sur le contrôle de la tête.
  4. troisième application : Kote Kudaki. Au lieu de se dégager vers l’extérieur, on entre en portant un coup au visage. Cette forme « primitive » de Kote Kudaki semble facile à exécuter, elle exige une grande précision dans la saisie de la main et son contrôle dans le plan vertical.

Bilan du cours du 24 septembre 2014

 

Bilan du cours du 24 septembre 2014

 

Que d'hommes se pressent vers la lumière non pas pour voir mieux, mais pour mieux briller. (Friedrich Nietzsche)

Une série de Randori en conclusion :

  • révision des 3 exercices présentée par Sébastien
  • quelques minutes de répétition tous grades confondus
  • Randori en ligne pour les Yudansha (Jyunte Dori puis Omote Yokomen Uchi)
  • Randori en ligne, les Yudansha invitent les Kyu

Bilan du cours du 24 septembre 2014

 

Bilan du cours du 24 septembre 2014

 

En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d'en faire autant. (Nelson Mandela)

Je suis très agréablement surpris. Un cours intense pendant 2 heures. Un engagement total, sans les bavardages habituels. Les nouveaux ont tenu le rythme, n’ont pas éprouvé de difficultés particulières. J’étais tellement pris par l’ambiance que j’ai un peu oublié mes prises de séquences photo et vidéo.

J’ai moi-même tenu la distance sans problème.

Demain sera un autre jour...

Bilan du cours du 24 septembre 2014

 

Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

6e dan 2F3A 1991

7e dan FIAB 2011

2e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

mort-de-rire-copie-1.gif

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

mort-de-rire

 

 

Partager cet article
Repost0
14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 16:34

 

Une belle matinée d’automne, nimbée de calme, de sérénité. Je m’accorde un accès de mélancolie, comme tous les ans, à cette époque. L’été finissant, l’automne naissant me rappellent peut-être que mon corps vieillissant est déjà profondément ancré dans son hiver.

Une petite promenade sur la petite route en impasse qui monte à travers la forêt. Lara explore une multitude de traces odorantes, vient me prévenir que quelque chose est survenu, là, puis repart courir après un écureuil qui ramasse des noisettes. Je lui dis que ce n’est pas bien et elle s’assoit à mes pieds, me tend la patte pour demander un pardon que je lui accorde volontiers. Alors, de nouveau heureuse et sans souci, elle s’empare de ma canne et reprend le chemin de la maison.

Nous croisons 2 « joggeuses » qui nous adressent un grand sourire, qui résiste au charme de Lara portant ma canne ? Les joggers se méfient des chiens mais jamais de Lara...


Rentrée et ouverture
avec son bâton

Rentrée et ouverture


Rentrée et ouverture
ou avec sa balle

 

La semaine prochaine, cette paix, cette sérénité, cette plénitude vont être dévastés. Ça va canarder tous azimuts. Notre monde va être livré aux zélateurs du dieu Gévelot. Des centaines de tonnes de matériaux délétères vont être projetés dans les plaines, vont intoxiquer des milliers d’herbivores, peut-être vous-mêmes, chers lecteurs, par le biais de vos aliments laitiers.

J’ai passé mon enfance à la campagne, dans l’entre Bray et Picardie. Dans la bourgade de Foucarmont, il ne devait y avoir, à la fin des années 40, que 2 chasseurs, amis de ma famille, d’ailleurs. J’aimais, à cette période de l’année, les regarder préparer leurs cartouches, peser la poudre, compter les plombs, tasser la bourre...

Le dimanche matin, ils arpentaient les champs labourés en quête d’un lièvre rescapé de la grande boucherie planétaire. Nous étions parfois invités à déguster une de leurs victimes... truffée de plombs ! J’ai détesté les produits de la chasse.

Je ne me promenais jamais sans mon lance-pierre. Avec les 2 ou 3 autres garnements de mon âge (nous étions peu nombreux, natifs de la période « creuse »), nous arpentions les herbages et les marécages en quête de proies à abattre. Le jour où l’un d’entre nous nous a rejoints, fiers de tenir le petit corps pantelant d’un moineau qu’il avait abattu, j’ai dû lui coller la raclée de sa vie. J’ai détesté les chasseurs.

Plus tard, j’ai côtoyé les chasseurs sous d’autres cieux, chassant un autre gibier, humain, celui-là. Un matin, je l’ai été, gibier, et j’ai senti le vent brûlant des balles de 12.7 au-dessus de ma tête. J’ai peut-être pissé dans mon treillis et j’ai probablement pleuré de peur et de désespoir. Je déteste la chasse et les armes à feu.

Le merveilleux texte d’Alphonse Daudet, écrit pour dénoncer les horreurs de la guerre de 1870, est toujours d’actualité : lisez, relisez « Les émotions d’un perdreau rouge ».

J’ai déjà écrit un article intitulé « Rentrée et ouverture ». Il commence par ces mots : « Septembre 2007. Après un printemps et un été pourris, voilà déjà des senteurs d’automne. Il s’agit certes d’une arrière-saison ensoleillée avec des parfums d’été indien. » On se croirait aujourd’hui. Et puis à chaque rentrée je me suis autorisé un moment de mélancolie précédant une profonde colère due au prochain déferlement de matamores (de l’espagnol matar, tuer). Le dernier des débiles peut tuer mais qui, sans compassion, est capable de soigner, de guérir ? Qui peut tuer avec compassion ?

J’avais commencé la rédaction d’un texte intitulé « Liberté et licence », il m’arrive de philosopher au sujet de notre Art. Cette belle matinée si douce, si calme, si... mélancolique m’a ramené à l’inévitable ouverture.

Je ne résiste pas au plaisir de vous offrir ce sketch des Inconnus qui résume tout ce que j’aurais pu encore vous dire :

 

Et, oui, ça va bientôt canarder de partout... attention à vos chiens et à vos chats en particulier, beaucoup tirent sans discernement et certains font des cartons sur tout ce qui bouge !


Rentrée et ouverture
Celui-ci a eu moins de chance...

 

Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

6e dan 2F3A 1991

7e dan FIAB 2011

2e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

mort-de-rire-copie-1.gif

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

mort-de-rire

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 21:39

 

C’était le premier mercredi du mois de septembre 1964. Cette année-là, la rentrée avait eu lieu le vendredi 18. Alors c’était peut-être le le 16 ou le 23 ? Je ne sais plus trop. Ma mémoire me souffle que ce devait être le 2 mais je sais que nos souvenirs sont trompeurs. Nos cellules sont fréquemment renouvelées et les souvenirs sont recopiés régulièrement. Avec des erreurs, des confusions, des ajouts, des retraits.. (lisez à ce sujet l’excellent hors série Science&Vie de septembre 2014 : La mémoire, ses secrets, ses troubles).

En fait, j’avais bien noté quelque part que c’était le 2 septembre… j’ai retrouvé la note. Dans ma première vie des Arts Martiaux, je notais scrupuleusement toutes les étapes de mon parcours. En 1990, on me prêta un Atari ST avec le logiciel « Le Rédacteur » et j'enregistrai mes notes bout à bout. Deux ou trois ans plus tard, quand Atari disparut et que Windows 3.1 établit son hégémonie, mon fichier fut converti au format Word. Depuis, ce texte est régulièrement remanié, enjolivé, enrichi... Il doit bien en être à sa centième version !

Bref, c’était bien un mercredi car c’était le jour où j’allais à la piscine Gambetta et, en revenant, je regardais toujours une porte rouge et je lisais la plaque « École de Judo Jean Lemaître », j’hésitais, il m’arrivait de poser la main sur la clenche mais je n’appuyais jamais.


Anniversaire : il y a 50 ans, les Arts Martiaux
La porte était là-bas, tout au bout du bâtiment, après la voiture.

 

J’avais achevé mes humanités militaires à la fin du mois d'avril 1963. J’avais un peu pratiqué le close-combat, constaté qu’il ne valait pas le Jujutsu auquel je m’étais initié dès 1960 et je restais insatisfait, cherchant quelque chose. Ce quelque chose que j’espérais trouver dans le Judo.

Toujours est-il que ce mercredi-là, j’ai accompli le geste plus important de mon existence. ma main s’est posée sur la clenche, a appuyé dessus, la porte s’est ouverte dévoilant un escalier tout gris. J’ai grimpé lentement les marches qui conduisaient au premier étage. Arrivé sur un palier, j’ai poussé la porte du Dojo et je me suis dirigé vers un petit bureau où le professeur se préparait pour le prochain cours.

Je m'attendais à rencontrer un petit vieillard barbu, je découvris un homme encore jeune et plutôt athlétique ! En quelques minutes, j’étais inscrit et j’avais dans les bras un kimono tout neuf. Je passai dans le vestiaire pour le revêtir et j’eus droit à un premier cours particulier qui n’était pas prévu. Les deux heures de piscine me rappelèrent que la résistance humaine a des limites et je commençai à prendre conscience de muscles dans les cuisses et les épaules.

Je pris des habitudes. Après un mois de cours le mardi et le jeudi soir, récompensé d'une jolie ceinture jaune dès la fin octobre, je commençai à m’endurcir en m’entraînant également le samedi après-midi, puis le dimanche matin. Ma persévérance, me fit accéder au grade de ceinture orange à la fin décembre.

C'était bien, j'étais fier et je me pavanais avec un bel insigne à la boutonnière, mais ce n'était pas vraiment ce que je cherchais.

Novembre 1964, ouverture d'une section de Karaté, animée par un des tout premiers 1er kyu de Normandie. Je m'initiai aux divers Tsuki, Machin Geri et autres Chose Barai, mais ce n’était pas encore ça, je n'étais pas enthousiasmé.

Quelques années plus tôt, j'avais vu un reportage télévisé sur un nouvel Art Martial dont je n'avais pas retenu le nom, probablement donné en Japonais. Sur la terrasse d'un grand magasin de Tokyo, un petit vieux barbichu, vêtu d'amples vêtements noirs, s'amusait beaucoup à se déplacer à genoux et à balancer dans toutes les directions de jeunes garçons très souples, qui ne semblaient pas s'en porter plus mal et revenaient sans cesse à l'assaut. C'était amusant, plutôt impressionnant et... très joli à voir. Il s’agit probablement de cette vidéo :


 

C'était ça que je cherchais. C'est ça que je trouvais enfin : en janvier 1965, Jean Lemaître ouvrit une section d’Aïkido « Mochizuki ».


«  Qu’est-ce que c’est donc, cet Aïkido ? Il y a longtemps que ça existe ? Comment l’avez-vous découvert ?
- C’est le maître Mochizuki qui l’a introduit en France, il y a une quinzaine d’années. Et en 1962, il a envoyé son fils, Hiroo, pour prendre les choses en main. Celui-ci, il a semé une sacrée panique !
- Comment, cela ?
- Et bien, il n’y a pas si longtemps, on disait que l’Aïkido était réservée aux anciens judokas qui ne pouvaient plus faire de compétition. Donne-moi ta main que je te fasse mal ! C’était comme ça qu’on le décrivait !
- Et y avait-il une part de vérité ?
- Peut-être bien, car Hiroo a ramené quelques honorables ceintures noires au 5ème kyu... Une vraie débandade !
- Et vous, comment avez-vous rencontré l’Aïkido ?
- Je faisais un stage de Judo à Marciac. Hiroo, qui était lui-même un bon judoka, nous a initiés à l’Aïkido. J’ai continué en prenant des cours particuliers à son club, à Paris et en allant aux stages d’été de Royan, dirigés par Charles Sebban.
- Charles Sebban ?
- Oui, c’est un dentiste. Il est 4ème dan. Il m’a fait passer ma ceinture noire l’été dernier. »

 

Abandonnant aussitôt le Karaté, je fus son premier inscrit. Je me rappelle, comme si c’était hier, nos premiers pas sur la Voie des Arts Martiaux. Je garde un bon souvenir de ce petit groupe d'une douzaine d'élèves avides de savoir.

Le Dojo, tout en longueur, était partagé en deux par un élastique. Judo à l'entrée, Aïkido « Mochizuki » au fond.


 

Première séance : tous les dégagements sur saisie de face. Il n'était alors pas question de Te Hodoki, de Jyunte Dori ou de Dosokute Dori mais de 1ère ou 2ème saisie, comme au vieux temps du Judo de Kawaishi.

Deuxième séance : tous les dégagements sur saisie arrière. Ma foi, notre mémoire était solide, puisque tout était resté à peu près net. Il faut dire que notre style devait être on ne peut plus rustique. Dans la foulée, on étudie Kote Gaeshi et Shiho Nage sur toutes les saisies, avant et arrière, bien sûr. Et puis, tous les « pivots » : pivot avant, pivot arrière. On ne parle pas de Tai Sabaki, les appellations japonaises sont très méconnues.

J’étais atteint de la même boulimie que celle qui m’avait atteint lors de mon initiation au Judo. Il me fallait engranger très vite un maximum de connaissances, comme si le temps m’était compté, comme si je voulais combler le retard dû à une entrée tardive dans l’univers des Arts Martiaux. Alors, j’essayais de découvrir par moi-même ce qui ne m’avait pas encore été enseigné et que je pressentais, ou que je découvrais très succinctement présenté dans les ouvrages que je parvenais à me procurer.

Alors, je cherchais comment appliquer les deux techniques, étudiées sur des saisies, en cas d’attaque à distance. Je me rappelle avoir ainsi essayé l’application de Kote Gaeshi sur un coup de poing au visage. Ma solution était très compliquée, j'esquivais par l'intérieur, je repassais le bras de l'adversaire devant moi, je l’entraînais de l’autre côté avant de tordre son poignet. J'avais le virus de la recherche…

J’entrepris très vite, et en toute modestie, de rédiger un manuel de vulgarisation de l’Aïkido Mochizuki - pourquoi pas ? - car la prose disponible à l'époque, essentiellement les livres de Jean Zin, était très rare, sinon indigeste, et n’avait, de toutes façons, rien à voir avec ce qui se faisait dans notre École. J'avais notamment détaillé tous les déplacements à l'aide de pieds soigneusement dessinés, en m’inspirant de croquis trouvés dans un manuel de Judo. Les mouvements étaient dessinés à la façon de clichés stroboscopiques.

Vanité ! Mon projet restera projet et brouillon au fond d'un carton. Comme pour tant d’entreprises où je n’atteignais pas la qualité professionnelle, je laissai le soin de mener à bien l’entreprise définitive aux hommes de l’ART.

Je ne peux omettre la description des éducatifs favoris de Jean Lemaître. Pour le premier, il fallait se placer face à un partenaire armé d'un bâton qu'il levait et abaissait, et relevait et abaissait encore à la manière d'un métronome géant. Et nous esquivions un coup à droite, un coup à gauche, un coup à droite, un coup à gauche...

Un autre exercice que nous affectionnions tout particulièrement était une approche de Irimi. Un élève était face aux autres, alignés dans la diagonale du Tatami, et qui fonçaient poing en avant. Le malheureux esquivait en remontant le courant, et, surtout, en assénant de violents coups du plat de la main sur le coude de ses adversaires. La douceur n'étant pas de mise et le concept de non-violence totalement ésotérique, les règlements de compte étaient immédiats.

Ma progression fut assez rapide. Je fus gratifié du cinquième kyu aux premiers jours de l'été, l'hiver naissant me vit accéder au quatrième kyu, et je reçus le très respectable troisième kyu à la naissance du printemps 1966.

 

Nous sommes déjà en 1966 et c’est déjà une autre histoire.

 

Histoire d'un Hakama qui fut blanc

 

 

6e dan 2F3A 1991

7e dan FIAB 2011

2e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

mort-de-rire-copie-1.gif

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

mort-de-rire

 

 

Partager cet article
Repost0
8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 15:54

 

À la veille des vacances de Pâques 1988,  5 cousins québécois, adeptes de l’Aïkibudo au club de Beauport, près de Québec, dûment mandatés par leur professeur Daniel Tabouret, arrivent à Saint Léger du Bourg Denis. Fernande, dite Fanny-les-runnings ou la terreur des siffleux, Marilyn dite l'Américaine, Monique l'ornithologiste, Gérard le maudzit Français* et Richard le fonctionnaire participent au premier échange Normandie-Québec.

Ils sont arrivés chez moi tôt le matin, épuisés par le voyage et le décalage horaire. Ils ont quand même accepté de venir dans ma classe, faire un petit coucou à mes élèves pour leur parler de la Belle Province et leur offrir des épinglettes à la fleur de lys avant de tester le confort de mon canapé.

Dès le lendemain, j’ai pu me consacrer à leur séjour, deux semaines partagées entre le tourisme et le stage d’Aïkibudo intensif.

* Gérard éprouvera un choc en se promenant dans Saint Léger du Bourg Denis. En passant devant la boulangerie, il a comme un flash... Puis ça lui revient : quand il avait 14 ans, c'est là qu'il avait été apprenti. Il l'avait oublié.

 

092.jpg

093.jpg

Après leur retour, j’ai reçu une longue lettre de Daniel Tabouret qui me remerciait de l’accueil qui leur avait été réservé et m’affirmait que je serais bien reçu si l’envie me prenait de venir rendre une petite visite en face.

Mes disciples, qui avaient accueilli nos cousins, organisèrent un voyage au Canada dès l’année suivante. Pour moi, il n’en était pas question, mon modeste traitement d’instituteur me contraignait à une vie frugale.

J’eus la surprise de recevoir une invitation en bonne et due forme de Daniel Tabouret : le club de Beauport m’offrait le voyage ! En échange, bien entendu, j’allais offrir mes connaissances sous forme de 2 semaines de cours (presque) quotidiens.

Le voyage s’est donc effectué. Du 7 au 28 août 1989. Il y a 25 ans.

Au retour, j’ai bien entendu rédigé un compte-rendu intitulé « Cinq Normands au Québec ou la découverte du Nouveau-Monde  par les arrière-petits-enfants des découvreurs du Nouveau-Monde », destiné à être publié… Il est paru dans La lettre du Cera n°13, printemps 1991.

 

 

Cinq Normands au Québec ou la découverte du Nouveau-Monde

par les arrière-petits-enfants des découvreurs du Nouveau-Monde

 

095.jpg

 

Ils étaient cinq cousins Québécois venus à Saint-Léger-du-Bourg-Denis à Pâques 1988 et qui passèrent deux semaines qu'ils magnifièrent aux yeux et à l'imagination de leurs confrères indigènes du continent nord-américain.

Ils étaient cinq Haut-Normands (plus trois accompagnatrices) qui leur rendirent visite en ce mois d'août 1989. Le Québec, les grands espaces, la faune sauvage, les énormes villes nord-américaines... Ils étaient donc huit Haut-Normands, le 7 août, à Orly-Sud, le cerveau plein de clichés et de trac, prêts à embarquer à bord du Lockheed 10-11 flambant neuf d'Air-Transat, à destination de Montréal.

Décollage à treize heures, heure française. Arrivée à quatorze heures trente, heure québécoise. Crise de rigolomanie à la douane. Confiscation des « granny-smith » de Jojo. Là-haut, Gérard, Fernande et Richard nous attendent. Transfert dans le bus historique de « l’Élite sportive de Beauport » et c'est reparti pour trois heures et demie de cahots vers Québec.

Québec ! Un immense village plein de verdure. Des maisons individuelles avec de vastes pelouses jusqu'à des rues larges comme des boulevards de chez nous !

Réception chez Daniel Tabouret. J'y découvre la chaleur des adeptes québécois, l'incroyable culture de beaucoup d'entre eux et, surtout, l'immense importance des caisses de Labat bleue. Ces caisses, qu'est-ce ? L'incomparable bière canadienne, le pendant de notre Badoit, et qu'ils avalent à l'hectolitre. N'y en a plus ? On file chez le dépanneur, ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre !

Dès le lendemain va commencer notre découverte du Québec, cocktail de tourisme et d’Aïkibudo, de rencontres de paysages grandioses et d'incroyables personnages

Québec. Les plaines d'Abraham, siège de la bataille qui livra le Canada aux Anglais, bloody hell ! Vaste panorama sur le Saint-Laurent. Québec signifie « l'endroit où le fleuve se rétrécit ». Il a ici la largeur de quatre Seines ! Le château, immense hôtel de prestige.

Visite au Parc Jacques Cartier où une réplique de son navire, la Grande Hermine, sèche sa carène qui n'a pas résisté à un séjour prolongé dans un bassin. Là, un tipi, quatre perches et une entretoise couvertes de toile blanche. Dedans, un tapis de sapinettes, un cadre où sèche une peau d'orignal, un berceau en peau de caribou avec un matelas de fourrures de lièvres joliment attachées. Quelques outils, un tambourin. Et Louis Gabriel Jourdain, un Montagnais bon teint. Vous ne connaissez pas les Montagnais, bien sûr ? Moi non plus, je ne les connaissais pas, mais j'en suis devenu amoureux : c'est la plus importante nation amérindienne du Canada. Un peuple pacifique, artiste dans l'âme, qui n'a pas fait partie du folklore de la conquête... Je le connais, ce Montagnais... le sosie d'Hiroo Mochizuki ! Même visage, même coiffure, même sourire, même voix douce et calme, si ce n'est cet adorable accent québécois ! Nous ferons connaissance. Il nous parlera des grands espaces, nous chantera un « rêve de caribous » accompagné de son tambourin, nous dira son espoir de venir en France...

Le village Huron, chez Max Gros-Louis, patriarche et cerveau de la nouvelle prise de conscience de leur identité par les Amérindiens qui, de plus en plus, prennent leur éducation en main, exemple montré par les Montagnais qui ont un enseignement dans leur langue ! Éric Cazaillon a cherché vainement les tipis et les coiffes de plumes. Le village Huron est un quartier de Québec, les petits Hurons sont blonds, châtains ou bruns, le nom le plus répandu dans le village est Picard et Mario Gros-Louis va tous les ans aux sports d'hiver à Chamonix !

 

096.jpg

098.jpg

 

Relève de la garde de la citadelle. Trois quarts d'heure de spectacle d'opérette présenté par les « dos-rouges » et leur mascotte, un bouc blanc au fumet plus redoutable qu'une armée de moufettes !

Les chutes de la rivière Montmorency, deux fois plus hautes que celles du Niagara. Les cascades du mont Sainte-Anne et le pont suspendu. Le lac Saint-Jean, immense mer intérieure, si petit, pourtant sur la carte ! Pointe-Bleue, début de la réserve des Montagnais. On est loin de l'opulence du village huron. Mais un ravissant musée à visiter. Art vestimentaire, aquarelles, peintures, sculptures, mobilier contemporain, canoë d'écorce de bouleau révèlent un raffinement inouï, je craque !

Chicoutimi, les fjords de la rivière Saguenay où s'ébattent les baleines. Halte au bord de la rivière Chicoutimi pour une fondue chinoise chez Louis Page, un Lyonnais installé là il y a trente ans, disciple d'Anton Geesink, devenu professeur de survie dans un collège. Oui, ça existe !

Le parc des Laurentides, ses orignaux que nous n'avons pas vus. Les baleines de la baie de Tadoussac et des Grandes Bergeronnes...

Des images grandioses décrites dans le désordre et mêlées à des promenades dans le vieux Québec, au sommet des gratte-ciel, ou à une quinzaine d'heures d’Aïkibudo dans le superbe Dojo de Beauport.

Hospitalité indescriptible. Moi-même et mon épouse chez Daniel Tabouret et Lisette Mercier-Tabouret, Éric et Catherine chez Richard Savard, seigneur de l'île d'Orléans, Jojo et Marie-Claude chez Fernande « Fanny » Grenier, la terreur des siffleux, Martine chez Mario et Marylin « l'Américaine » Venditti, les amoureux poètes et leur chien monsieur Boule.

Épluchettes de blé d'Inde, pots de bière à la Ribouldingue, plats végétariens succulents au Mille-Feuilles, délicat repas au restaurant japonais où l'on apporte sa bière, safari moto à quatre roues chez Donald Caron.

Lundi 21 août, nous rembarquons dans le bus de « l’Élite sportive de Beauport », à destination de Montréal, fief de Raymond Damblant Sensei.

 

097.jpg

099.jpg

Après l'immense village à l'Anglaise et les grands espaces du Nord-Ouest, c'est le choc de la grand-ville à l'Américaine. Quadrillage d'avenues, gratte-ciel, parcs grouillant d'écureuils et de marmottes, quartiers résidentiels cossus, clochards et mendiants dans le métro, riches rues commerçantes et anglophones, ruelles jonchées de papiers gras, aux poubelles débordantes et aux escaliers de secours pendouillant tout rouillés comme dans « Starsky et Hutch » !

Un peu désemparé, le groupe, guidé par l'indispensable André Cannas, va découvrir Montréal underground ou nocturne. Jeudi soir, je dirige un cours à l'Hakudokan de Raymond Damblant. Je connais déjà Pascal, Robert, Roger, Linda et quelques autres. Le courant passe. Une amitié naîtra avec Nicole, l'ostéopathe et « Bilbo », le petit lutin... Mes élèves et ceux de Raymond se retrouveront pour un entraînement commun d’Aïkibudo, puis un autre de Kobudo. Rendez-vous sont pris pour les Montréalais en Haute-Normandie.

Sugino Sensei et son fils débarquent à Montréal dans la nuit du 27 au 28. Je les croiserai au petit déjeuner pour un Ohayo Gozaimasu et un Sayonara.

Le Lockheed 10-11 a décollé de Mirabelle à dix-neuf heures dix. Voyage rapide, une heure et demie de moins qu'à l'aller, ponctué par un apéritif, un repas chaud, la projection de « Qui veut la peau de Roger Rabbit », à ne pas confondre avec « Qui veut la b... ». Orly, sept heures trente. Autoroute A13. Saint-Léger-du-Bourg-Denis. Débarquement dans la réalité. Les rues étroites, les logements étriqués, la mauvaise herbe. Rêve du Québec...

  

 

Il fut bien sûr tourné des heures de vidéo durant ce séjour et ceux qui ont suivi. En ces temps anciens, et en Amérique du Nord, il s’agissait du format NTSC (Neither The Same Colour pour les initiés) 60 périodes, 30 images par seconde contre 50 périodes, 25 images par seconde pour le SECAM français ou le PAL européen de l’époque… Pas question, donc, d’en emporter une copie.

Après quelques années d’absence, je retournai à Montréal en 2005 et je découvris, dans la vidéothèque de mon hôtesse, l’intégrale de mes stages au Québec à côté de celle de not’ bon Maître ! Hélas, toujours au même format exotique.

C’est là qu’intervient le génial Gustavo : il dispose déjà d’un système de numérisation au format VOB, celui des DVD. Après des heures passées à mouliner, sa machine nous fournit ce trésor historique sous forme de 4 DVD.  Quant au résultat... Les petites cassettes du caméscope ont été transférées sur une grande cassette pour magnétoscope qui a été recopiée puis numérisée... J’ai extrait un fichier VOB du DVD pour le convertir au format AVI afin de pouvoir en extraire une séquence et la diffuser sur le Blog... J’ai converti l’image en noir et blanc et je l’ai redimensionnée pour supprimer l’effet de moirage des couleurs. Il reste le son ! Il y a peut-être quelque chose à faire, par exemple le couper !

Voilà le résultat : en ce temps-là, nous pratiquions encore un Kata de clés et immobilisations. Qui d’entre vous se le rappelle encore ?

 


signature message 

6e dan 2F3A 1991

7e dan FIAB 2011

2e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

mort-de-rire-copie-1.gif

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

mort-de-rire

 


Partager cet article
Repost0

Visiteurs

calendrier national 2014/2015

Articles RÉCents

Sondage

"Que peut apporter un livre, parallèlement à la pratique?"

Cette question vous inspire-t-elle? Utilisez-vous le petit manuel gris? Qu'en pensez-vous? Que souhaiteriez-vous trouver dans un nouveau manuel? Vous pouvez insérer vos commentaires en cliquant sur Questions/Réponses ou m'adresser un message en cliquant sur le lien Contact(écrit aussi en tout petit, en bas de page...)
Quelques réponses au sondage :
Du livre et de son usage

Brèves

Vous vous gaussez volontiers de ces petits vieux qui traînent leur arthrose sur le tatami... Vous doutez de leur efficacité...

Alors, allez voir , tout en bas de la page. Et après, vous direz : " Respect, l'Ancien ! " 


C'est la rentrée?

23 septembre, c'est l'automne. Non, c'est la fête à Neuneu, ça mitraille dans tous les coins. Vous ne le saviez pas? Tuer est aussi un loisir.



En quelle année le Cera a-t-il été créé?

Parution au Journal Officiel N°13 du 16 janvier 1975, page 685 :
19 décembre 1974. Déclaration à la préfecture de police. Cercle d'étude et de recherche sur l'aïkido. Objet : étude et recherche des différentes techniques et leur pratique au travers des différentes écoles pratiquant l'aïkido. Siège social : 103, avenue Parmentier, 75011 Paris.
Une histoire du Cera

 


Xavier-2.gif
Le nouveau coq dansa...


Pire de pire...
Beaucoup d'entre vous ont suggéré, suite au sondage sur Le livre et son usage
, l'édition d'un DVD présentant l'ensemble du programme sous forme de vidéos. Outil remarquable, en effet, sauf que...
Connaissez-vous le p2p, abréviation de peer to peer, qui pourrait se traduite par d'égal à égal? C'est un système qui permet de télécharger gratuitement toutes sortes de vidéos, mp3, etc...
homme-53.gif
Étant très curieux de nature, je suis allé voir ce qui s'y passe et, comme j'ai des idées très originales, j'ai lancé une recherche sur Aïkibudo. Et que croyez-vous qu'il se passa? J'ai trouvé un fichier intitulé Aïkibudo, tradition et évolution et il s'agit bien du contenu de notre cassette.
Alors, pensez-vous qu'il soit raisonnable d'investir beaucoup, beaucoup d'énergie et de moyens financiers pour éditer un document dont le contenu sera aussitôt en libre-service chez la Mule?