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14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 12:22

« Mon cher Guillaume,
Quelles sont les conditions de circulation chez toi ? Ici, j'ai été bloqué, je devais aller à la clinique du Cèdre à Bois-guillaume mais la route était fermée. Elle est encore fermée ce soir. Avec les températures prévues pour demain, l'amélioration n'est pas garantie...
Serait-il plus sage d'annuler le cours ? Je pense que pour les Caudebécais, les conditions seront encore plus mauvaises.
J'attends ton avis. Si nous annulons, je préviendrai quand même Laure-Line.
Bonne soirée.
André.


Cher André,
Je pense effectivement qu'il serait plus sage d'annuler pour demain.
Reste au chaud chez toi.
J'irai tout de même au dojo pour faire cours aux plus téméraires s'il y en a ... Verra bien
J'envoie un sms aux bourdeneysiens pour les prévenir, je te laisse le soin de prévenir Laure-line car je n'ai pas ses coordonnées.
Bises
Guillaume »

 

Non, chers Québécois moqueurs et autre non moins moqueur Normand exilé en Haute-Savoie, ce ne sont pas 20 cm de neige qui vont nous inquiéter. Mais des congères de 80 cm de hauteur, c'est plutôt difficile à franchir avec un Berlingo. Je ne peux plus me déplacer comme ça :

    patin    

et mercredi soir, la longue descente vers Fontaine le Bourg était une redoutable patinoire. J'ai bien fait de rester au chaud comme me le recommandait Guillaume !

Ce matin, quand je me suis levé, il neigeait encore à gros flocons. Toutefois, le ciel bleuissait à l'est. Puis le soleil s'est imposé et j'ai pu saisir quelques belles images...

 

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A.照り絵

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 19:06

 

En feuilletant un petit bouquin poussièreux retrouvé tout en haut de ma bibliothèque, je me suis arrêté sur une image qui a connu son heure de célébrité il y a une vingtaine d'années.

 

Deux personnages sont figés dans une pose a priori inconfortable.Tori semble avoir l'intention de charger sur son dos Uke qui paraît bien passif.

obata-1.jpg

Difficile de savoir qui a attaqué l’autre... le plus vraisemblable serait que Tori soit l’agresseur.

Tori : il est de guingois et s’il a vraiment l’intention de soulever Uke, il est évident qu’il ne peut y parvenir car il a perdu sa verticalité. Sa main gauche s'agrippe à la manche du kimono de son partenaire qu’il déshabille plutôt qu’il ne le contrôle.

Uke : il semble plutôt indifférent à ce qui se passe, il ne manifeste guère d'intention de réagir...

On peut se demander pourquoi il reste bras ballant alors qu’il lui serait possible de se dégager de multiples façons :

-       la plus visible : utiliser son bras libre pour encercler la tête de Tori, lui placer les doigts dans les yeux, dans le nez, lui tirer une oreille...

-      la plus évidente : effectuer Nagashi en tirant son bras droit hors de la manche du kimono. L’accompagner d’une simple action de sa main libre sur l’épaule ferait tomber Tori sur le dos.

-      le petit plus : un coup de pied dans le creux poplité gauche.

Notre Maître fondateur dit : « L’Aïkibudo, c’est le mouvement ». Un concept essentiel de son Art est le maintien de la verticalité. Une pratique réaliste implique la mise en sécurité de soi-même.

Cette photo résumerait tout ce qu’il ne faut pas faire !

De quelle technique s’agit-il donc là ?

 

Ce petit bouquin aurait dû rester anecdotique, il eut pourtant un certain succès dans notre petit monde... Peut-être la référence à l’Aïkijutsu et l’espoir de découvrir des techniques secrètes ?

En fait, il ne résistait pas à une rapide analyse : toutes les techniques semblent présentées en Chika Ma et, curieusement, c’est celui qui saisit qui porte la technique... Comme dans cette vidéo « Aïkido self defense », du même auteur :

 

 

où  il ne se préoccupe guère de la verticalité.

Qu’est-ce qui a tant intéressé les jeunes pratiquants de cette époque ? Une légende : Yama Arashi, la Tempête dans la montagne.

Cette technique appartient à la légende du Judo. C’est grâce à elle que le petit Shiro Saïgo, le « chat du Kodokan », a vaincu Entaro Koshi le « démon de l'école Tokuza ».

 

Shiro-Saigo.jpg

Shiro Saïgo

La voici démontrée par Kyuzo Mifune :

 

 

Elle n’est plus pratiquée qu’à titre anecdotique, ce qui fait qu’elle a été peu ou prou oubliée. Elle ne figurait pas dans la pléthorique « méthode Kawaishi » par contre je l’ai retrouvée dans mon vieux « Manuel pratique de Judo » de Robert Lasserre :

 yama-arashi1.jpg

Les lignes directionnelles montrent bien le respect de la verticalité. « Voyons, Sensei André, l’axe est oblique... – Il me semble, Petit Scarabée, que tu ne connais pas le principe du gyroscope ? Regarde bien : 

gyro

Il ne perd pas sa verticalité, il la transfère dans son plan de rotation.

 

Sutemi-3.jpg

 

 

Dans cet éducatif, Guillaume, comme le gyroscope, transfère sa verticalité sans briser son axe.

 

« Pour ma part, j'avais surtout été impressionné par la pratique de Yoshio Sugino Sensei, lors de sa première visite en France. Malgré son âge avancé, il avait une facilité étonnante de se déplacer tout en conservant une fluidité dans ses gestes et une verticalité dans sa stature, le tout dans la maîtrise de l'instant, j'ai tout de suite compris l'importance que pouvait représenter l'étude du Katori pour la pratique Aïkibudo. » se rappelle Daniel Dubreuil.
Le respect de la verticalité est un des principes de l’Aïkibudo. On retrouve ce principe du transfert de la verticalité dans l'art du Sutemi... sinon on s’assoit ! 

Revenons à Yama Arashi tel qu’il est démontré dans ce petit manuel d'Aikijutsu :

 

 YR

Il est porté en Chika Ma, les 2 adversaires sont en Kumi Kata, comme pour un Randori de Judo. Dans le 2ème temps, Tori fait la « brouette », pratique de blocage en Judo. Il entre en cassant son axe, agrippé à la manche du kimono de Uke.

En fait, il pourrait s'agir d'une vague interprétation de Seoi Otoshi, présenté dans les vieux manuels de Kawaishi et Lasserre :

 

seoi otoshi

 

Cette technique, rebaptisée d'un nom mythique, a pu séduire des pratiquants débutants. Il ne faudrait pas que ce type d'image, fixe ou vidéo, crée des foyers de pollution dans notre École, que ce soit par la régression de la « forme de corps » ou par la reproduction de cette image jusqu'à la caricature !

En effet, nombre de nos jeunes pratiquants n'ont qu'une connaissance superficielle de notre histoire et de notre technique. Voyez donc tous ces liens proposés sur Facebook, ciblant vers du « tape-à-l’œil »… Des personnages parfois hostiles à notre École, des séquences de techniques douteuses, l'Internet est un gigantesque bazar où on peut se procurer... le pire ! On y parle d'Aïkibudo Yoseikan, d'Aïkibudo vietnamien... Notre Art n'étant pas une marque déposée, n'importe qui peut s'attribuer son nom.

Jeunes gens (pour moi, quadras ou quinquas sont encore des jeunes gens !), de France, de Belgique, du Québec et d’ailleurs, si heureux de partager votre émerveillement devant une vidéo piochée sur Youtube ou ailleurs, avant de mettre un lien en ligne, exercez votre sens critique, ne vous laissez pas éblouir par les paillettes, par l’esbroufe :

-      Uke est-il sincère dans ses attaques ?

-      Tori s'insère-t-il dans la dynamique de l'attaque pour la canaliser ?

-      Se met-il en sécurité ?

-      Respecte-t-il sa verticalité ?

-      S'il projette en Sutemi, a-t-il tendance à s'asseoir ?

-      Le mouvement  vous semble-t-il fluide, réaliste, esthétique ?

-      Le nom de l'École vous paraît-il « historique » ?

N'hésitez pas à consulter un Kodansha, censé connaître notre histoire, susceptible de connaître le personnage auquel vous vous apprêtez à offrir une publicité peut-être injustifiée : l’information numérique se répand rapidement, de façon incontrôlable.

Du fait de notre petit nombre, de notre exigence, de notre proximité avec le Sensei, nous sommes bel et bien une École Traditionnelle. Tout ce que vous présentez en tant que pratiquant de l'Aïkibudo, démonstrations, écrits, affiches, liens... implique l'ensemble des pratiquants de l'École, engage le Sensei. Par maladresse ou par ignorance, il est facile de causer du tort à l'École et au Maître fondateur.

 

Catherine Gaillet (psychothérapeute) : Notre verticalité ne nous quitte jamais, nous la transportons avec nous tout le temps. Quand vous vous mettez debout, vous le faites avec toute votre histoire. Tout ce qui vous est arrivé, toutes les tensions, les choses difficiles, affectives, aussi bien que les ouvertures, la créativité, tout ce qui a traversé votre corps sont là, avec vous, au zénith de vous-même. C’est obligatoire.

 

Un soufi : La verticalité ouvre le champ de la spiritualité, de la hauteur, du recul, la Voie... Prendre le chemin de la verticalité, c’est aussi « creuser » en soi...

 

 

Ne te plains pas de l’obscurité. Deviens une petite lumière. (Li Van Pho philosophe chinois du 3ème siècle)

le-baton-contre-l--epee-trans-at-mini.gif

 

A.照り絵

 

Nous sommes en deuil. Masamichi Noro Sensei, fondateur du Ki no Michi, nous a quittés vendredi 15 mars. Il avait 78 ans.

Noro.jpg

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 17:13

 

Un bon pratiquant de sabre ignorant tout des katas anéantirait en une seconde quelqu’un qui connaîtrait tous les katas mais n’aurait pas travaillé le fond, le sens de la coupe (citation dont j’ai oublié l’auteur... Serait-ce notre bon Sensei ?).

 

Mon fils fut autrefois un brillant petit Aïkibudoka. À 13 ans, il lui arrivait de nous reprendre au Bojutsu voire à la Naginata… Il brillait aussi au tennis de table. Il fut sollicité par le patinage artistique. Puis il fut attiré par le tennis sur court… Il se convertit au squash puis à l’escalade. Bref, il était très doué et voulait toucher à tout. Vers 40 ans, il éprouva la nostalgie du tatami et s’inscrivit au club de Judo où son fils commençait déjà à collectionner les médailles.  Un cours « vétérans » de 21 h à 22 h 30, il faut le vouloir ! Et, semble-t-il, il franchit allègrement les étapes, devenant un technicien respectable promu Uke du professeur.  La semaine dernière, il a passé un grade. Prestation technique parfaite. Et le prof évoque l’éventualité de la compétition. Les cours sont très techniques et les entraînements se terminent avec des Shiaï, qui sont des sortes d’assauts codifiés. La compétition, ça passe par le Randori et là… le beau geste technique ne passe plus, il faut l’adapter,  il faut tout remettre en question.

 

Le rassurant de l'équilibre, c'est que rien ne bouge. Le vrai de l'équilibre, c'est qu'il suffit d'un souffle pour tout faire bouger.  (Julien Gracq)

 

Et quid de notre Art ? L’Aïkibudo est né du mouvement, a dit notre bon Sensei... Le mouvement se réalise dans le Randori. Entrer, se déplacer, projeter et/ou immobiliser. Simple, non ? La dernière fois, j’ai parlé de gammes, d’arpèges. Je les classerais en 3 séries :

 

-      Apprendre à placer le centre de gravité dans le polygone de sustentation : centrer sa force pour utiliser la force de l’adversaire en respectant sa propre verticalité de façon o maîtriser la sensation de ses appuis sur le tatami (Te Hodoki et leurs prolongements techniques en Chika Ma)

-      Apprendre à contrôler le centre de gravité : maîtriser la roulade puis la chute façon à apprivoiser la surface du tatami

-      Apprendre à mobiliser le centre de gravité : se déplacer (précision de l’entrée suivie de O Irimi) de façon à maîtriser l’environnement immédiat, l’espace au-dessus du tatami.

 

Le mouvement dort au milieu d’une roue qui tourne. (Jean Cocteau) 

 

Yapuka pratiquer Chika Ma en mouvement ! Sauf que l’entrée exige une grande précision pour se mettre en sécurité. Depuis 6 mois, je montre à mes stagiaires leurs innombrables faiblesses, les occasions offertes à un Uke vigilant de s’échapper ou de porter un coup. Le Randori, c’est aussi le Kaeshi Waza sans lequel tout n’est que gesticulation.

 

Si ton oeil était plus aigu tu verrais tout en mouvement. (Friedrich Nietzsche)

 

Mon projet est d’abord d’amener mes Yudansha à un excellent niveau de Randori. À leur charge de préparer les Kyu qui me semblent légers dans le domaine du Chika Ma. J’y reviendrai au 3ème trimestre car je ne suis pas sûr qu’ils aient même une bonne connaissance des Te Hodoki.

Le cours sera donc construit pour moitié sur roulades et chutes sans lesquelles il est impossible de pratiquer un Randori convenable puis sur une série d’« arpèges ».

 

大は小を兼ねる 

Dai Ha Shô Wo KaNeRu

Ce qui est grand cumule les fonctions de ce qui est petit

 

Je tiens encore à préciser que les vidéos qui illustrent cet article n’ont pas pour objet de servir d’exemples. Mon but est simplement d’essayer de donner un aperçu de l’ambiance du cours et d’analyser les difficultés des élèves. Prendre conscience de ses erreurs permet de progresser et de prendre conscience des erreurs commises par ses partenaires.

 

朱に交じれば赤くなる 

Shu Ni MaJiReBa AKaKu NaRu

Qui se mélange avec du vermillon, devient rouge

 

 

 

 

 

 

たたけよさらば開かれん 

TaTaKe Yo SaRaBa HiraKaReN

Frappe ! Et ce qui refuse de s'ouvrir sera du passé.

 

Cet exercice est très simple : attaque Choko Tsuki à droite, entrée O Irimi. Tori porte Kote Gaeshi avec une simple rotation des hanches, à l'issue du mouvement, il a changé de garde et est prêt à répondre à Choko Tsuki à gauche.

 

Même attaque. Tori exécute Nagashi à la suite de O Irimi de façon à s'éloigner de Uke en tirant sur son bras et place Neji Kote Gaeshi. De ce fait, il se retrouve dans la même garde et doit effectuer Henka pour être bien placé face à l'attaque suivante. Dans la seconde partie, on voit que la rotation de Stéphanie est insuffisante et qu'elle est mal placée pour porter Neji Kote Gaeshi.

 

Sur Tsuki Jodan, Mélanie va porter Robuse modifié à la fin du mouvement pour projeter Uke. Elle veille à contrôler l'attaque derrière le coude en repoussant le bras de Tori sans le relever. La seconde main s'applique fortement sur l'articulation de l'épaule pour contraindre Uke à descendre. Ses 2 mains se déplacent simultanément sur le bras pour contrôler en Robuse. Si ces points ne sont pas respectés, Uke doit réagir en se relevant.

 

Sur Tsuki Jodan, Mélanie porte Mukae Daoshi. Elle contrôle le bras de Uke derrière le coude comme précédemment puis va contrôler l'autre épaule. Elle descend en Kiba Dachi et utilise la tentative de Uke de remonter pour le renverser en se replaçant en Kiba Dachi. Dans la première partie, les Kiba Dachi sont faibles mais la posture est correcte. Dans la seconde, Mélanie ne respecte plus sa verticalité et Jeannot pouvait s'échapper vers l'avant éventuellement en portant Mae Hiki Otoshi. Pour Mélanie, c'était l'opportunité de Ushiro Kata Otoshi. Nous sommes en situation de Kaeshi Waza.

 

Cette situation est particulièrement visible ici. À l'issue de son premier mouvement sur Jeannot, on s'attend à ce qu'elle place Ushiro Kata Otoshi. Durant tout l'exercice, elle est désaxée et ses partenaires auraient impérativement dû porter Mae Hiki Otoshi !

La respect de la verticalité est une spécificité de notre Art. C'est un des grands apports de notre rencontre avec Yoshio Sugino Sensei. « Pour ma part, j'avais surtout été impressionné par la ppratique de Yoshio Sugino Sensei, lors de sa première visite en France. Malgré son âge avancé, il avait une facilité étonnante de se déplacer tout en conservant une fluidité dans ses gestes et une verticalité dans sa stature, le tout dans la maîtrise de l'instant, j'ai tout de suite compris l'importance que pouvait représenter l'étude du Katori pour la pratique Aïkibudo. » nous raconte Daniel Dubreuil dans la dernière Lettre du Cera.

 

Quand les élèves sont bons, le professeur devient encore plus exigeant, souvent de façon inconsciente. Le travail a été très précis, avec de nombreuses remises en cause. Les exercices sur entrées intérieures, prévues sur Choko Tsuki et Tsuki Chudan, seront portées sur Omote Yokomen Uchi. Shiho Nage ne devrait pas présenter de problème. Points à respecter : entrée en préservant sa sécurité, déséquilibrer Uke de l'entrée à la projection. C'est une sensation analogue à Neji Kote Gaeshi...

 

Jeannot maîtrise le mouvement. À l'issue du Shiho Nage, Tori a changé de garde et se trouve bien placé pour recevoir l'attaque suivante. Cet exercice peut être pratiqué de façon « relaxante ».

 

桃李もの言わざれども下自ずから蹊を成す 

TôRi MoNo IWaZaReDoMo ShitaOnoZuKaRa Michi Wo NaSu

Les pruniers et les pêchers ne disent rien. Pourtant, les gens aiment à se rassembler sous ces arbres.

 

Randori. Le cours a été intense et exigeant. Les élèves ont besoin de se détendre, ce sera donc un Randori « recréation ». Exceptionnellement, je permets aux Yudansha de se défouler entre eux sur Omote Yokomen Uchi.Je leur suggère de tenter de placer Neji Kote Gaeshi bien que ce soit une technique extérieure. Ils pourront découvrir des sensations utiles pour le placer correctement sur un Tsuki.

Les Kyu se débrouilleront bien avec le petit bagage d’éducatifs étudiés ce soir.

 

Si aujourd'hui, ici-bas, une foule d'individus désirait le bonheur plutôt que le malheur des autres, il suffirait de quelques années pour que la terre soit un paradis.  (Bertrand Russell)

 

 

 

 

aiki randori 3

 


P.S. merci à Loris Petris qui a émaillé son très bel article sur le mouvement, dans la dernière Lettre du Cera, de quelques citations que je lui ai empruntées.

A.照り絵 / 七段 教士 FIAB

 

 

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 15:44

 

Une vision sans action est un rêve mais une action sans vision est un cauchemar.  (Proverbe japonais)

 

Ce n’est plus de la dépression saisonnière, n’y a plus de saison, ma bonne dame, mais c’est du ras la couette : Lubrizol m'a tuer !  ch’uis fatigué ! La preuve, hier soir, j’ai oublié mon caméscope. Ni vidéo ni photo cette semaine. Tout juste un résumé du cours. Comme au temps jadis où je n’avais pas de boîte à images et où je balbutiais mes premiers articles.

Non, ch’uis pas de mauvais poil, comme je viens de l’entendre grommeler. D’abord parce que le dojo était bien chauffé, ensuite parce que les 7 Yudansha et les 5 Kyu se sont donnés à fond pendant 2 heures, et qu’ils ont quitté le Tatami trempés de sueur et agrémentés d’un sourire qui s’ouvrait d’une oreille à l’autre.

 

Il y a beaucoup de gens dont la facilité à parler ne vient que de l'impuissance de se taire. (Edmond Rostand)

 

J’avais commencé à rédiger un essai sur les « Arts Martiaux au féminin », une sorte de suite à mon article sur « Les Passantes »… Je n’en étais pas satisfait car je me laissais trop porter par des souvenirs trop personnels… je radotais quoique je me croie encore jeune d’esprit malgré mon genou de petit vieux.

Impossible, cette semaine, d'allumer la radio en fond sonore sans entendre bavasser jusqu’à la nausée sur la Saint Valentin, opération mercantile très lucrative revue à la sauce américaine dans la lignée du père Noël, d’Halloween et des hedge funds…

Et pour illustrer brillamment leur inculture, les chroniqueurs vont consommer à toutes les sauces le mot « romantique » au lieu de « romanesque », confondant allégrement Marc Lévy et Victor Hugo !

 

Le cœur de l'homme devient dur lorsqu'il s'éloigne de la nature. (Standing Bear)

 

L'adjectif « romantique » était, au dix-septième siècle, synonyme de « romanesque ». J.J. Rousseau l'employa plus tard dans Les Rêveries du promeneur solitaire pour caractériser la sauvagerie pittoresque des rives du lac de Bienne.

Romanesque et romantique sont aujourd’hui presque synonymes, c’est pourquoi on emploie volontiers le second à la place du premier. Il y a pourtant une nuance.

Est romanesque ce qui relève du roman, récit consacré à des personnages en général imaginaires, et détaillant des sentiments, des aventures, des événements. Romantique, mot né en Angleterre avant d’être adopté en Allemagne, puis dans les autres pays, comprend tout cela mais a été complété par le sens d’œuvre inspirée par le Moyen-Âge, en opposition au mot classique, qui définit les œuvres inspirées par l’Antiquité.

Il existe donc de la musique romantique et de la peinture romantique, mais pas de musique ni de peinture romanesque.

Le romantisme exprime aussi l'aspiration à la liberté politique que manifestaient alors la plupart des peuples européens.

« Le romantisme, tant de fois mal défini, n’est, à tout prendre, et c’est sa définition réelle, que le libéralisme en littérature. » (Victor Hugo)

 

« Alors là, Sensei André, vous êtes vraiment de très mauvais poil !

- Mais non, petit scarabée, je cherche une habile transition pour glisser mon essai sur les Arts Martiaux au féminin à la place des photos et vidéos censées illustrer ce cours du 13 février 2013… 

- Je reconnais bien là votre Art si subtil, Sensei Dd ! »

 

遠くて近きは男女の仲 

TooKuTe Chikaki Ha DanJô No Naka

À la fois éloignée et proche, telle est la relation homme-femme

Arts martiaux au féminin

Six mois... ça doit bien faire six mois que le soleil ne se manifeste qu'avec la plus grande parcimonie. À un été plutôt maussade succède un interminable automne. Les petits vieux ont besoin de lumière, de soleil pour survivre... Et quoi de plus lumineux que le souvenir de toutes celles que nous avons croisées ?

J'ai relu mon article préféré, Les Passantes, que j'avais publié le 24 mai 2010. Et j'ai retrouvé un immense plaisir à écouter Brassens chanter le beau poème d'Antoine Pol.

 

femmes aïki (5)-copie-1

cliquez sur l'image pour revoir Les Passantes

 

Mon premier club, ouvert en 1969, pouvait s'enorgueillir d'un joli bouquet de jeunes pratiquantes. Dommage, celles-là n'ont fait que passer.

Je crois que j'ai toujours eu plus d'amitiés féminines que masculines. En classe, je cherchais toujours à m'asseoir près d'une fille, préférant parler de poésie ou de l'air du temps plutôt que de commenter les matches de foot ! En 6ème, Viviane avait insulté la prof de math qui m'avait humilié devant tous les autres élèves rassemblés avant le spectacle annuel. En 4ème, la douce Annick admirait mes talents de dessinateur et d'écrivain en herbe. En 3ème, Denise et Monique aimaient bien que je les accompagne chez elles le dimanche matin, quand nous nous rencontrions chez le boulanger mais j'étais surtout amoureux de Miedge aux longs cheveux noirs et aux yeux en amande...

Devenu adulte, j'avais remarqué, au cours de réunions professionnelles ou amicales, que les hommes avaient tendance à se regrouper entre hommes et les femmes entre femmes. D'un côté ça commente les rencontres de foot ou de tennis, en face ça papote en se racontant des histoires grivoises. J'ai le plus souvent possible fait groupe à part avec une adepte de la mixité !

 

jeunes pousses

 

En 1944, les garçons jouaient à la guerre, se prenaient pour des résistants ou des francs-tireurs... Je préférais me faire câliner par les petites blondinettes qui raffolaient de mes bouclettes blondes...

 

1946-page-d-un-jour.jpg

 

En 1945, j'ai obtenu qu'on me coupe les cheveux pour enfin ressembler à un garçon. Mais ce n'est pas pour ça ni parce que j'étais le seul élément mâle en compagnie des premières « reines d'un jour » de l'après-guerre que j'avais l'air si sérieux : je croyais assister à... mon mariage ! La petite Anne-Marie fut ma première fiancée.

 

 

En 1947, cette jeune femme est loin d'être ridicule et sa démonstration plane très haut au-dessus de ce qu'on pouvait voir à l'époque (voire de nos jours...). Je crois que si je l'avais rencontrée, son image aurait peuplé mes nuits car je l'aurais trouvée très jolie. Toutefois, ce n'est qu'en 1948 que j'entendis parler des Arts Martiaux, par mon frère qui avait été initié au Judo au collège. Mais je m'entraînais assidûment au maniement du bâton pour être admis dans la bande de Robin des Bois.

 

 

À Lembrun, 65 ans plus tard, notre Mélanie de Bourdeny n'est pas mal non plus, d'autant qu'elle n'avait pas eu le temps de répéter son double Tomoe Nage avant d'être filmée pour la postérité.

 

Aikibudo-feminin.jpg

cliquez sur l'image pour l'agrandir

 

L'Aïkibudo au féminin en bande dessinée ! J'ai trouvé cette BD en avril 2003... Je ne sais plus comment elle m'est parvenue. L'avez-vous déjà vue ? En connaissez-vous l'auteur ?

 

L'auteur écrit une pièce, les acteurs en jouent une autre et le public en comprend une troisième. (Charles Baret)

 

Notre corps est comme un instrument de musique. Le Randori est le morceau que nous interprétons, chansonnette ou symphonie, suivant notre sensibilité et notre niveau de maîtrise.

Mon très cher ami Philippe me comprendra, lui qui joue en virtuose de l’instrument le plus sensuel qui soit, la guitare.

Trois accords tout simples, do, sol 7 et fa, vous permettent de flirter en mode majeur dans le monde de la chanson folk. Un la m vous soutirera quelques soupirs de nostalgie. Un simple picking soutenu par une basse rythmée inlassablement avec le pouce mettra un véritable orchestre à votre disposition.

Changez de tonalité, faites pleurer votre guitare avec les 3 accords mi, la et si 7 et renaissez dans les sanglots du blues.

Transposez vos gammes dans le mode vibratoire de votre corps, laissez-le émettre des harmoniques… et vous comprenez le pourquoi des Te Hodoki, des Tai Sabaki, des Kihon, des Kata… les éducatifs sont les arpèges qui vous éduquent dans les différents niveaux d’interprétation.

Peut-être ainsi parviendrez-vous à effleurer玉心流, Gyokushin, l’esprit sphérique que Mochizuki Minoru Sensei ne comprit qu'au bout de 50 années de pratique…

 

後生畏るべし 

KôSei OsoRuBeShi

Nouvelle génération qui promet

 

« Quelle musique nous jouez-vous là, vénéré Sensei ? Qu’en est-il du bilan…

- Patience, petit grillon, patience, tout vient à point à qui sait entendre.

- Attendre, Sensei, à qui sait attendre…

- Si tu veux, petite sauterelle, si tu veux. »

 

 

 

二度あることは三度ある 

Ni Do ARu KoTo Ha San Do ARu

Quelque chose qui a eu lieu deux fois aura lieu une troisième fois

 

Échauffement dirigé par Jeannot

Ukemi Waza

- Chute latérale : fléchir une jambe, laisser glisser l’autre vers l’avant, réception sur le flanc avec brise-chute, travail sur la posture de réception.

- Tori saisit fermement le bras de Uke qui lance ses 2 jambes vers l’avant. Tori le retient pour amortir sa chute, réception comme précédemment.

- Uke porte Tsuki Jodan à Tori qui s’accroupit, Uke chute par-dessus Tori.

- Tori pose un genou au sol, il saisit le poignet extérieur de Uke et l’applique fermement sur sa cuisse. Uke saisit le poignet de Tori en se déséquilibrant vers l’avant pour chuter. Tori amortit la chute de Uke en le soulevant légèrement. Contrôle de la posture de réception.

- Uke s’allonge sur le dos, Tori se place au-dessus de lui et se penche pour saisir ses chevilles. Uke saisit les chevilles de Tori qui part en roulade avant. Uke suit le mouvement et roule…

Éducatifs

- 2 Uke vont attaquer Tsuki Jodan à droite. Tori effectue O Irimi et porte Kote Gaeshi. L’accent est mis sur la précision de l’entrée.

- Uke 1 attaque à droite, Uke 2 attaque à gauche. Tori doit adapter son déplacement pour ne pas se retrouver à contre-pied.

- Uke 1 attaque à droite, Uke 2 attaque à gauche. Tori effectue O Irimi et porte Robuse puis effectue une rotation du bassin pour placer le genou au sol. Il pousse Uke en tendant les bras pour le faire rouler.

- Uke 1 attaque à droite, Uke 2 attaque à gauche. Tori effectue O Irimi et place Ushiro Kata Otoshi. Il adapte son O Irimi qui diffère de la forme utilisée dans les 2 éducatifs précédents. Ushiro Kata Otoshi est un enchaînement sur Mukae Daoshi auquel Uke tente d'échapper en avançant.

Randori en ligne

 

aiki yuki chigae 3

 

A.照り絵

 

 

 

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 11:01

 

« - Quel est votre secret pour avoir du succès ? - Offrir du bon miel à la bonne mouche au bon moment et au bon endroit. » (Salvador Dali)

 

Il semblerait que les Bourdenysiens se soient quelque peu engourdis car, ce soir, les premiers arrivés, après votre serviteur, venaient de Caudebec en Caux, une balade de plus de 40 km. Peut-être un effet tardif de la gigantesque pollution de Lubrizol ?

 

 

« Pas dangereux, rien à craindre ! » nous ont affirmé les pouvoirs publics. Que nous avait-on affirmé, déjà, le 26 avril 1986 ? Ah ! Oui ! « Rien à craindre, le nuage s’est arrêté à la frontière… ». Grâce à la ligne Maginot ? Ils nous prennent vraiment pour des demeurés !

pet.gif

Encore merci, Lubrizol !

Mais ceci est une autre histoire...

Bref, 10 courageux amateurs de sensations fortes étaient présents à 19 h sur le tatami. Et comme le chauffage avait oublié de se mettre à l'ouvrage, il allait falloir s'agiter et brasser beaucoup d'air pour réchauffer le Dojo.

 

叩けば埃が出る / 叩けば埃が立つ 

TataKeBa Hokori Ga DeRu / TataKeBa Hokori Ga TaTsu

Il suffit de frapper pour faire lever la poussière.

 

J’avais bien l’intention de débarrasser tout ce petit monde du moindre grain de poussière ! La structure du cours est simple : la première partie est consacrée aux roulades et chutes, la seconde à diverses activités préparatoires au Randori. Chuter librement dans le temps du déséquilibre. Esquiver, entrer. C’est l’application de notions que les élèves sont censés connaître puisque nous les étudions à chaque cours depuis le début de la saison. Du Savoir au Savoir Faire, il y a un long chemin à parcourir. Nous avons commencé à le défricher.

 

二度あることは三度ある 

Ni Do ARu KoTo Ha San Do ARu

Quelque chose qui a eu lieu deux fois, aura lieu une troisième fois

 

Guillaume dirige l’échauffement et propose quelques séries de roulades élémentaires en conclusion. Je prends le relais pour diriger les éducatifs qui seront démontrés par Guillaume et Mélanie. Nous ne parlerons pas encore d'Ukemi, il s'agit tout d'abord de maîtriser les roulades. Le brise-chute s'imposera de lui-même quand le niveau atteint par la roulade le rendra nécessaire.

 

天は人の下に人を造らず、人の上に人を造らず 

Ten Ha Hito No Shita Ni Hito Wo TsuKuRaZu, Hito No Ue Ni Hito Wo TsuKuRaZu

Les cieux ne créent ni homme supérieur aux autres, ni homme inférieur aux autres.

 

Uke marche. Tori le suit et pousse une épaule en diagonale. Uke effectue une roulade dans le temps de la poussée.
 
Uke trottine. Tori le poursuit et effectue une poussée des 2 mains au niveau des épaules. Attention : il s'agit de pousser avec vigueur, non de frapper. Si Tori ne se laisse pas distancer, Uke doit chuter en continu...
 
Tori marche. Uke le suit et le pousse en diagonale au niveau de l'épaule. Tori pivote, crochète Uke derrière la tête et le projette. Ici, la forme devra être améliorée : Tori peut descendre un genou au sol et accentuer la chute en soulevant la jambe de Uke au niveau du genou.
 

Tori marche. Uke le suit à un pas de distance. Tori s'accroupit en descendant vers les jambes de Uke qui chute par dessus. Les rôles s'inversent après chaque roulade.

 

Uke porte Tsuki Jodan et chute dans la dynamique de l'atémi. Au début de l'exercice, on observe un temps d'arrêt dû à une hésitation de Guillaume. Ce n'est qu'un réflexe et le dernier essai correspond tout à fait à ce qui est demandé.

 

Uke porte Tsuki Jodan. Tori s'accroupit dans les jambes de Uke qui chute, entraîné par son atémi. Dans cet exemple, chacun tient à plusieurs reprises le rôle de Uke avant de changer. Une autre forme s'inspirera du 4ème exercice avec changement de rôle après chaque roulade.
 

Uke porte Tsuki Jodan, recule le pied avant, pivote et chute. Ici, Guillaume lève les 2 bras en pivotant de façon à faire exécuter aux débutants la roulade avec appui sur les 2 mains. Les plus experts n'utilisent que le bras qui vient de porter l'atémi.

 

Application du dernier éducatif : Uke porte Tsuki Jodan. Tori esquive Irimi en contrôlant le bras de Uke au niveau du coude. Il avance la jambe arrière en poussant à l'intérieur du bras de Uke.

 

ならぬ堪忍するが堪忍 

NaRaNu KanNin SuRuGa KanNin

À bout d’endurance, continuer c’est l’endurance.

 

Préparation au Randori esquive / canalisation. Pour obtenir un Randori efficace, avec une bonne maîtrise de l'espace et une perception juste de l'emplacement de l'attaquant, j'exige O Irimi et rien que O Irimi. Dans un premier temps, nous insisterons sur l'esquive, de façon à mettre en place l'entrée de façon répétitive. Nous commençons par Tsuki Chudan.

 

Lorsque l’homme s’habitue à voir les autres porter les chaînes de l’esclavage, c’est qu’il accepte lui-même un jour de les porter. (Abraham Lincoln)

 

Première application :  Tori est au centre d'un groupe de 4 Uke qui vont attaquer alternativement à droite puis à gauche. Une seule série de 4 attaques donne la sensation d'un « assaut » qui doit être net et précis. Ensuite, nous passons à 2 séries d'attaques de façon à obtenir une accélération et amener Tori à aller chercher l'attaque en la provoquant si Uke est hésitant ou inattentif.
 

Dans cette 2ème formule, les attaques s'effectuent en diagonale dans l'ordre N, S, E, O. Cette organisation évite l'instauration de comportements « mécaniques ».

 

Nouvel éducatif basé sur l'esquive auquel on ajoute un déséquilibre. Uke attaque Tsuki Jodan. Tori applique O Irimi tel qu'il a été étudié et de façon répétitive en contrôlant Uke au niveau des épaules. Il éjecte Uke en prenant appui sur ses épaules pour repartir

 

Exercice d'application avec 4 Uke. Il est pratiqué en diagonale. Cet exercice oblige Tori à avancer sur Uke. D'autre part, le rejetant en prenant appui sur ses épaules, il se sent projeté vers l'attaquant suivant. À pratiquer en une seule série d'attaques pour travailler la précision puis en 2 assauts pour percevoir l'accélération des attaques.

 

Il y a beaucoup de gens dont la facilité à parler ne vient que de l'impuissance de se taire. (Edmond Rostand)

 

La séance s'achève sur un Randori en ligne « sans consigne »... C'est en fait une sorte de récréation destinée à évacuer le stress accumulé pendant les 2 heures d'entraînement intense et studieux.

Nous avons abordé ici ces éléments constitutifs d'un Randori :

- organisation de l'espace : Tori doit se déplacer de façon à ne pas se laisser enfermer

- utilisation de la bonne distance : Tori doit prendre l'initiative et aller sans cesse au devant de Uke de façon à provoquer l'attaque et non pas la subir

Il faudra apprendre à économiser son énergie, à placer sa respiration : Tori doit être en mesure de durer plusieurs minutes sans se fatiguer, ce qui ne doit pas être le cas des Uke.

Plus tard, nous aborderons les techniques « imposées » puis nous verrons comment laisser les techniques s'imposer mais ceci est une autre histoire !

  

Le bâton contre l'épée bois gravé

A.照り絵

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 18:24

Il y a à peu près 37 ans, jour pour jour, j’ai reçu une courte lettre (nous n’avions pas encore le téléphone, il fallait patienter au moins 4 ans pour espérer obtenir une ligne…) d’Alain Floquet me disant : « Procure-toi le Journal Officiel n° 13 du 16 janvier 1975 et regarde page 685… », ce que je fis et je lus : 19 décembre 1974. Déclaration à la préfecture de police. Cercle d'étude et de recherche sur l'aïkido. Objet : étude et recherche des différentes techniques et leur pratique au travers des différentes écoles pratiquant l'aïkido. Siège social : 103, avenue Parmentier, 75011 Paris.

J’ai gardé précieusement ce J.O. jusqu’au 8 mai 2009 où, à l’occasion du Jubilé, je l’ai remis à notre Sensei.

Demain, jeudi 24 janvier, va se tenir l’Assemblée Générale du Cera. Je ne pourrai pas y participer et je le regrette. Aussi, faute d’être présent, je voudrais apporter ma modeste contribution en apportant une petite touche supplémentaire à la connaissance de notre histoire. J’ai déjà raconté Une histoire du Cera pour faire savoir définitivement que le CERA n’avait pas été créé en 1973 comme on peut le lire un peu partout sur le Net où tout un chacun s’en va copier/coller des informations piochées ici ou là sans jamais les vérifier.

Avant de me décider à vous raconter Une histoire de l’Aïkibudo, je laisse la parole à Mochizuki Minoru Sensei qui, en 1983, raconte lui-même dans une interview de Stanley Pranin d’où vient son Art et quels ont été ses liens avec Ueshiba Morihei Sensei.

 

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J’ai commencé la pratique du Judo un an avant d’entrer à l’école primaire. Malheureusement, deux ans plus tard nous avons déménagé et j’ai dû interrompre mon entraînement.

De l’autre côté de la rue de notre nouveau domicile, se trouvait un Dojo de Kendo et j’ai commencé à pratiquer cet art. Pendant mes études secondaires, j’ai repris mon entraînement de Judo et je n’ai plus jamais arrêté. Comme je voulais me perfectionner dans cette discipline, je me suis inscrit au Kodokan.

J’étais devenu, l’année précédente, l’élève d’un des professeurs de cette organisation, Sanpo Toku. À cette époque, on disait : « Pour la technique c’est Mifune Senseï mais le démon du Kodokan, c’est Sanpo Toku . » C’était un professeur très puissant et plutôt effrayant. Son Dojo se trouvait à Komatsugawa.

À cette époque, je vivais avec ma sœur et notre maison était toute proche. Je m’entraînai pendant environ six mois avant qu’un nouveau déménagement me permette d’entrer au Kodokan et de devenir Judoka. Je m’étais inscrit au Dojo de Sanpo Sensei en 1924.

 

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le « démon du Kodokan », Sanpo Toku

 

Pendant que je m’y entraînais avec le « démon » Sanpo Toku, j’étudiais aussi une forme ancienne du Jujutsu appelé Gyokushin Ryu. Ce système utilisait de nombreuses techniques de sacrifice et quelques autres qui ressemblaient à celles de l’Aïkido.

À cette époque, le professeur de cette école, Sanjuro Oshima, vivait près du domicile de ma soeur. Il était tout à fait désolé de voir que les styles classiques de Jujutsu disparaissaient et déterminé à éviter la mort de l’art qu’il enseignait. C’est pourquoi il insista pour que je l’étudie avec lui. Je me rendais chez lui, on me servait un délicieux repas, je n’avais pas à payer les cours et l’on me servait ensuite un copieux dîner. C’est ainsi que j’ai étudié le Jujutsu.

Au bout de six mois, il me donna un diplôme appelé le Shoden Kirigami Mokuroku, à peu près équivalent à une ceinture noire premier dan de judo. Ce fut la fin de mes relations avec ce professeur, mais je me souviens encore de ses mots :

« Le nom de notre tradition est Gyokushin Ryu. Ce nom s’écrit avec des caractères (玉心流)qui signifient esprit sphérique. Une balle roule librement. C’est exactement le principe que notre école cherche à faire assimiler par ses membres. Si vous le maîtrisez, rien ne pourra vous renverser. »

A cette époque, je n’étais qu’un enfant et je ne pouvais pas bien comprendre ce qu’il voulait dire. J’imaginais simplement un cœur ou un esprit qui pouvait rouler ici et là. Il faut cinquante ans de pratique pour arriver à comprendre. Cela fait des années que je n’y avais pas pensé.

 

randori au kodokan en 1913

Randori au Kodokan en 1913

 

Parmi les élèves de Jigoro Kano se trouvait un excellent homme du nom d’Okabe, qui était très intelligent et très fort en Judo. Cependant, M. Okabe affirmait que le Judo était un sport. Il disait : « Le Judo est un sport ou ce n’est rien du tout ! »

Kano Sensei aimait beaucoup cet élève mais il ne voulait surtout pas que sa création devienne une simple activité sportive. Tout cela le faisait réfléchir. Si quelqu’un pratique exclusivement le Judo, il se peut que son art devienne purement un sport. Pour cette raison, il introduisit au Kodokan un entraînement dans les arts martiaux classiques et fit construire à cet effet un dojo spécial.

Il voulait donner à tous une idée de ce qu’étaient les anciens Budo et ceux qui étaient intéressés pouvaient s’entraîner librement. Il pensait que s’il pouvait nous amener à comprendre le véritable esprit des arts martiaux traditionnels, nous pourrions le développer en nous par la pratique. C’est la raison pour laquelle il en vint à créer le Kobudo Kenkyukai (Association de recherche dans les Arts Martiaux Classiques).

A peu près à la même époque, je pratiquais le Katori Shinto  Ryu (dans la cadre du Kobudo Kenkyukai). Cet art comprenait des techniques de sabre, de Bo, de Naginata , de Yari, de sabre court, de Jujutsu et des exercices avec les deux sabres.

Je pratiquais toujours le Kendo et je m’entraînais dans différents dojos de cinq à six heures par jour. Avant le petit déjeuner, j’étudiais le Shindo Muso Ryu Jo Jutsu. Je progressais très rapidement.

À peu près à cette époque, Kano Sensei fut invité par l’amiral Isamu Takeshita à une démonstration, donnée par Ueshiba Sensei. Il fut très impressionné et demanda à Maître Ueshiba de bien vouloir accepter d’entraîner quelques-uns des élèves qu’il souhaitait lui envoyer. C’est ainsi que je fus désigné.

 

Mochizuki-Ueshiba.jpg

Mochizuki Sensei au côté de Ueshiba Sensei

 

J’ai tout d’abord pensé qu’il s’agissait d’une activité de plus à mon emploi du temps, déjà très chargé. Kano Sensei nous avait dit : « L’autre jour, j’ai eu la chance de me rendre compte par moi-même du niveau technique d’un professeur de Jujutsu du nom de Ueshiba. Son exécution des mouvements est merveilleuse. J’ai eu l’impression de découvrir les véritables principes du Judo. J’aimerais bien que Ueshiba Sensei vienne enseigner ici au Kodokan, mais c’est un Maître célèbre à part entière et c’est impossible. C’est pourquoi je me suis arrangé pour envoyer quelques-uns de nos élèves étudier avec lui. »

Je compris à son regard appuyé, qu’il aurait voulu que j’y aille. Finalement, un autre garçon nommé Takeda et moi-même fûmes désignés.

C’était en 1930, Maître Ueshiba n’avait pas encore de dojo à lui et il enseignait dans le salon d’une maison privée du quartier de Mejiro à Tokyo. Cependant, peu de temps après notre arrivée, nous nous sommes installés dans le dojo d’Ushigome qui venait d’être terminé. A cette époque, deux autres Uchideshi, Hajime ( Ikkusai Iwata ) de la préfecture d’Aichi, un garçon qui était initialement lutteur de Sumo, et le jeune Tsutomu Yukawa, s’y trouvaient.

Nous étions à peu près cinq ou six. Ueshiba Sensei me dit, alors que j’étais vraiment le nouveau venu : « Ces pensionnaires sont encore très jeunes et j’aimerais beaucoup que tu sois leur superviseur. » J’avais environ vingt-quatre ans à cette époque.

Mochizuki Shiho Nage

Minoru Mochizuki

 

Après cette demande, au cours d’une entrevue avec Maître Kano, je lui dis : « Ueshiba Sensei semble avoir une haute opinion de moi et je deviendrai Menkyo Kaiden en rien de temps. Que pensez-vous de sa proposition de demeurer chez lui pour m’occuper d’un groupe d’élèves ? »

Kano Sensei répondit : « On dit que les autorisations d’enseigner ne sont jamais données aux externes et, dans cette mesure, il n’y a pas d’autre solution. N’oublie pas de me faire ton rapport mensuel. »

J’avais donc la permission de devenir Uchi Deshi. La seule condition qui m’était imposée était de continuer à participer au groupe de recherche sur les arts martiaux traditionnels. Je devins ainsi l’un des assistants de Ueshiba Sensei. Et vous savez, il ne me disait jamais, directement : « Fais ceci ou fais ça ». Quand il montrait une nouvelle technique, Sensei corrigeait individuellement les autres élèves mais jamais moi.

J’observais le mouvement effectué par le professeur, et je le reproduisais exactement. Il avait coutume de dire que j’étais celui dont il n’avait vraiment pas à se préoccuper. Il me suffisait d’observer pour comprendre. J’avais déjà pratiqué pas mal d’arts martiaux et je pouvais assimiler aisément les techniques nouvelles.

Un jour, l’amiral Takeshita m’appela. Il désirait m’informer que Ueshiba Senseï envisageait de faire de moi son gendre et de m’adopter, en me donnant sa fille en mariage et la permission de porter son nom. Que faire ?

Le Katori Shinto  Ryu m’avait déjà fait la même proposition et le président d’une firme de produits pharmaceutiques, proche du domicile de ma sœur, s’était déplacé jusqu’à ma ville natale de Shizuoka pour demander la même chose à ma famille. Et c’est à peine si, en dehors de mes soeurs, je leur adressais la parole. Je n’avais certainement jamais pensé à me marier et je refusais finalement les trois propositions.

 

paraphe-Minoru.jpg

 

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 20:06

Janvier est le mois où l’on offre ses meilleurs voeux à ses amis. Les autres mois sont ceux où ils ne se réaliseront pas. (Georg Christoph Lichtenberg)

 

Guillaume m’a dit que, ce soir, on mangerait la galette des rois. Très bien. J’ai une petite reine, sur le tatami de Saint Léger du Bourg Denis, c’est Mélanie. Alors, pour le premier cours de l’année, c’est Mélanie qui aura le redoutable honneur de diriger l’échauffement puis d’être mon « interprète »...

En janvier, on ne fait pas qu’offrir des vœux qui ne se réaliseront pas durant les mois suivants, c’est aussi le moment de prendre de bonnes résolutions. Qui, la plupart du temps ne seront pas tenues. C’est pourquoi je n’en prends plus guère. Sauf celle-ci : ce second trimestre sera consacré à la pratique du Randori.

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情けは人の為ならず  

NasaKe Ha Hito No Tame NaRaZu

La compassion n'est pas pour autrui

 

Quand j’ai passé mon premier dan, il y aura bientôt… 45 ans, je dirai de façon triviale, mais tellement vraie, que je ne valais pas tripette en connaissances techniques mais que j’étais excellent en Randori et que c’est ce talent qui m’a sauvé la mise.

J’ai toujours cette retenue envers les formes imposées, les Kata, les enchaînements immuables, héritage de l’aversion que j’avais autrefois éprouvée pour les lendits scolaires où des centaines d’écoliers en chemisette blanche et short bleu marine, rassemblés dans un stade, montraient à la foule des spectateurs émerveillés que la jeunesse d’après-guerre saurait travailler à l’unisson pour restaurer l’économie nationale en totale décrépitude.

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Ne parlez pas d'une chose que vous ne voudriez pas avoir dite le lendemain. (Proverbe arabe)

 

Ne vous y trompez pas. Je tiens à la maîtrise de la technique précise, se rapprochant de la perfection, à la connaissance sans faille des Kihon et des Kata qui constituent l’ossature de nos programmes. Mais je tiens aussi à l’aptitude à les interpréter dans divers registres, à sortir de la mécanique, à les adapter à la situation.

Le Randori ne permet pas une application mécanique d’un geste répété des milliers de fois, il exige l’adaptation spontanée à une situation imprévue. Je suis toujours ennuyé quand un bon élève, qui connaît bien son programme, se trouve déstabilisé au cours d’un Randori parce que Uke lui a porté une attaque inattendue…

 

randori-au-kodokan-en-1913.gif

 

死中に活を求める / 死中に生を求める 

ShiChû Ni Katsu Wo MotoMeRu / ShiChû Ni Sei Wo MotoMeRu

Demander la vie dans une situation de danger de mort.

 

Un public intéressant, ce soir, même si les premiers froids ont retenu une bonne moitié de mes fidèles habitués. En effet, 5 pratiquants sont venus de Caudebec en Caux, certains profitant du fait que leur travail les avait amenés sur place, d’autres n’ayant pas hésité à s’imposer la longue route si pénible le soir, après le cours. Il y aura finalement 6 Yudansha et 7 Kyu.

 

Notre plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber mais de nous relever après chaque chute… (Confucius)

 

Je ne pense pas que le vieux Kǒng Fūzǐ (孔夫子) pensait à mon cours de ce soir quand il a émis cet aphorisme qui, somme toute, s’y rapporte assez bien.

Après que Mélanie eut fini de diriger un échauffement bien tranquille, puis une série de roulades bien rondes, je lui ai demandé de mettre en place quelques exercices de chutes avec obstacles.

Premier exercice : le premier de la file s’allonge à plat ventre. Le second chute par-dessus puis s’allonge à plat ventre. Le troisième chute par-dessus les deux premiers puis s’allonge… et ainsi de suite jusqu’à épuisement des participants.

Second exercice : chute avec élan par dessus un, puis deux puis trois sacs.

Il n’y a aucune trace d’intention de sadisme dans ces exercices. En fait, à ce niveau, l’obstacle est virtuel. Ce n’est ni plus haut ni plus long que lorsqu’on exécute sa chute seul, à un niveau moyen de maîtrise, ce qui est le cas de tous les élèves présents. Il ne reste plus qu'à franchir une barrière mentale.confucius.gif

Vous donnez peu lorsque vous donnez de vos biens. C'est lorsque vous donnez de vous-mêmes que vous donnez vraiment. (Khalil Gibran)

 

Le cycle des Randori va reprendrel'étude de la canalisation puiss'étoffera avec l'adaptation d’une technique correspondant au plus près à la sensation de canalisation.

C’est là qu’après presque 55 années d’enseignement je suis encore étonné par l'extraordinaire capacité d’oubli d’un cerveau humain, qu’il soit d’enfant ou d’adulte !

Il n’y a rien de péjoratif dans ce que je vais dire. Je suis toujours étonné par l’étonnante mémoire de ma chienne. D’une année sur l’autre, elle a mémorisé l’itinéraire. Aussitôt arrivée, elle se précipite à l’accueil et va vérifier si les balles de tennis sont toujours sur leur étagère puis elle va à la colonie de vacances chercher sa copine Maïa, la petite Jack Russel. Elle part en promenade avec sa balle qu’elle abandonne en route parce qu’il y a trop de traces à suivre. Elle saura la récupérer même si nous ne passons par là que quelques jours plus tard…

 

Un mot d'affection peut réchauffer trois mois d'hiver. (Proverbe japonais)

 

Mais 2 réveillons un peu trop copieux et arrosés auront raison d’un trimestre d’étude de l’entrée sur Choko Tsuki ou Tsuki Jodan… Ça reviendra après quelques grognements du vieux Sensei qui les mettra judicieusement en situation d’échec puis leur montrera qu’il n’est pas nécessaire de dépenser une énergie excessive pour parvenir à ses fins. Mais c’est quand même surprenant. « Sensei, je vous assure que vous nous l’avez montré comme ça ! - T’as raison Gaston… ». Peut-être que je vous offrirai un article sur les différentes sortes de mémoire et leur fonctionnement.

 bonne-annee.jpg

 

孝行のしたい時分に親はなし 

KôKô No ShiTaI JiBun Ni Oya Ha NaShi

alors que j'ai envie de me dévouer à mes parents, ils ne sont plus là

 

« Une image vaut mieux qu’un long discours, Sensei ! », c’est du moins ce que prétend la prétendue sagesse populaire. Nous dirons la même chose de ces quelques vidéos qui racontent le cours étape par étape. L’absence de grand angle ne permet pas de donner une vision d’ensemble mais correspondbien à mon regard de myope…

 

 

Échecs, tâtonnements, hésitations, réussites... Randori canalisation, Randori technique à 2, en ligne, en cercle, divers points de vue sur l'utilisation de l'espace, la perception de l'attaque... Tout un programme à développer...

 

Le mariage est la cause principale de divorce. (Oscar Wilde)

 

Les Keikogi semblaient raisonnablement humides à la fin du cours. Les visages étaient souriants, la douche était brûlante, les galettes étaient royales… un bon cours de rentrée ? Probablement, parce que je m’aperçois en relisant que je n’ai écrit aucune méchanceté, proféré ni l'ombre d'un sarcasme ni le moindre propos moqueur… se pourrait-il que je vieillisse ou ne serait-ce qu’un moment de faiblesse passager ?

 

diable

 

 

 

 

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 19:47

Au bout du fusil

 

À l'origine, l'Épiphanie, faisait partie du cycle de Noël et des célébrations païennes de la Lumière. La nuit du solstice d'hiver, le 21 ou le 22 décembre, la plus longue de l'année, annonce le rallongement des jours et  la renaissance de la lumière. La célébration se prolongeait après le 25 décembre durant 12 jours et 12 nuits. Le cycle prenait fin le 6 janvier. Les jours commencent à s'allonger de façon sensible. On célèbre alors l'Épiphanie, la manifestation de la Lumière. Ce jour-là, sous la Rome antique, avait lieu la fête des 12 Dieux Épiphanes (autrement dit les 12 Olympiens : six dieux et six déesses parmi lesquels Zeus, Héra, Poséidon, Arès, Hermès, Héphaïstos, Aphrodite, Athéna, Apollon et Artémis complétés selon les époques par Hestia, Déméter, Dionysos et Hadès).

Le christianisme a récupéré tout ce fonds symbolique en  annonçant « la parole qui éclaire le monde ».

 

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Dimanche 16 septembre 2012... 9 h du matin. Joli ciel bleu légèrement embrumé, de fines gouttelettes scintillent sur l’herbe, la lumière rasante les fait étinceler.

Détonation ! Détonation !! Détonation !!! Mon petit coin de paradis devient un enfer. Le trio de biches que je croise tous les matins, qui avait fini par s’habituer à ma présence, va désormais connaître la terreur de la traque.

C’est ainsi dans notre patrie des droits de l’homme, pendant la moitié de l'année, les gens pacifiques, les rêveurs, les poètes sont interdits de promenades champêtres par quelques milliers d’énergumènes, junkies de la déflagration de la poudre et de son odeur de brûlé.

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Les mauvais penchants de l'humanité ont pu être sublimés pour donner naissance à des Arts propres à l'élever vers ses plus hauts sommets. Les Arts Martiaux sont nés d'affrontements à mains nues puis avec des objets contondants ou tranchants. Le geste qui tue a pu se transmuer en geste qui guérit... L’arc a peut-être donné naissance à la harpe, à la guitare, au violon... Les hordes de cavaliers sont devenus chevaliers, de la chevalerie est né l'Art courtois...

Mais l’arme à feu, l’arme du lâche qui sème la mort au loin, à quel Art a-t-elle donné naissance ?

chasse 10

Elle n'a certainement pas favorisé l'émergence de la compassion.. .

 

 

 

 

Sans commentaire ! Ça ne concerne pas la chasse à tir... et alors ? Relisez le superbe conte du lundi d'Alphonse Daudet, Les émotions d'un perdreau rouge... Il est toujours d'actualité.

 

Dimanche 6 janvier. Fête de la lumière, fête des rois et anniversaire de mes reines... Karine, Monika, bon anniversaire !

Le temps est maussade, tout est trempé, gadouilleux. Ce n’est pas un problème pour Lara qui me réclame sa première sortie de la journée. Nous avons la chance de vivre dans une impasse qui donne sur une route... en impasse. C’est un lieu de promenades où vont randonneurs, enfants et leurs jeunes parents, petits vieux et amis des chiens en liberté.

Notre route monte à travers bois vers un plateau cultivé et traversé par un chemin de terre. Le sous-bois qui y mène est sombre et humide mais la promenade est tranquille et offre l’occasion de côtoyer écureuils, chevreuils et parfois « mon » trio de biches. Il est même arrivé qu’un putois était tellement occupé à suivre une piste sur la route qu’il s’est presque heurté à Lara qui en a lâché sa balle !

Un rat musqué avait connu la même mésaventure avec Betty. Il s’était éloigné du ruisseau pour faire ses emplettes de plantes comestibles dans l’herbage voisin. À son retour, Betty était entre lui et la berge... Le pauvre rat était désappointé, ne pouvant se résoudre à fuir en abandonnant sa récolte ni à rejoindre ses pénates en affrontant l’énorme prédateur (tout est relatif !) qui lui faisait face. J’avais appelé Betty qui était venue s’asseoir entre mes pieds et le rat avait plongé sans demander son reste !

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À ma droite, des coteaux qui mènent à Saint Georges sur Fontaine s’élève soudain un concert de vociférations auquel fait écho, à ma gauche, sur les collines en direction de Bosc le Hard, un déferlement de hurlements. Les hordes barbares fêtent à leur façon la manifestation de la lumière : en semant la terreur et la détresse parmi tout le petit peuple à poils et à plumes.

Il y a un peu plus de 50 ans, j’avais passé un temps interminable, allongé dans un caniveau de la caserne d'Orléans à Alger, nez à nez avec un chien aussi effrayé que moi par les rafales de 12/7 qui nous sifflaient aux oreilles. Peut-être de là est née l’horreur que j’éprouve envers les armes à feu, peut-être là a germé mon amitié pour les toutous ?

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Il ne manque pas d’endroits sur notre belle planète pour que les tartarins, les matamores aillent s'essayer au rôle de gibier à leur tour, de vastes étendues de montagnes  désertiques, ou des villes très anciennes aux ruelles étroites, où chaque virage, chaque croisement peut constituer un piège mortel... Qu’ils aillent se faire plomber les fesses et nous laissent goûter en paix le plaisir du retour de la lumière.

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Je suis très émotif. J’ai facilement l’oeil humide au cinéma ! J’entre facilement en empathie... Mais si je me laissais aller à mes réactions primaires, je pourrais tout aussi bien libérer un flot de violence, ce qui m'est arrivé dans ma lointaine enfance.

Le Cours Complémentaire où j'étais interne dès l’âge de 10 ans partageait sa cour avec l’école primaire. Les grands imbéciles de la fin d’études s’attaquaient volontiers aux « petits » de 6e, surtout s’ils étaient maigrichons et blondinets comme je l’étais. Le soir, il fallait affronter, toutes griffes en avant, les brimades des « grands » de 3e... chaton effrayé mais décidé à vendre chèrement sa peau aux molosses... Blackbord jungle 

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Entré dans la vie active, disposant de quelques (très) maigres revenus, j’étudiai le Dynam Ju Jutsu... par correspondance. Vivant seul dans un petit village éloigné de tout et sans moyen de transport, j'eus le temps de méditer les conseils donnés par le cours et d'apprendre à contrôler mes émotions.

Ce fut à Verdun, à la fin de mes pérégrinations sous les drapeaux, après mon passage chez les Zouaves à Alger, que je compris enfin que je pouvais me contrôler pour... contrôler un adversaire. J’étais de corvée de balayage dans un hall avec un grand garçon, sympathique au demeurant mais surtout très costaud et très agaçant. Il avait fait du Judo et faisait mine de me bousculer, tentait de me placer des... balayages. J’esquivais patiemment ses agaceries puis j’en eus assez et lui portai ce que le cours Dynam Ju Jutsu appelait une clé de bras et que nous appelons Robuse. Il alla se vautrer dans un tas de chaussures déclassées où je le laissai réfléchir et je repris tranquillement l’étude de l’Art du Balai.

71 ans

On ne change pas. On apprend à se connaître et à faire avec. J’ai appris à me mettre en retrait, à m’exprimer par écrit. Je laisse mes textes mûrir quelque temps, afin de me permettre d’en extraire les épines, d’arrondir les angles, d’atténuer la colère ou l’indignation avec un zeste d’humour.

C’est pour ça que mon Épiphanie ne paraît que le 9 janvier.

Et l’Aïkibudo dans tout ça ?

 

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J’aime beaucoup cette BD. Elle nous rappelle que nous avons oublié ce que nous sommes vraiment. Nous avons des ailes mais nous ne savons plus nous en servir. Nous souffrons parfois du complexe de l’albatros, ce grand voilier des hautes mers... ses ailes sont si longues que, lorsqu’il se retrouve sur la terre, il ne peut plus s’envoler.

 

albatros.jpg

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

 

Si vous aimez la poésie de Beaudelaire, la musique et la voix de Léo Ferré,

ou si vous ne les connaissez pas,

écoutez « L'albatros » et méditez...

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 11:11


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Bonne année 2013

      1969 Wa no seishin
C'était il y a plus de 40 ans...
  
Chers amis Aïkibudokas, pratiquants d'Arts Martiaux, spectacle-salut-4.giflecteurs fidèles ou occasionnels,
 
J'ai le plaisir de vous présenter mes meilleurs vœux, j'aimerais vous offrir tout ce que l'on peut souhaiter en cette fin d'année : santé, bonheur et prospérité... sans oublier la joie de se retrouver toujours plus nombreux sur le Tatami.

André Tellier.
A.照り絵/七段 教士FIAB .

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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 18:36

« Que le blé lève ! »... Cette formule était prononcée rituellement par les druides au solstice d'hiver lorsqu'ils coupaient le gui sacré pour montrer que la nature revivait.

L'expression celtique est devenue par homophonie, au Moyen Age, « Au gui l’an neuf ! ».

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Quand j’étais un tout petit garçon, les cadeaux étaient offerts le 6 décembre, jour de Saint Nicolas. Ce sont les Américains qui nous ont apporté leur père Noël (Santa Claus...) en 1945. Je n’ai commencé à entendre parler d’arbre de Noël qu’en 1947 et c’est là que j’ai vu, senti et goûté ma première orange, mon premier cadeau de Noël !

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Ma mémoire n'étant pas absolue, je suis allé repêcher mes informations sur la toile.

Un Father Christmas fut imaginé aux USA vers 1850. D’abord petit lutin vert, il devient, en 1885, dessiné par Thomas Nast, un bonhomme joufflu habitant au pôle nord. C’est en 1920 que l’illustrateur Haddon Sundblom dessine un bonhomme gras, rougeaud, barbu, sympathique et... assoiffé. Il est habillé de rouge et blanc, les couleurs de Coca-Cola qui veut l’utiliser pour une campagne de publicité.

Santa-coca-cola.jpg

 

Et les fêtes de fin d’année, dans tout ça ? Patience, c’est une autre histoire.

En devenant agriculteurs, les humains observèrent tout au long de l'année la trajectoire du soleil dont dépendaient la nourriture, la chaleur, le bien-être.

Le cours des saisons détermina aussi le moment des fêtes, les rites étant célébrés aux solstices d'été et d'hiver.

Ce fut au solstice d'hiver, quand les journées commencent enfin à rallonger, que l'on attribua le plus d'importance. 

En Europe, dans la plus haute antiquité, on fêtait la renaissance tant attendue de la nature et l'espérance de vie nouvelle. 

Les peuples nordiques célébraient Njord, le dieu de la fécondité et Idun, la gardienne « des pommes de providence », nourriture des dieux.

Idun.jpg

 

Les orientaux rendaient un culte à Mithra, divinité de la lumière.

 Les romains invoquaient Saturne, dieu des semailles et de l'agriculture, dont le nom vient du verbe latin Severe (semer). Les saturnales, donnaient lieu à des réjouissances du 17 au 24 décembre.

On disait qu'elles s'étendaient jusqu'aux calendes de janvier, le jour de l'An romain. Les calendes désignaient, chez les Romains, le premier de chaque mois.

A l'origine, les Saturnales avaient lieu à l'occasion des semailles, mais la tradition se perdit avec le temps. Cette célébration servit peu à peu à justifier toutes sortes de réjouissances effrénées, de fêtes et d'orgies.

Le poète gréco-romain Lucien, qui vécut au IIe siècle, décrivit les Saturnales comme une occasion pour boire plus que d'ordinaire, faire du vacarme, jouer et danser, nommer des rois et donner des repas aux esclaves.

Comme pendant nos fêtes de Noël actuelles, on offrait des cadeaux : des porte-bonheur, du miel, des gâteaux, de l'or... On décorait les maisons avec du lierre, des branches de houx et de gui et tout travail, à part celui de la cuisinière et du banquier, était interdit.

Le 25 décembre était alors le jour du solstice d'hiver, la naissance de la divinité Mithra, le « soleil invaincu », où l'on sacrifiait un taureau en son honneur.

saturnales.jpg


Pour la religion chrétienne, la fête de Noël n'existait pas. C'est à partir du IIe siècle, que l'Église rechercha la date précise de la naissance du Christ. L'absence de document établissant cette naissance lui laissa le champ libre  pour choisir une date qui coïncide avec le solstice d'hiver afin de contrer la fête païenne de la divinité Mithra.

Vers 330, l'empereur Constantin fixa cette date au 25 décembre, mais ce n'est qu'en 353, sous le pape Liberius (ou Liberos) que la fête de la naissance du Christ fut instituée à Rome.
L'Église d'orient, qui jusqu'alors célébrait la naissance de Jésus le 6 janvier, jour de l'Épiphanie, adopta elle aussi la date du 25 décembre sur l'initiative de Saint Grégoire de Nazianze. 
En 425, l'empereur Théodose codifia officiellement les cérémonies de la fête de Noël qui devint ainsi une fête exclusivement chrétienne.
Le concile d'Agde en 506 rendit cette fête obligatoire, et l'empereur Justinien, en 529, en fit un jour férié.
 La fête de Noël se répandit progressivement en Europe, elle fut célébrée dés le Ve siècle en Irlande, au VIe siècle en Angleterre, et au VIIIe en Allemagne.

Aujourd'hui, Noël est devenu une institution traditionnelle qui donne l'occasion aux familles de se rassembler et aux enfants d'avoir des cadeaux.

En France, le Jour de l’an n’a pas toujours été le 1er janvier : la nouvelle année commence à cette date en vertu de l'Édit de Roussillon du 9 août 1564, promulgué par le Roi Charles IX.

Aux VIe et VIIe siècles, dans de nombreuses provinces, le Jour de l’an est célébré le 1er mars (style vénitien : On appelle style un type de datation du début de l'année).

Sous Charlemagne, l’année commence à Noël (style de la Nativité de Jésus).

Au temps des rois capétiens, l’année débute le jour de Pâques (style de Pâques). En conséquence, les années sont de longueur très variable.

Le début de l’année varie selon les provinces : à Lyon, c’est le 25 décembre, à Vienne, le 25 mars (style florentin ou style de l'Annonciation, d'où la tradition du poisson d'avril commémorant l'usage de s'échanger des cadeaux en début d'année de ce style)

Finalement, l’édit de Charles IX mit tout le monde d’accord.

En 1622, cette mesure fut généralisée par le Pape à l’ensemble du monde catholique, notamment pour simplifier le calendrier des fêtes religieuses (Naissance du calendrier grégorien).

De 1792 à 1806, l'éphémère calendrier républicain abolit le 1er janvier et fait débuter l'année le 1er vendémiaire. Le calendrier fut en usage du 22 septembre 1792 au 31 décembre 1805. La commune de Paris le restaure en 1871 pendant une très courte durée.

Et pour finir, un point d’histoire emprunté sur l’Internet. Je n’ai pas l’honneur de connaître monsieur Nitschelm, auteur de cet article, mais j’apprécie au plus haut point son érudition, sa démonstration et ses conclusions. Ce texte date de 1999, quand le monde des médias incultes s’apprêtait à fêter le XXIe siècle le 1er janvier 2000 alors que mes élèves de CM2 savaient que le XXIe siècle commencerait le 1er janvier 2001, d’où le titre du film de Stanley Kubrick : 2001, l’odyssée de l’espace...

 

Mise au point : Quelles seront les dates et heures exactes de la fin du XXe siècle et du IIe millénaire ?

Au fur et à mesure que la fin du XXe siècle se rapproche, les médias se font l'écho de certaines affirmations péremptoires nous annonçant la fin du siècle pour la fin de l'année 1999. Ces affirmations, sans aucun fondement et totalement erronées, provoquent beaucoup d'étonnement et de stupéfaction, aussi bien chez l'auteur de ces lignes qu'à travers l'ensemble de la communauté astronomique, montrant en effet une grande méconnaissance et une incompréhension flagrante des différents calendriers et systèmes de comptage du temps en vigueur en astronomie. Cette erreur, très grossière, ne peut que se propager et se répandre par le fait de médias mal informés. Ce texte constitue donc une mise au point quant aux dates et heures exactes de la fin du XXe siècle et du IIe millénaire (de l'ère chrétienne).

L'Annuaire du Bureau des Longitudes, publié chaque année par l'Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides (anciennement Bureau des Longitudes), à Paris, donne les concordances entre les différents calendriers en vigueur, en particulier les calendriers julien et grégorien, le premier en vigueur sous l'Empire Romain et durant tout le Moyen Âge jusqu'à la Renaissance, le deuxième depuis lors. A ce propos, il ne faut pas confondre le calendrier julien, effectivement entré en vigueur en 46 avant J.C. et établi par l'astronome alexandrin Sosigène, à la demande de Jules César, par utilisation d'une année de 365 jours 1/4, pour remplacer l'ancien calendrier romain de type luni-solaire, alors très imprécis, mais tout en conservant comme date origine la fondation de Rome, et le comptage julien, entré en vigueur au XVIe siècle, qui compte les jours écoulés depuis une date origine, le premier janvier 4713 avant J.C. (du calendrier julien) à midi temps universel, choisie pour couvrir toute l'époque historique. Le premier janvier 2000, à 0h temps universel, est alors représenté par 2451544.5 dans le comptage julien (et non pas l'ère julienne!).

Ce n'est qu'au début du Moyen Âge que la date origine du calendrier julien fut modifiée et ramenée à la date supposée de la naissance du Christ. Cette année origine, notée an 1, débuta ainsi le premier janvier de la 754ème année de la fondation de Rome selon la supputation varronienne, sept jours après la naissance supposée du Christ, le 25 décembre de la 753e année de la fondation de Rome, d'après les calculs effectués en l'an 532 par le moine latin Denys le Petit. Cette année origine se trouva être cependant totalement fantaisiste par suite d'une erreur de comptage, le Christ étant en fait forcément né entre 9 ou 8 avant J.C., époque de la mise en application en terre de Judée du recensement ordonné par l'empereur Auguste en 11 avant J.C. (mais le recensement fiscal de Quirinius est également donné comme ayant eu lieu en 6 ou 7 de notre ère en ce qui concerne la Judée, selon l'évangile de Luc, qui est là-dessus en contradiction avec celui de Matthieu !), et 4 avant J.C., année de la mort du roi Hérode le Grand (selon l'évangile de Matthieu)..

L'erreur sur la durée de l'année inhérente au calendrier julien (365.25 jours au lieu de 365.242199 jours, durée réelle de l'année) et la dérive de ce calendrier par rapport aux saisons ne furent corrigées que vers la fin du XVIe siècle, après plus de trois siècles et demi de tentatives avortées, par un collège de religieux et d'astronomes sous la houlette du pape Grégoire XIII. Le jeudi 4 octobre 1582 julien fut donc suivi par le vendredi 15 octobre 1582 grégorien à Rome, l'année grégorienne étant alors portée à 365.2425 jours, nettement plus proche de la valeur réelle. La France, pays dominé à l'époque par le catholicisme, suivit la même année en décembre, alors que l'Angleterre, très opposée à Rome, ne réforma son calendrier qu'en 1752 et que la Russie orthodoxe ne vit cette réforme qu'en 1918, peu après la révolution d'octobre.

Le premier jour de l'année a également changé plusieurs fois, passant du premier mars au premier janvier et réciproquement, durant les six premiers siècles d'existence de Rome, avant et durant la république romaine, pour être définitivement fixé, en 153 avant J.C., au premier janvier. Cependant, au IVe siècle de notre ère, l'église chrétienne, accédant au pouvoir temporel, fut très réticente à adopter cette convention d'origine païenne. Ainsi, cette règle ne fut pas partout conservée à la fin de l'empire romain et durant l'époque médiévale. Suivant les lieux, il y eut différents styles : le style Circoncision (premier janvier), le style Nativité (25 décembre), le style Annonciation (25 mars), le style Vénitien (premier mars), le style Crucifixion (samedi ou dimanche de Pâques), le style Grec (premier septembre).

En France, l'année débuta le premier mars dans plusieurs provinces durant l'époque mérovingienne, au cours des VIe et VIIe siècles. Charlemagne, après avoir adopté ce style, fixa le Nouvel An à Noël. Le style Nativité fut conservé par ses successeurs carolingiens. Cependant, durant les règnes des rois Capétiens, le Nouvel An fut fêté le 25 mars, en particulier au XIIIe siècle. Le style Crucifixion fut également utilisé vers le XVe siècle dans certaines provinces du royaume, malgré la variation de la date de la fête de Pâques d'une année sur l'autre. D'autres régions de France ont, semble-t-il, utilisé le 11 novembre, jour de la mort de Saint Martin, comme date origine de l'année. Il semble bien, toutefois, que le style Annonciation était le seul en vigueur lorsque le roi Charles IX déplaça en 1563 le début de l'année au premier janvier par une ordonnance, dite de Roussillon. À partir de 1567, et malgré de nombreuses réticences, le Nouvel An fut toujours célébré le premier janvier, à l'exception de la période révolutionnaire. En effet, de 1792 à 1805, un calendrier révolutionnaire a été en vigueur en France, le premier jour de l'année coïncidant avec l'équinoxe d'automne, entre le 22 et le 24 septembre selon les années.

L'année 0 ne fut introduite qu'en 1740 par l'astronome français Jacques Cassini afin de faciliter le décompte des années aux dates antérieures à l'an 1 de notre ère (cependant, une étude récente semblerait indiquer que l'idée viendrait en fait de son père, Jean-Dominique Cassini, qui l'aurait proposée dès la fin du XVIIe siècle). L'an 1 avant J.C. fut donc noté année 0, alors que l'an 2 avant J.C. fut écrit année -1 et ainsi de suite, par exemple 100 avant J.C. s'écrivant -99. Les archéologues et les historiens conservèrent cependant l'ancienne notation pour les années précédant l'ère chrétienne. L'année origine de notre calendrier resta donc bien l'an 1 et le comptage des siècles ne fut pas modifié dans le calendrier, les astronomes n'ayant pas changé l'usage.

Le Ier siècle avant J.C. s'est donc déroulé entre l'an 100 avant J.C. et l'an 1 avant J.C. inclus, c'est à dire entre -99 et 0, alors que le Ier siècle après J.C. s'est bien déroulé entre l'an 1 et l'an 100 inclus, que ce soit dans le comptage astronomique ou dans le comptage historique et archéologique. Ceci implique que le comptage des siècles postérieurs suit la même règle, en particulier le XXe siècle est bien compris entre le premier janvier 1901 à 0h temps universel et le 31 décembre 2000 à 24h temps universel. Le XXIe siècle ne commencera donc que le premier janvier 2001 à 0h temps universel, et certainement pas un an avant. Le comptage des millénaires suivant la même règle, le IIe millénaire, commencé le premier janvier 1001 à 0h temps universel, ne se terminera pas avant le 31 décembre 2000 à 24h temps universel pour immédiatement laisser la place au IIIe millénaire, lequel commencera bien le premier janvier 2001 à 0h temps universel.

Remarquons pour finir que la notion de date origine, bien qu'utilisée conventionnellement pour des raisons historiques, est un non-sens, voire une ineptie, quel que soit le calendrier en vigueur, actuellement ou par le passé. Les seules dates origines ayant éventuellement un sens sont celles liées à l'histoire de notre Univers, de notre Terre et de l'espèce humaine. Notre Univers a en effet un âge d'environ 13.7 milliards d'années, alors que notre Terre s'est formée il y a 4.56 milliards d'années et que l'espèce humaine a commencé à se séparer totalement de celles des grands singes il y a environ 5 millions d'années. Nous sommes donc actuellement en environ 5 millions après le début du rameau humain, en environ 4.56 milliards après la naissance de la Terre ou en environ 13.7 milliards après la naissance de l'Univers !

Christian Nitschelm

Dijon, septembre 1996 (dernière mise a jour en février 2011).

 

 

Et l’Aïkibudo, dans tout ça ? Et bien,je dirais que notre bel Art ne s’est pas construit sur une quelconque mythologie... c’est peut-être suffisant pour aujourd’hui car c’est une toute autre histoire.  Pour les plus jeunes, férus de contes et de belles histoires, sachez que nous nous enorgueillissons de notre mémère Noël.

Malgré la concurrence sévère d’une foultitude d’imposteuses, imposteresses, en un mot fausses mais plutôt canon (que vous pourrez retrouver sur le tatami de Saint Léger du Bourg Denis) :

 

 

nous sommes fiers de vous présenter la seule, la vraie, l’unique :

mere-Noel.jpg

 

Peut-être l’avez-vous déjà rencontrée ? D’aucuns disent que ce n’est pas un cadeau. Je ne prêterais pas les flancs à ces mauvaises langues !

 

Bonne année.

Que 2013 vous apporte bonheur, santé, prospérité

 

Les « Têtes à claques » vous souhaitent une bonne année 2010... et 2013 aussi, bien sûr !

smiley 18

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Alors, allez voir , tout en bas de la page. Et après, vous direz : " Respect, l'Ancien ! " 


C'est la rentrée?

23 septembre, c'est l'automne. Non, c'est la fête à Neuneu, ça mitraille dans tous les coins. Vous ne le saviez pas? Tuer est aussi un loisir.



En quelle année le Cera a-t-il été créé?

Parution au Journal Officiel N°13 du 16 janvier 1975, page 685 :
19 décembre 1974. Déclaration à la préfecture de police. Cercle d'étude et de recherche sur l'aïkido. Objet : étude et recherche des différentes techniques et leur pratique au travers des différentes écoles pratiquant l'aïkido. Siège social : 103, avenue Parmentier, 75011 Paris.
Une histoire du Cera

 


Xavier-2.gif
Le nouveau coq dansa...


Pire de pire...
Beaucoup d'entre vous ont suggéré, suite au sondage sur Le livre et son usage
, l'édition d'un DVD présentant l'ensemble du programme sous forme de vidéos. Outil remarquable, en effet, sauf que...
Connaissez-vous le p2p, abréviation de peer to peer, qui pourrait se traduite par d'égal à égal? C'est un système qui permet de télécharger gratuitement toutes sortes de vidéos, mp3, etc...
homme-53.gif
Étant très curieux de nature, je suis allé voir ce qui s'y passe et, comme j'ai des idées très originales, j'ai lancé une recherche sur Aïkibudo. Et que croyez-vous qu'il se passa? J'ai trouvé un fichier intitulé Aïkibudo, tradition et évolution et il s'agit bien du contenu de notre cassette.
Alors, pensez-vous qu'il soit raisonnable d'investir beaucoup, beaucoup d'énergie et de moyens financiers pour éditer un document dont le contenu sera aussitôt en libre-service chez la Mule?