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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 19:09

Il n'est pas trop tôt pour y penser...

 

stage d'été

Voir le Fichier : Affiche_Aikibudo_stages_ete_2O11.pdf

 

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 22:16

Fais de ta plainte un chant d'amour pour ne plus savoir que tu souffres. (Proverbe touareg)

 

Pas de vidéos ce soir. Ni de photos, d’ailleurs. J’ai oublié mon jouet à images... J’y ai pensé avant de partir mais j’avais la tête ailleurs et je l’ai laissé à sa place. On pourrait croire que je suis amoureux. À mon âge !

En fait, Lara est entrée dans ma vie samedi matin. Une mignonne brunette dont j’ai fait la connaissance sur un site de rencontres... vendredi soir. J’ai appelé le numéro de l’annonce samedi matin à 9 h. Un quart d’heure plus tard, nous prenions la voiture pour 2 heures de route, en direction du fin fond de l’Eure et Loire. Vive le GPS, sans lui, je chercherais encore.

Coup de foudre à 11 h 30. Retour à la maison à 14 h 30. Lara, 18 mois, abandonnée 2 fois, battue, affamée, un peu labrador noir, un peu... on ne sait pas trop, les pattes bringées nous font penser à un boxer mais les yeux légèrement bridés rappellent le pitbull... Bref, c’est un gros chiot débordant d’amour et de docilité qui fait tout son possible pour redonner le sourire à un vieux bonhomme au gros cœur tout déchiré.

 

Lara (1)

Abandonnée lundi, opérée jeudi, adoptée samedi...

je me sens bien dans cette nouvelle maison et je veux bien y rester.

 

Et l’Aïkibudo, dans tout ça ?

Quand je suis arrivé au Dojo, Pierre, qui m’avait précédé, m’a dit de sa façon directe : « Tu as une meilleure mine que la dernière fois que je t’ai vu ! ». C’est vrai, ça va beaucoup mieux, ça faisait un petit bout de temps que je n’avais même plus envie d’être de mauvais poil. Ce soir, ça va chauffer !

 

Il vaut mieux aller plus loin avec quelqu'un que nulle part avec tout le monde. (Pierre Bourgault)

 

Je respecte trop tous ceux de mon petit groupe de fidèles pour leur enseigner des banalités. Je pense plus utile de leur faire découvrir leurs « défauts », leurs tics, leur faire percevoir les sensations, les débarrasser des petits gestes inutiles, casser les automatismes, les conditionnements... Ça ne se fait pas nécessairement sans douleur alors je m’efface autant que possible pour privilégier les démonstrations par des volontaires qui s’engagent implicitement à recevoir critiques et conseils jusqu’à parvenir à une démonstration qui me convienne.

Une question bizarre, une remarque intempestive me font désigner la « victime » qui va subir mon assaut de pinailleries : à pinailleur, pinailleur et demi. Christophe de Haute-Savoie vous certifiera que je suis depuis longtemps un Maître de la mauvaise foi, capable de soutenir mordicus un avis puis, au cours de la conversation, de renverser la situation et de soutenir le contraire pour amener l’adversaire à soutenir mon point de vue... Purs jeux d’esprit, je ne me verrais pas en tribun politique mais je me sens bien dans la peau d’un enseignant cabotin.

 

L’intelligent parle de ce qu’il a vu, et le sot de ce qu’il a entendu dire. (Sagesse populaire Yiddish)

 

Une dizaine de participants, cette fois-ci. Christophe m’a envoyé un message pour préciser qu’il serait pris par son service. D’autres sont atteints de mutisme.

Comme d’habitude, j’ai consciencieusement préparé mon cours. Le contenu de la fiche est une étape sur mon projet annuel : l’expression de Te no Michibiki dans le mouvement et le passage du Chika Ma au Ma.

J’aime bien commencer mon cours par un « randori Te Hodoki ». On commence tout en douceur, avec la recherche de la fluidité puis, au fur et à mesure que les muscles s’échauffent, les saisies peuvent devenir de plus en dures sans aller jusqu’au blocage, il s’agit d’échauffement.

Chercher la fluidité, c’est sans compter sur les réflexes conditionnés. Pour beaucoup, Te Hodoki égale atémi ! J’annonce à chaque fois de plus en plus fort ; « Pas d’atémi ! ». Un petit sourire contrit ponctue une tentative avortée, un coude en retrait, un poing fermé...

Alors que j’ai soigneusement construit mon enchaînement d’exercices, j’oublie tout et je rassemble les élèves. Question : à quoi sert l’atémi dans les Te Hodoki ? Chacun y va de sa réponse visant à justifier ledit atémi. C’est Jaâfar qui dit enfin : « Il sert à finir l’exercice, c’est un point final... »

Le Te Hodoki en lui-même n’est pas de l’Aïkibudo, c’est un éducatif, une sorte de B-A BA du placement de la force dans la progression de l’apprentissage. Dans la pratique de l’Aïkibudo, il n’y a pas d’atémi, l’Aïkibudo c’est d’abord le mouvement.

C’est là qu’intervient à point nommé mon nouveau schtroumpf raisonneur, Ludo aux étranges lunettes aux branches rouges.... « Mais, pourtant, Maître, dans Ushiro Kubi Jime, on porte bien un atémi ? »

« ??? » Si j’ai bien compris qu’il s’agissait d’une question, je n’ai pas compris le terme japonais. Je ne suis pas sûr qu’il m’ait dit Ushiro Kubi Jime ou Ushiro Eri Jime... de toutes façons, je ne sais plus ce que ça veut dire mais ça relance mon cours.

« Et bien, mon cher Ludo, auriez-vous l’amabilité de passer au centre et de choisir un partenaire ? ». Ces jeunes gens sont vraiment épatants, les plus réservés ont vaincu leurs réticences et sont volontiers volontaires pour aller au centre et subir mes remarques et mon harcèlement jusqu’à ce qu’ils « sortent » ce que j’attends d’eux. Je ne sais pas si j’aurais eu leur souplesse, à leur âge. J’avais un tempérament autodidacte, ils sont volontiers disciples et ne me tiennent pas rigueur de mes remarques parfois sarcastiques, j’ai même été taxé de bienveillance, ce qui m’étonne un peu.

Ludo exécute son dégagement, fait semblant de porter un atémi, effectue un pas latéral puis s’arrête, perplexe.

Je demande à son partenaire s’il a mal... Je demande à Ludo de recommencer, avec conviction. Mais l’atémi n’est pas plus convaincant et j’attends toujours une conclusion.

Un des principes de l’Aïkibudo est d’utiliser un minimum d’énergie pour un maximum d’efficacité. Sobriété et modération. Chaque geste a son utilité. Je demande à Ludo de conclure avec une technique. Il porte une sorte de Robuse qui ne paraît pas (me) le satisfaire.  Je lui suggère de trouver une technique plus évidente en fonction de la position de son corps, de ses mains, il s’agit de continuer dans le sens du mouvement. Il se décide pour Yuki Chigae qu’il veut conclure par une immobilisation maladroite. Je lui demande une projection mais je crains que mon attitude en retrait ne l’ait déstabilisé.

Je sors de mon personnage de vieux Schtroumpf grognon et je reprends la démonstration en main. D’abord, échapper à l’étranglement en tournant la tête, contrôler le bras qui étrangle avec la main homologue, tourner les hanches pour entraîner le bras de Uke qui retient le poignet : opportunité de porter un solide atémi au bas-ventre, ce qui libère le passage pour glisser sous le bras de Uke. Je contrôle sa main par-dessus et j’applique sa paume contre mon épaule. Je me relève en poussant le coude de Uke vers le haut puis je porte Yuki Chigae en « ouvrant » mes bras, j’oblige Uke à monter sur la pointe des pieds, je le fais reculer et je le renvoie sur son avant en poursuivant la torsion devant son pied avant, ce qui le contraint à chuter.

L’exercice durera plus longtemps que je ne l’avais prévu. De nombreux conseils individualisés permettent de repréciser diverses notions, d’aller au plus près du geste fluide et efficace, de gommer des tics qui n’ont aucun sens si Tori est conscient du concept de Te no Michibiki voire de signaler des erreurs manifestes.

Ce groupe sait alterner entraînement, réflexions pédagogiques, remise en question de sa pratique et mise en application immédiate des conseils reçus.

 

Lara (9)

Vous savez, moi, les Te Hodoki...

 

La faiblesse de la force est de ne croire qu’en la force. (Paul Valery)

 

Je vais enfin reprendre mon cours tel que je l’avais préparé.

Deux volontaires viennent me présenter les Te Hodoki sur Dosokute Dori. Toute la question est : « À quoi ça sert ? ». Si c’est pour se livrer à une gesticulation plus ou moins alambiquée, ça ne sert à rien. Le dégagement issu de la saisie doit offrir l’ouverture d’une technique. Le premier dégagement, direct, donne la sensation de Kote Gaeshi. Une seconde forme peut se conclure avec Kote Kudaki.

Je demande d’imaginer une troisième sortie, en se référant aux techniques de base. Shiho Nage fournit cette troisième forme.

La notion de mouvement conduit Tori à s’insérer dans la dynamique de l’attaque de Uke et à l’accompagner en « posant » sa force sur celle de l’attaque.

Les sensations acquises grâce aux Te Hodoki permettront de sentir ce placement au passage à la distance Ma. Un premier test est l’étude du Wa no Seishin.

Les volontaires vont venir au centre répondre à ma demande, sous forme de consignes précises :

- sur attaque Dosokute Dori, distance Ma, projeter Uke dans le prolongement de son attaque : amener la main saisie dans l’axe en effectuant un Nagashi pied avant, projeter en avançant la jambe intérieure

- sur attaque Dosokute Dori, distance Ma, projeter Uke en le renversant sur son arrière : sensation de Irimi, dégagement comme Kote Kudaki

- sur attaque Dosokute Dori, distance Ma, projeter Uke suite à deux Nagashi pied avant : dégagement comme Kote Kudaki en plaçant dans l’axe, le second Nagashi incite à poser le genou extérieur au sol, Uke passant derrière Tori.

Les plus anciens s’essaient à Kata Guruma avec un genou au sol puis debout.

Pour tous ces exercices, la notion de Te no Michibiki permet de placer son corps dans la forme convenable et de projeter Uke sans « moulinettes » parasites.

 

Fin et commencement sont des rêves. (Proverbe Sioux)

 

Le cours semble passer très vite (en ce qui me concerne). À peine le temps de travailler sur une saisie arrière : Ushiro Ryote Dori Yuki Chigae puis de s’accorder quelques minutes de randori par groupes de trois et il est 21 h 15...

Au programme du prochain cours, la suite de ce que j’avais prévu sur ma fiche et réflexions sur la stratégie du randori par groupes de trois.

Cette forme de randori est l’occasion pour Tori de tester sa perception et sa maîtrise du mouvement. Pendant une trentaine de secondes, il doit être actif, offensif, déterminé, sinon ce n’est pas un randori mais une série d’exercices successifs.

 

L’amour est aveugle, il faut donc toucher. (Proverbe brésilien)

 

Lara (15)

Une pause après un randori épuisant.

 

Ce qui m'effraie, ce n'est pas l'oppression des méchants ; c'est l'indifférence des bons. (Martin Luther King)

 

Je n’ai pas trouvé comment insérer cette citation dans mon propos. Je vous l’offre quand même car je la trouve de plus en plus d’actualité.

 

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 18:52

La vie est courte, mais elle nous laisse toujours du temps pour la courtoisie. (Ralph Waldo Emerson)

 

Après une fin d’automne hivernale, nous voilà plongés au cœur d’un hiver automnal.  Pas de quoi se sortir d’un épais état d’hibernation.  Le moment n’est plus au spleen, il s’agit de se mettre en condition pour le cours de ce soir.

Mon cours, soigneusement pensé, est prêt *.  Rien de tel pour se mettre en forme physiquement qu’une heure de Kobudo... Ces dernières semaines, je n’ai guère sorti mon bokken de son étui.

Je suis arrivé un peu avant 18 h et j’ai été surpris de voir le Dojo plongé dans l’obscurité.  J’espère que je pourrai utiliser ma clé car on dirait que les serrures ont été changées.  Heureusement, je peux ouvrir la porte.

J’attends avant de me préparer... Jeannot arrive 20 minutes plus tard. Il m’apprend que Pierre ne pourra pas venir mais Guillaume l’a prévenu qu’il serait des nôtres. Nous attendons.

Christophe ouvre la porte vers 18 h 45 et se met en tenue, suivi de Jeannot. Je vais me préparer quand, à 19 h, Guillaume entre dans le vestiaire.

Trois élèves ! Je reconstruis mentalement mon cours quand j’entends la porte d’entrée claquer. Jaâfar et Stéphane font leur entrée.

Je suis un peu déçu. Pas du petit nombre de présents mais du silence des autres.  Ce n’est pas difficile de prévenir qu’on sera absent... Je me suis déplacé pour eux. Quelles que soient les conditions météo, quel que ce soit mon état d’âme, je viens et je m’efforce de faire bonne figure, même si ce n’est pas toujours facile.

Un vieux maître ne mérite peut-être pas un peu de courtoisie.

 

Nous sommes ici-bas pour rire. Nous ne le pourrons plus au purgatoire ou en enfer. Et, au paradis, ce ne serait pas convenable. (Jules Renard)     

 

Trêve d’état d’âme, il faut s’y mettre. Après tout, 5 élèves, ce n’est pas si mal si je construis mon cours sous forme d’entraînement au randori : Tori face à 4 Uke... attaques alternées droite et gauche, personne n’est censé se tromper d’attaque, je peux développer un cours très précis, très technique. Mais. C’est sans compter sur... On verra la suite !

 

Ne te réjouis pas si l'amitié t'autorise à dire des paroles désagréables à tes amis proches. Plus tu deviens proche de quelqu'un, plus le tact et la courtoisie sont nécessaires. (Oliver Wendell Holmes)

 

Premier exercice : randori esquive (O Irimi alterné droite et gauche). Je veux un travail lent, de grands déplacements.

Attaques Tsuki droite et gauche. Si quelqu’un parvient malgré tout à se tromper d’attaque, Tori peut toujours esquiver. Chaque Uke porte 2 attaques.

Dans un premier temps, les Uke se sont placés spontanément en ligne, face à Tori.  Le résultat est vite « brouillon », personne n’étant sûr du moment où il faut attaquer.  Je réorganise le groupe selon le randori en cercle. Avec 4 Uke, on dira qu’ils sont disposés selon les 4 points cardinaux ! Consigne impérative : Uke retrouve sa place aussitôt après avoir attaqué.

 

Second exercice : Ushiro Kata Otoshi, sur Ura Yokomen Uchi.

Mon petit groupe est perturbé : « On est habitué à le porter sur Omote Yokomen Uchi ! », se lamentent-ils. Que leur répondre sinon qu’ils sont censés pouvoir exécuter toutes les techniques sur toutes les attaques !

En fait, la technique est portée à l’issue d’un enchaînement de 2 O Irimi successifs. Le premier me permet de contraindre Uke à fléchir ses jambes. Je profite de son intention de se relever pour le renverser en exécutant le second O Irimi. Les 2 Tai Sabaki s’effectuent dans le même sens, je change donc de garde et je suis bien placé pour répondre à l’attaque suivante.

Pour répondre au souhait de mes élèves je leur demande ensuite Ushiro Kata Otoshi sur Omote Yokomen Uchi.

Petit problème, dès la seconde attaque, ils se retrouvent à contre-pied !  Il faut faire un pas vers l’attaquant suivant pour récupérer la bonne garde. Cet exercice permet de faire comprendre à Tori que c’est à lui d’aller au devant de Uke, il ne doit pas attendre l’attaque pour réagir. J’en profite pour repréciser les notions de Sen no Sen, Machi no Sen et Go no Sen.

Seconde cause de contre-pied : la mauvaise utilisation du regard. Tori a tendance à fixer son regard sur l’attaque de Uke. Ce faisant, à l’issue de l’attaque, il tourne à l’envers et se retrouve à contre-pied. Quand Uke attaque, c’est fini pour lui, le regard peut se porter sur l’adversaire suivant ce qui place intuitivement Tori en bonne garde...

Je développe la notion de Kime, l’expression de l’esprit de décision exprimé par le regard de Tori qui capte le regard de Uke. Le Zanshin est l’état de vigilance...

 

N’insulte pas le crocodile avant d’avoir traversé la rivière. (Proverbe africain)

 

Troisième exercice : Ura Ude Nage sur Ura Yokomen Uchi

Le résultat n’est pas satisfaisant,  les pratiquants sont trop raides. Ils ont tendance à porter Ura Yokomen Uchi à l’horizontale, avec le bras raide. Je modifie l’exercice en demandant d’appliquer Robuse en posant le genou extérieur au sol de façon à utiliser le « rebond » du corps, avec la poussée des orteils, pour aller au devant de l’attaque suivante.

Cet exercice permet de prendre conscience de notre faiblesse au niveau des jambes, faiblesse due à un travail trop conventionnel, trop téléphoné, qui s’autorise l’à-peu-près. Pour preuve, la difficulté à conduire Uke au sol : Tori contrôle l’attaque avec les bras fléchis, ce qui permet à Uke de résister et de se relever puisqu’il ne subit aucune contrainte sur le coude.  Nous reprenons donc cette technique au niveau du contrôle du coude : pince, transfert du poids du corps sur le coude avec le bras tendu.

 

Quatrième exercice : Kubi Otoshi sur Omote Yokomen Uchi

Travail des jambes, utilisation du recul du corps pour « rebondir », poussée des orteils. J’insiste sur le contrôle de la nuque qui n’est pas suffisant. Ce contrôle va être développé avec l’exercice suivant.

 

Cinquième exercice : Kataha Otoshi sur Tsuki Chudan

Entrée intérieure (n’est-ce pas, Schtroumpf raisonneur ?).  Le contrôle de la nuque étant « superficiel »,  la technique n’est pas convaincante.

Premier temps de O Irimi, j’entre comme pour porter un atémi de la main extérieure à la base du cou, la main intérieure contrôle l’atémi au niveau du coude en glissant dessous.

Deuxième temps de O Irimi, j’appuie sur la nuque en la tirant vers moi puis en l’écartant vers l’extérieur. Ce faisant, la main intérieure s’enroule en crochet autour du coude que je contrôle au niveau du nœud de ma ceinture, la main extérieure venant en appui sur l’autre main (les 2 en supination). Uke est immobilisé. À ce niveau, il me suffit d’une rotation de la hanche vers l’extérieur pour le projeter sur le dos... au grand étonnement de Jeannot qui subit la projection. Autre possibilité : immobilisation suite à une simple pression verticale.

 

Sixième exercice : Ura Kataha sur Tsuki Chudan

Encore une fois, j’insiste sur le contrôle de la nuque. L’action de la main intérieure, qui vient contrôler le poignet de Uke par-dessus, conditionne le placement de Ura Kataha. Les conseils prodigués sont analogues à ceux donnés pour Kataha Otoshi.

 

Lorsque nous critiquons, il faut le faire avec une humilité et une courtoisie qui ne laisse subsister aucune amertume. (Gandhi)

 

Ce cours a été ponctué d’une foule de conseils, comme autant de cours particuliers, que j’ai redonnés en conclusion. J’ai ainsi proposé une « feuille de route » pour les 2 semaines à venir.

L’essentiel des difficultés provient d’une utilisation excessive de la force qui aboutit à des situations de blocage et à un travail trop dur susceptible de dévier vers la brutalité.

En général, les exercices sont exécutés avec précipitation et en apnée... Travailler lentement en marquant nettement l’inspiration dans l’entrée et l’expiration en finale.

 

Un homme courtois ne marche pas sur l'ombre de son voisin. (Proverbe chinois)

 

Si Tori réplique à la force de l’attaque de Uke en utilisant sa propre force, il y a soustraction, les 2 forces s’annulent, le plus fort l’emporte...

Tori doit entrer dans l’attaque de Uke et non pas s’y opposer. Comme il s’insère dans le mouvement de Uke, sa force va s’additionner à celle de l’attaque... le déséquilibre obtenu sera suffisant pour qu’à l’issue du mouvement la technique se porte avec fluidité, sans brutalité, mais ne laissant d’autre opportunité à Uke que la chute.

Suite à une question de Jaâfar concernant des problèmes de déséquilibre de Tori quand il tente de placer Kataha Otoshi sur une attaque Mae Kumi Tsuki, je rappelle quelques notions concernant l’application du déséquilibre :

- distance Ma : il faut accentuer l’intention de Uke avant qu’il ne reprenne son équilibre à la fin de l’attaque

- distance To Ma : il faut stopper Uke en créant un point d’arrêt autour duquel il s’enroule

 

Toutes ces notions sont comprisse intellectuellement, il faut les intégrer dans la pratique de façon à libérer la « forme de corps » et faciliter la sensation du mouvement.

 

La vieillesse est si longue qu'il ne faut pas la commencer trop tôt. (Benoîte Groult)

 

J’ai exprimé ma gratitude à ces cinq jeunes gens pour leur grande générosité dans la pratique de notre Art. Pas de temps mort pendant l’entraînement, de la concentration dans  l’écoute, beaucoup d’attention envers les critiques pas toujours assénées avec une grande « fluidité ». Chacun sait travailler pour soi et pour les autres. Un grand bonheur pour le vieux prof...

 

Prendre le temps de réfléchir, telle est la manière courtoise et vraie de commencer et de poursuivre une conversation. (Luther Standing Bear)

 

Finalement, ce cours un peu particulier s’est prolongé bien au-delà des 21 h habituelles...  et nous y serions peut-être encore si des impératifs n’avaient exigé notre retour dans nos foyers (j’exagère ?).

Mon caméraman ayant dû s’absenter, à son grand dam, je n’ai ni photo ni vidéo à ma disposition pour illustrer le récit de ce cours.  Alors, pourquoi pas un petit dessin ? J’en ai trouvé un grâce à Gogol et je n’ai pas pu résister au plaisir de le détourner...

 

J’ai ouï dire que d’aucuns qui ne m’apprécient plus guère lisent pourtant attentivement mes articles et qu’il leur est arrivé de s’offusquer de certaines de mes caricatures. Cadeau :

 

trou de serrure

La porte est grande ouverte et pourtant ils s’obstinent à regarder par le trou de la serrure. (Moi)

 

 

* Voir le Fichier : fiche_pedagogique_02_02_11.pdf

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 18:35

Avoir des amis dont vous aimez qu'ils soient comme vous est une forme de narcissisme. (Norman Douglas)

 

Après avoir rédigé le bilan de mon cours du  8 décembre, j’ai inséré des vidéos pour illustrer le déroulement la séance. Bonne ou mauvaise idée ? Tout comme les photos qui ont pris une place de plus en plus importante depuis quelques mois... Bonne ou mauvaise idée ?

S’agit-il d’un accès de narcissisme ? Probablement, mais pas pire que l’idée d’ouvrir un blog et d’y raconter mes histoires.

Dans le doute, j’ai demandé son avis à mon vieil ami Alain qui m’a répondu que l’idée était excellente mais que « plus qu'aucune autre technique, la vidéo doit être irréprochable, indiscutable.»

Il a jouté qu’ « il n'y aura(it) pas que des gens de bonne compagnie qui spontanément auront compris l'objectif. Le danger, ce sont les autres. Il y aura toujours de fâcheux pointilleux emmerdeurs qui iront chercher la petite bête toujours au-delà de ce que tu auras voulu simplement illustrer.  »

J’accepte la critique sous condition qu’elle me soit favorable. Sinon, même s’il ne s’y glisse que des réserves, ça me fait râler ! Alors, j’ai pensé rétorquer : « Irréprochable ! Tu t’es regardé ? » ... puis j’ai médité cette évidence : « Le danger, ce sont les autres. »

 

Choisis tes ennemis ; mais laisse les amis te choisir. (André Gide)

 

Quels autres ? À qui mes articles sont-ils destinés ? Certes, être lu par des milliers de visiteurs me flatterait au plus haut degré. Encore que...

J’ai toujours rêvé de publier un journal. Jadis, disciple de Célestin Freinet, j’avais créé un journal scolaire entièrement réalisé par mes élèves, composé à la main avec des caractères en plomb, illustré à la linogravure et imprimé feuille à feuille, au rouleau, avec de l’encre en tube. Plus tard, j’ai lancé une revue municipale dactylographiée sur stencils et tirée à la ronéo... J’ai livré mes élucubrations à la revue de la FFAK puis à la Lettre du Cera avant d’apporter quelques contributions à la revue fédérale...

 

Aux vrais amis tout est commun. (Euripide)

 

J’ai vraiment concrétisé mes aspirations quand la technologie du blog s’est popularisée. J’ai conçu le mien comme un album de souvenirs destiné à mes amis ou, pour ne pas galvauder ce mot, à tous ceux avec qui je me sens en sympathie.

Par le fait du hasard de requêtes sur Google, quelques uns de mes articles ont été lus par des centaines de lecteurs... certains passent rapidement, ça ne correspond pas à leur recherche, d’autres, curieux, vont picorer dans le sommaire. Et d’autres, encore, pour de multiples raisons, rejettent les contenus, textes ou images, y puisent des arguments pour dénigrer notre Art ou ses cadres ou, plus bêtement, votre serviteur... qui n’en a rien à cirer.

 

Des amis et des livres, ayez-en peu, mais bons. (proverbe espagnol)

 

La générosité de « disciples » à qui j’ai consacré un peu de mon temps l’an dernier m’a permis d’acquérir un objet dont je rêvais depuis... l’âge de 10 ans ! Je rêvais de cinéma. Je rêvais d’une caméra. À l’époque, on ne connaissait que le format double 8 mm. L’excellent 9,5 mm avait disparu. Le 16 mm était réservé aux gens très fortunés. J’avais imaginé l’objet idéal, en forme de rasoir électrique (Philips venait de sortir le Philishave à 2 têtes) dans lequel une sorte de petit cube enregistreur aurait remplacé la bobine de pellicule.

 

Philishave

 

Puis est apparu le format super 8. J’ai enfin acheté ma caméra, l’équivalent d’un mois de salaire : une Bauer D3, en 1968, pour immortaliser l’évolution de ma petite fille née le 6 janvier puis de mon petit garçon né le 22 mars de l’année suivante.

Les cartouches super 8 étaient coûteuses et, n'offrant que 2 mn 30 s d'autonomie, il fallait les utiliser avec parcimonie. Pas question de filmer au hasard, il fallait anticiper... J’ai tourné mes dernières séquences aux sports d’hiver, à la fin des années 70.

Visionner les images était une véritable entreprise.  Il fallait d’abord mettre bout à bout les bobines de 15 m à l’aide d’une colleuse soit en taillant les 2 extrémités en biseau pour les encoller soit, plus simplement, en les raccordant avec un adhésif. Les films étaient montés sur des bobines de 90 m. Ensuite, il fallait louer un projecteur et un écran... Vive le DVD ! J’ai ainsi quelques bobines de souvenirs qui attendent d’être converties (ressuscitées...) en numérique et d’être de nouveau partagées.

 

bauer

J’ai renoncé au cinéma pendant de nombreuses années. Les premiers caméscopes étaient lourds et encombrants, très chers et les vidéos de qualité bien inférieure au super 8 même si le passage du VHS au HI8 avait considérablement fait évoluer la qualité de l’image. La cassette n’était pas d’un usage aisé et rendait le montage très complexe.

Enfin  sont apparus les premiers caméscopes numériques à carte mémoire puis à image HD, de plus en plus compacts mais à un prix toujours aussi prohibitif.

À la rentrée de septembre, en visite à la FNAC, au rayon photo/vidéo, je vois un joli petit objet noir, de la taille de mon antique Philishave à 2 têtes, capable d’enregistrer des films en HD sur cartes mémoires et d’obtenir d’excellentes photos. Le tout à un prix très, très abordable... au point que j’ai cru qu’il manquait un 0 à la fin !

 

xacti

C‘est ainsi qu’un rêve vieux de 60 ans s’est concrétisé.  J’ai « shooté » tous azimuts, je n’avais plus à craindre de gaspiller de la pellicule. La seule limite est la capacité de la carte mémoire et la durée de la batterie. Après avoir exploré les capacités de mon jouet, j’ai réfléchi à l’usage d’un si bel outil. Le lien avec mon activité essentielle, enseigner l’Aïkibudo, écrire à propos de l’Aïkibudo, raconter l’Aïkibudo, fut une évidence. Et je boucle la boucle : à qui mes articles sont-ils destinés ?

 

Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche. (Michel Audiard)


Quand j’ai mis mon premier article en ligne le 2 décembre 2005, le calendrier de mes interventions et le projet pédagogique de la saison, je ne m’adressais qu’à mes élèves. Je mettais à leur disposition la fiche technique du cours et mes commentaires. Plus tard, toujours à leur intention, j’ai raconté quelques anecdotes, quelques points de notre histoire.

Il advint donc que mon blog fut assez vite référencé sur Google et reçut des visites quotidiennes. L’intérêt de mes publications dépassa le cadre intime de mes proches et atteignit une dimension... internationale, l’Aïkibudo est de renommée planétaire et le plus modeste blog consacré à notre Art est susceptible d’être visité aux antipodes !

Je continue à rédiger mes articles pour les élèves qui ont suivi mes cours et les lecteurs assidus qui y participent par procuration. La fiche pédagogique austère a laissé place à un récit agrémenté de citations, de délires philosophiques, de photos... C’est un peu comme les projections de diapos, je pense que ça n’intéresse que ceux qui ont vécu les événements rapportés !

Alors, quand j’ai confié mon caméscope à Pierre pour qu’il filme mes démonstrations, c’était pour fournir aux participants à mes cours un support complémentaire. En fait, ça me procure une surcharge de travail... je ne me plains pas, j’adore ça, mais quand il m’arrive de ne mettre mon compte-rendu en ligne que le samedi, je reçois des reproches du type : « Il t’en a fallu du temps, cette semaine, pour publier ton article ! ».

 

Choisis bien tes mots, car ce sont eux qui créent le monde qui t'entoure. (Pensée Navajo)

Rédiger le texte me prend 2 jours : rédaction du premier jet le jeudi, choix des citations en fonction de l’ambiance du cours et des touches d’humour dont je veux teinter mon récit pour ne pas sombrer dans la rédaction d’un rapport. Lente maturation jusqu’à la relecture et la réécriture le vendredi.  Choix des photos, traitées, recadrées et mises au format de la publication.

Je visionne les vidéos, 20 à 30 minutes d’images dont il faut que j’extraie des clips d’une durée de quelques dizaines de secondes chacun et des photos. L’image 16/9 au format natif MP4 occupe quasiment la surface de mon écran 17,3"... Et encore, j’ai renoncé au full HD pour ces reportages !

Je réduis les images au format 400x224 à l’aide d’un excellent petit logiciel, SUPER, qui les convertit ensuite en MP2 ce qui me permet de réaliser le clip avec VIRTUALDUB. J’essaie de sélectionner les images au mieux : début et fin comportant si possible une posture de garde, pas de coupe au milieu d’un commentaire, traitement éventuel de la luminosité car les séquences sont tournées sans éclairage d’appoint... mon jouet n’est pas pourvu d’une torche.

Le clip définitif, exporté au format AVI est à son tour converti, avec SUPER, au format FLV, beaucoup plus léger, puis téléchargé dans ma bibliothèque de vidéos, gérée par WAT.

Enfin, mise en page sur l’éditeur d’Over-Blog, tests de prévisualisation, relecture, chasse aux fautes de frappe, publication, gestion du sommaire et de la page d’accueil. C’est parti. Il n’y a plus qu’à attendre les critiques. Les premières vidéos semblent avoir été appréciées si j’en crois les commentaires du « bilan du 8 décembre ».

Philippe m’a écrit : « Cher Sensei; quelle bonne idée de mettre en ligne la vidéo : je peux vous redemander à souhait(s) la démonstration et ce sans aucune fatigue. »

Depuis, elles font partie de la narration. Pour moi, elles ne sont que ce qu’elles sont : une illustration du cours, un clin d’œil, souvenir destiné à ceux qui ont vécu le cours. L’explication est sommaire ou inaudible ? Un talon se lève un peu trop ici, je ne me remets pas en garde après la projection mais je me tourne vers l’objectif ? C’est une séquence saisie en direct, pas une démonstration de prestige à Bercy !

 

Ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité. (Montaigne)

 

Alors, qu’en est-il de ces «fâcheux pointilleux emmerdeurs qui iront chercher la petite bête toujours au-delà de ce que (j’aurai) voulu simplement illustrer » ?

Primo, je ne publie pas pour eux. Secundo, s’ils n’ont aucune raison d’apprécier mes publications, ils n’ont aucune raison de les lire. Ainsi de cet « ami » qui aurait dit que ce que j’enseigne : « ce n’est pas de l’Aïkibudo, c’est de l’Aïkido » avec, je pense, l’intention de stigmatiser l’inefficacité de ma technique... Ce qui, par ailleurs, n’est pas gentil en ce qui concerne notre discipline cousine ! Bref, cet « ami », qui par ailleurs usait encore le fond de ses culottes courtes sur les bancs de la maternelle quand je marquais mes premiers (et derniers...) « ippon » sur les tatamis, pourquoi viendrait-il visionner mes clips, à moins qu’il n’ait un doute sur son jugement péremptoire et n’espère après tout apprendre quelque chose, sait-on jamais ?

 

Dieu me garde de mes amis ; mes ennemis, je m'en charge. (Antigone II roi de Macédoine)

 

En fait, c’est dans un article publié le 30  janvier 2007, Non-résistance et non-violence, que j’ai pour la première fois utilisé des vidéos pour illustrer le fil conducteur d’une pensée hautement philosophique ! Les séquences avaient été filmées par un spectateur avec son APN*... J’avais effectué les montages avec Windows Movie Maker.

Au mois de mai dernier, j’ai inclus dans mon reportage sur Lembrun mai 2010 2 clips APN* parce que j’avais envie de faire savoir que mon petit-fils était peut-être une graine de champion de Judo...

 

J’avais presque fini de rédiger ce texte. C’était le 12 ou le 13 janvier... Betty n’avait déjà plus la force de combattre pour survivre malgré tout l’amour qu’elle nous portait et que nous lui rendions...  Le vendredi matin, j’ai senti mon cœur se déchirer....

 

Xavier m’a dit, au téléphone : « C’est bien, les vidéos, Maître, il faut continuer à en mettre. Comme ça, on a l’impression de participer aux cours ! »

 

J’ai donc repris ce dernier article et, pour l’illustrer, j’ai fouillé dans les rushes en quête d’une  séquence originale... Je cherchais quelques inédits d’Aïkibudo quand j’ai retrouvé les rares images animées que je possède de Betty, filmées en automne, pendant une de ses périodes de rémission qui nous ont fait naître tant d’espoir. Ses bons yeux, ses beaux yeux me parlent... Je sens sa bonne odeur de bon chien... Mes doigts s’entrecroisent dans la douceur de son pelage... J’ai choisi cette courte scène très intime que je lui dédie et que j’offre à ceux qui partagent l’amour de notre Art avec celui d’un bon toutou.

 

 

 

 

La mélancolie
C'est un chat perdu
Qu'on croit retrouvé
C'est un chien de plus
Dans le monde qu'on sait
C'est un nom de rue
Où l'on va jamais

(Léo Ferré)

 

 

*APN : appareil photo numérique

 

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 10:44

Toutes les souffrances peuvent s'oublier si la peine est partagée par des amis et que l'amitié la console. (proverbe)

 

Je ne peux pas dire que j’attendais ce cours sans appréhension. Je suis un peu embrumé, un peu étourdi depuis ce vendredi matin... Comme me dit Christophe : « Contentons-nous d’être hommes... » et, en tant qu’homme, je ne suis que ce qu’a fait de moi mon histoire, c’est elle qui donne la tonalité à mes cours.

Quand je pars de chez moi, vers 17 h 45, la tonalité est au gris clair, comme ces lointains photographiés sous une légère brume. Pour être un peu plus clair, je n’ai rien préparé, je suis dans le flou, je dirai à mes élèves, après le salut : « Mes bons amis, je n’ai rien préparé, que souhaitez-vous travailler ? Si vous le souhaitez, je peux rentrer chez moi. »

 

automne 12

Je suis parti un peu plus tard que d’habitude car je ne me sens pas en état de travailler les katas de Kobudo. J’ai laissé mon bokken à sa place.

Pour la peine, je tombe en plein dans les embouteillages, ce qui a le don de m’exaspérer. Je formule quelques propos malsonnants qui ont le don de me sortir de ma rêvasserie et de me faire sourire. J’ai parfois un tempérament rabelaisien.

Quand j’arrive au dojo, Pierre, Jeannot et Jocelyne sont déjà sur le tatami. Pierre et Jeannot se livrent à des exercices plutôt ésotériques avec leur bokken tandis que Jojo les observe, perplexe.

À 19 h, le cours peut commencer. Sont présents onze Yudansha, dont trois 4e dan, et deux Kyu, le grand Stéphane qui, lui aussi, a progressé de façon spectaculaire et Sylvain.

Je les observe en savourant la chance que j’ai de les voir sur mon tatami. Je dois prendre mon temps à apprécier ce bonheur car Pierre me suggère que ce serait une bonne idée de commencer le cours.

Je redescends sur le tatami et nous nous mettons en place pour le salut.

 

Je suis toujours en quête d'un bonheur inaccessible car j'ai sans aucun doute mis la barre trop haut. Peu importe puisque ce sont les rêves qui me font bien vivre.  (auteur inconnu)

 

Quand mes idées sont à sec, quand mon énergie renâcle à se manifester, je propose un échauffement tout simple, sous forme de randori Te Hodoki. Pour commencer, je suggère qu’il soit fluide et souple puis, au fur et à mesure que les formes deviennent plus précises, je demande des saisies plus fermes, des dégagements mobilisant plus de force.

Les corps semblent chauds. Nous finissons cette première phase avec Nigiri Kaeshi. Cet éducatif est une bonne transition entre le Te Hodoki et la forme technique.

L’échauffement a atteint le niveau où il devient possible de libérer le corps sans risquer de se blesser. Je vais tester le niveau de maîtrise des roulades et autres chutes. Ceux qui se sont heurtés à quelques difficultés la dernière fois ont un sourire en coin.

Roulades avant alternées droite et gauche, souples et silencieuses. Roulades arrière enchaînées. Enchaînements roulade avant / roulades arrière... Jeannot soupire.

Je fais venir au centre ceux qui éprouvent des difficultés. La plupart du temps, elles sont dues à la direction du regard. La tête, mal positionnée, place le corps à contresens, la rotation ne se fait plus...

Ensuite, j’insiste sur l’utilité du brise chute et la position de réception dans la chute dite « plaquée ». En chute avant, le brise chute permet de se relever si la jambe avant, tendue, est bien positionnée.

La chute vraiment « plaquée » est latérale, rien à voir avec notre Yoko Ukemi, spécifique à notre École. L’entraînement se fait à deux, celui qui chute est soigneusement retenu par un partenaire.

 

Sur les ailes du Temps, la tristesse s'envole. (Jean de La Fontaine)

 

Pour finir le travail sur les roulades et les chutes, je propose une série d’éducatifs issus des sensations de Nigiri Kaeshi.

 

- garde inversée (Gyaku Hanmi no Kamae) :

Uke attaque en Ryote Dori. Tori se laisse saisir tout en effectuant une rotation des hanches. Sa main descend en supination, remonte en pronation puis redescend pendant qu’il avance la jambe homologue à la main saisie. Uke est projeté dans l’axe de son attaque.

 

St Léger 19 01 11 1

 

- garde inversée (Gyaku Hanmi no Kamae) :

Uke attaque Ryote Dori. Tori se laisse saisir tout en effectuant une rotation des hanches. Sa main descend en supination, remonte en pronation pendant que les hanches tournent en sens inverse puis redescend pour projeter Uke sur son arrière.

- garde inversée (Gyaku Hanmi no Kamae) :

Uke attaque Ryote Dori. Tori se laisse saisir tout en effectuant Nagashi pied avant. Puis il effectue un Nagashi pied arrière en faisant passer Uke derrière son dos. Il le projette en posant au sol le genou homologue à la main saisie.

 

St Léger 19 01 11 7St Léger 19 01 11 03

 

 

Si tu pleures trop parce que tu as perdu ton soleil, tes larmes t'empêcheront de voir les étoiles. (proverbe)

 

Je vais broder la suite de mon cours sur le thème de Koshi Nage. C’est une extension de l’éducatif précédent. Il suffit de rester debout et de tourner un peu plus...

Un peu plus... Je dis souvent à mes élèves qui se désolent parce qu’ils ne parviennent pas à réaliser le mouvement que je viens de démontrer et qui leur paraît si simple, si évident : « Va un peu plus loin, accentue un peu plus ta traction, tourne un peu plus, effectue un Tai Sabaki un peu plus ample... ».

Un peu plus... Une belle technique, sophistiquée, alambiquée (?) n’est qu’une technique élémentaire qu’on n’a pas pu appliquer avec toute la simplicité souhaitée... alors, on en a fait un peu plus.

Deux formules vont se présenter :

- une forme académique, proche du Kata, d’une démonstration « de prestige »

- une forme dynamique que je préconiserais au cours d’un randori

 

Lorsque tu as du chagrin, hâte-toi de pleurer car la peine ne se conserve pas.

 

En fait, je faisais tranquillement ma démonstration avec Guillaume. Guillaume attaquait, je canalisais et je portais la technique telle qu’elle se présentait.

Curieusement, Jaâfar ne posait aucune question. Était-il morose, voire distant ? C’est donc Ludo qui a pris le relais en me demandant une précision technique... Diable, si je sais comment je fais ! Heureusement, mon esprit analytique et rationnel a repris la main. « Dépenser un minimum d’énergie pour obtenir un maximum d’efficacité... avec un souci d’esthétique, d’élégance... c’est l’esprit de l’Aïkibudo... ».

Ludo m’a demandé si je devais porter Koshi Nage pieds écartés ou pieds joints. En fait, mon souci est de préserver mes précieuses vertèbres lombaires qui me concèdent une tranquillité relative au vu de ce que je leur impose à chaque cours. Elles me font bien quelques reproches le lendemain mais elles ne sont pas trop rancunières et me laissent généralement en paix dès la fin de la semaine.

Dans le premier scénario, j’ai affaire à un seul adversaire. À partir du moment où j’ai fixé Uke, j’ai le temps (relatif) de me placer, de rapprocher mes talons et d’enlever Uke dans une projection qui se déroule dans un plan vertical. C’est un Koshi nage stricto sensu.

 

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Dans le second scénario, je suis en situation de randori contre plusieurs adversaires. Je n’ai pas le temps de me placer conformément au Kata, j’enroule Uke autour de mes hanches dans un plan oblique, proche de l’horizontale, pour dégager rapidement mon champ d’action. Peu importe si mes pieds sont écartés, aucune pression ne s’exerce verticalement sur mes lombaires.

 

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Mélanie est légère et se confronte à de robustes partenaires. La charge supportée est nocive pour son jeune squelette et il lui manque un peu de puissance pour exécuter la seconde forme. Il lui est toutefois possible d’effectuer l’entrée puis de l’amplifier à l’aide d’un Tsugi Ashi, ce qui provoque un déséquilibre avant suffisant pour faire chuter Uke.

 

 

 

J’offre un petit moment de décontraction en proposant Uma Dôshi... qui n’est appliqué qu’en technique « d’accompagnement » qu’on pourrait apparenter aux Hikitate Waza mais point trop n’en faut... ce n’est qu’anecdotique !

 

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 La mélancolie, c'est un désespoir qui n'a pas les moyens. (Léo Ferré)

 

En conclusion de ce travail, je propose deux techniques s’adaptant particulièrement à la double saisie de Uke.

- Juji Garami : les points clés reposent sur l’extension des bras de Uke de façon d’une part à le déséquilibrer vers le sol, d’autre part à permettre de porter la clé. Entrer comme pour effectuer le second éducatif. La main saisie reprend le poignet « Dosokute Dori » et le tire vers le sol. L’autre main saisit le poignet « Jyunte Dori » par dessous, le tire horizontalement de façon à placer les bras de Uke en croix. Tori avance la jambe intérieure en portant la clé qui contraint Uke à chuter.

 

 

 

- Shiho Nage : les bras de Uke se retrouvent entrecroisés sur son visage. Entrer Shiho Nage sur le bras « Dosokute Dori », reprendre le second bras par-dessus, conclure en gardant les bras croisés.

 

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Ces techniques ne posent guère d’autres problèmes particuliers que ceux dus à une traction insuffisante des bras de Uke.

 

Les pleurs des vieillards sont aussi terribles que ceux des enfants sont naturels.  (Honoré de Balzac)

 

Deux volontaires, je n’ai pas eu le temps de les désigner d’office, Ludo et Mélanie, viennent au centre présenter les éducatifs et les techniques étudiés ce soir.

Les formes sont en général assez justes, le sens du mouvement est perçu. Les progrès sont spectaculaires, je me plais à le répéter. Garde, entrée, déséquilibre, projection, tout est là. Il n’y a guère de mise en danger de soi-même, d’opportunité de Kaeshi Waza en renversement à ce niveau de la progression et du degré d’exigence auquel je peux prétendre.

Le randori est traditionnellement vécu comme une sorte de ré-création, il est devenu depuis quelque temps une véritable re-création ! Même au cours d’une activité ludique, mes Yudansha sont vigilants et cherchent à mettre en pratique les conseils que j’ai dispensés. Que peut demander de plus un vieux Maître ?

 

La tristesse est un mur élevé entre deux jardins. (Khalil Gibran)

 

Ce soir, champagne ! Que fête-t-on ? Rien de particulier, sinon que nous allons manger la galette des rois, ce qui était prévu il y a 2 semaines mais que nous n’avons pu faire à cause des intempéries qui ont dissuadé de se déplacer la plupart des fidèles de ce cours. J’ai dérogé à mes habitudes et j’ai volontiers trinqué avec le vin pétillant.

Le pratique de notre Art génère un bien-être qui germe puis fleurit tout au long du cours. À la fin d’un cours où les échanges ont été généreux, nous ressentons un profond sentiment d’amitié qui ne s’exprime pas par des mots mais plutôt par des sourires qui flottent sur les visages, par des yeux qui brillent à l’évocation de souvenirs encore tout chauds...

 

Ce qu'on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire, mais l'écrire. (Jacques Derrida)

 

J’avais pioché un tas de citations et de proverbes choisis en fonction de mon humeur du moment et je ne savais pas trop comment les tisser dans la trame de mon récit.

Je me suis monté un petit scénario sur le thème de l’amitié, ce n’est pas trop difficile, et j’ai essayé de les classer selon une gradation « dramatique », je les ai disposés en titres de chapitres, j’ai ajouté quelques images pour faire joli, quelques clips pour faire jaser  les pisse-froid et leur donner du fiel à moudre, le tout saupoudré de ce qu’il faut d’autodérision pour éviter que le cœur ne se dessèche à trop se prendre au sérieux et ne pas se laisser aller à se lamenter sur son triste sort.

 

St Léger 19 01 11 26

 

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 10:59

 

adieu Betty 01

 Betty nous a quittés, vendredi matin. Elle m’a regardé avec ses bons yeux pleins d’interrogation puis elle a posé sa tête dans le creux de ma main et s’est endormie, tout doucement...

 

adieu Betty 02

Notre amie Corinne nous avait invités à dîner, un soir de la mi-février 2002. À la fin du repas, elle m’a dit : « Attends, j’ai une surprise pour toi. » et elle m’a déposé dans les bras un amour de boule de poils noirs et roux. « Prends-la à l’essai, si elle ne te convient pas, je te la reprends ! ». Comme si c’était un meuble...

J’ai regardé la petite peluche toute pelotonnée contre moi et je lui ai murmuré : « Je t’adopte et je te promets de toujours te protéger. »

C’était un gros bébé craintif. Éloignée trop tôt de sa mère, elle n’avait pas encore deux mois et... il lui manquait l’essentiel de l’éducation que tout chiot bien élevé reçoit d’une mère attentionnée...

 

adieu Betty 03

Une part de cette éducation fut prise en charge par Gamine, une chienne à moitié Labri des Pyrénées, que nous avait confiée Corinne quelques années auparavant. D’une vivacité exceptionnelle, championne incontestée de la réception des balles de tennis, elle était avant tout gardienne de troupeaux, elle exigeait l’ordre, il fallait que chacun soit à sa place. La première fois que nous l’avions emmenée en forêt, elle avait tenté de nous ramener une harde de chevreuils !

Nous habitions sur un terrain de 3 hectares, au bord de la forêt, sans clôtures. Elle apprit à sa petite élève les limites de son territoire.

 

adieu Betty 04

Il fallut donner un nom à notre petite « fille adoptive ». J’avais pensé à Sissi mais aurait-elle compris « assis Sissi » ou « ici Sissi » ? C’est probablement en pensant à la pétulante Betty Boop que nous avons choisi de la baptiser Betty.

Elle avait tout à apprendre, c’était une petite boule d’agressivité. J’avais tout le temps nécessaire pour l’éduquer. J'étais souvent à côté d'elle, assis ou même à quatre pattes. Si elle me mordait, je lui mordais l’oreille. Si elle avait tendance à se rebeller, à chercher à dominer, je la roulais sur le dos et je caressais son petit ventre tout doux et rebondi. Au moment des repas, Gamine lui montrait les dents et elle n’osait pas s’approcher de sa gamelle alors je me mettais entre les deux et lui donnai ses croquettes à la main.

Elle me suivait comme mon ombre et sut vite répondre à son nom. À la moindre alerte, elle se réfugiait entre mes jambes. Mais c’était un tout petit bébé. Quand elle me suivait jusqu’à la boîte à lettres, elle s’endormait en route et je la ramenais dans mes bras.

Elle n’était jamais attachée et fit ses premières sorties en forêt en toute liberté. Pour lui apprendre à rester près de nous, dès qu’elle s’éloignait un peu trop, nous nous cachions derrière un arbre. Affolée, elle revenait en courant à notre recherche. Elle manifestait sa joie dès qu’elle nous avait retrouvés. Elle nous chercha d’abord à vue puis elle apprit à se servir de son odorat.

 

adieu Betty 05

Elle n’avait qu’un an quand je pus commencer à l’emmener en forêt à l’aube, pour surprendre cerfs et chevreuils. Elle était tentée de se lancer dans de folles poursuites mais il suffisait que je murmure « non ! » pour qu’elle s’arrête sur place et s’asseye...

Son vocabulaire s’étendit, notamment en ce qui concernait ses jouets favoris. Elle comprit très vite balle, ballon, bâton...

Elle jouait auprès d’un petit tabouret en bois. Elle s’était emparée de 2 petits pots en verre. Elle les disposait sur le tabouret, les faisait tomber sur la moquette, les reposait sur le tabouret jusqu’à ce qu’elle s’asseye, satisfaite : elle les avait posés l’un sur l’autre comme un petit humain fait avec ses cubes.

Elle s’était très bien adaptée à sa nouvelle vie et a tout de suite montré un vrai sens du confort. Coussin, oreiller, couette, tout ce qui était doux et chaud lui convenait mais, par-dessus tout, elle se choisit son emplacement favori, sous l’escalier, où je lui disposai son panier.

 

adieu Betty 06

La petite boule a grandi, est devenue un adorable chiot, malin, sage, docile. Elle oublia vite la déplorable habitude des chiots de sauter sur les visiteurs ou de ronger chaussures, pieds de table, et autres accoudoirs de fauteuil. Elle se livra bien à quelques bêtises, elle se fit gronder et il suffit bientôt que je lui dise : « Non, non, non ! » pour qu’elle s’arrête illico. En échange, elle s’asseyait entre mes pieds et m’observait de ses yeux interrogateurs.

Elle apprit très vite à donner la patte pour demander quelque chose, c’est assez naturel chez les chiens. Le jour où je lui appris à faire la belle, elle comprit qu’elle disposait dorénavant d’un outil puissant pour obtenir les choses qu’elle désirait, jouet ou friandise.

 

adieu Betty 07

Ayant atteint sa taille d’adulte, elle délaissa son doudou, un petit ours en peluche, pour des balles de tennis. Le chiot s’est métamorphosé. Betty est devenue une athlète mince et élancée... et sachant toujours apprécier le confort d’un canapé et d’un ou deux oreillers !

 

adieu Betty 08

 

Son museau s’était allongé et elle s’était dotée de très longs doigts dont elle se servait pour bloquer sa balle, pour tenter de la saisir ou se livrer à une sorte de jonglage au ras du sol... Elle courait en la poussant alternativement avec ses deux « mains ».

Elle jouait souvent avec deux balles, qu’elle plaçait côte à côte et qu’elle mordillait alternativement en les rapprochant ou en les repoussant avec sa patte aux longs doigts. Un jour, elle vint me trouver, triomphante, elle avait résolu son problème : saisir 2 balles ensemble dans sa gueule !

De la même façon, il arrivait qu’elle me prenne la main qu’elle serrait avec force tout en me regardant de ses grands yeux interrogateurs.

Betty souriait. Quand elle nous retrouvait après trop longtemps d'absence ou quand venait nous rendre visite quelqu'un de notre famille ou de nos amis, elle montrait les dents, toute frétillante.

Betty riait ! Elle était allongée, faisant semblant de dormir... Elle me guettait, un oeil mi-clos... Avec mes mains, je lui faisais la « la bébête qui monte »... elle relevait son nez, montrait les dents en sortant le bout de la langue et laissait frétiller sa queue... soudain, elle se jetait sur ma main qu'elle saisissait doucement dans sa gueule. Ensuite, quand nous avions bien joué, elle se roulait sur le dos pour que je lui caresse le ventre. Je crois bien qu'elle riait de toutes ses dents !

Nous avons partagé 9 années d’un bonheur discret, elle s’est rendue aimable auprès de tous ceux qui la croisaient. Elle aimait s’insérer dans les groupes de promeneurs qui sursautaient en voyant ce grand chien près d’eux. La surprise passée, quelqu’un tentait de lui caresser la tête qu’elle esquivait d'un rapide Tai Sabaki. Elle n’acceptait de caresses que de son maître et de nos petits-enfants qui pouvaient la prendre par le cou et lui faire de gros câlins. Mes petites-filles eurent le droit de s’accrocher à ses oreilles, à son cou, pour se mettre debout et faire leurs premiers pas.

Elle a réconcilié avec les chiens plus d’un adulte atteint de la phobie des canidés. Elle était l’idole des enfants qui adoraient frôler de leurs doigts timides le doux velours de ses oreilles. Elle était aussi l’amie des chats !

Son premier ami félin fut Chat Roux, le chat de notre voisine, Monique. Quand nous descendions de la forêt, Chat Roux nous attendait, lové dans une flaque de soleil au milieu de la route. Il ronronnait à la vue de Betty qui venait lui lécher le ventre, le roulait sur le dos en le poussant avec son gros nez. Il se relevait et se faufilait entre ses pattes. Chez Monique, ils dormaient ensemble sur un coussin.

Quand nous avons déménagé, Betty a fait la connaissance de Lucky, un jeune chat inconscient des dangers présentés par les canidés. Sa première rencontre fut heureuse puisque ce fut celle de Betty avec qui il faisait de longues promenades.

Betty eut plus de difficultés avec Pépita, la chatte qui craignait les chiens et sortait les griffes à leur vue. Elle finit pourtant par l’apprivoiser et lui lécher le bout du nez sans la faire cracher ni griffer.

 

adieu Betty 09

 

adieu Betty 10

 

Depuis que Betty était entrée dans ma vie, chaque jour, je la caressais, je la massais, je la palpais, je la papouillais. Rien ne m’échappait, les tiques en été, les petits bobos toute l’année. Toute petite, je lui faisais une toilette intime quotidienne, toilette qu’elle ne savait pas assumer et sans laquelle elle aurait risqué une infection.

Au début de l’année 2010, j’ai senti comme des granules autour d’une mamelle. Le jour de la vaccination, début mars, j’ai questionné le vétérinaire qui me dit simplement que c’était à surveiller.

Fin mai, eut lieu notre stage national à Caudebec en Caux. Ma petite maison eut l’honneur d’accueillir not’ bon Maître Alain Floquet et mon vieil ami Alain Roinel : les trois plus anciens membres de l’Aïkibudo avaient enfin l’occasion de partager un long week end « en famille ».  Betty partagea à son habitude les moments familiaux...

Le lendemain de cette grande fête, j’aperçus un écoulement épais à une mamelle de Betty. Le vétérinaire nous dit qu’il fallait l’opérer d’urgence : ablation de toute la chaîne mammaire !  Ce qui fut fait le 1er juin.

Betty subit une violente allergie au pansement adhésif. Sa longue plaie fut exposée à l’air libre, nécessitant une surveillance de chaque instant et de nombreux soins quotidiens. Nous avons voulu lui éviter le supplice de la collerette et ma femme passa des nuits à côté d’elle pour veiller à ce qu’elle ne se lèche pas.

Son état se dégrada brutalement au bout d’une semaine. Nous venions de recevoir le résultat des analyses : une saloperie de cancer, niveau 3 sur une échelle de 4... Pronostic très sombre. Elle ne survivrait qu’avec un traitement palliatif.

En attendant, il fallut la mettre sous perfusion toute une nuit à la clinique. Le vétérinaire qui l’avait opérée la trouvait si brave, si docile qu’il lui épargna la collerette.

Les fils furent enlevés au bout d’une dizaine de jours.  Betty connut des hauts et des bas. Très vite, elle refusa de s’alimenter. Cette fois-là, c’est une jeune femme, Caroline, qui nous reçut. Elle ausculta Betty avec attention, s’étonna de sa docilité, de sa gentillesse, prépara un cocktail à injecter et nous dit de revenir la voir aussi souvent que nous le souhaitions.

Le soir même, Betty nous réclamait à manger et dévorait tout ce que nous pouvions lui donner. Nous sommes allés de nouveau consulter Caroline dont le visage s’illumina quand elle apprit la bonne nouvelle. Elle était tombée pile sur le bon dosage de la substance qui allait aider Betty à mener une vie aussi paisible que possible.

J’ignorais que les chiens stressés se lèchent les pattes. Ce n’est qu’une semaine après une prise de sang que je m’aperçus que Betty avait quasiment usé l’épiderme de la petite zone tondue. Il fallait appliquer une pommade et protéger  avec un pansement.  Betty était sage mais une nuit, elle arracha tout.  Pour éviter qu’elle n’aggrave sa blessure, je décidai de lui faire porter une collerette la nuit.

Cette collerette est un véritable supplice. Betty ne comprenait pas pourquoi je la punissais et me contemplait de ses bons yeux tristes. Alors, avant de me coucher, je lui donnais plein de ces croquettes dont elle raffolait.

Pour limiter au maximum la durée de cette torture, je me couchais vers minuit et je me levais vers 5 h 30. Il fallut attendre plus d’une semaine avant que le processus de guérison soit suffisamment avancé pour que je puisse la laisser passer les nuits tranquille.

Nous allions à la consultation au moins une fois par semaine. Betty entrait dans le hall, montait sur la bascule, attendait que je lise son poids puis me suivait quand j’allais m’asseoir et se couchait à mes pieds en tremblant. Caroline nous appelait. Je me levais, Betty se dirigeait vers la sortie. Je lui disais : « Non, là-bas. ». Elle me suivait, tête baissée.

Caroline lui disait : « Viens, ma fifille... ».  Betty me regardait de ses yeux interrogateurs. « Tu ne viendras pas sans ton papa ! » lui disait Caroline.

Betty montait sur la table d’auscultation, s’asseyait, tendait la patte pour qu’on vérifie sa blessure. Caroline la cajolait un peu puis l’auscultait. Elle m’avoua qu’elle se méfiait beaucoup des bergers allemands qui mordent facilement au visage. Elle leur pose une muselière avant de les ausculter. Mais elle avait une confiance totale en Betty.

Betty finit par refuser de monter sur la table. Caroline l’ausculta par terre, s’accroupissant à côté d’elle. Puis elle cherchait quelle friandise elle pouvait lui offrir. Quand nous repartions, Betty prenait sa laisse dans sa gueule et la secouait comme le fait un chiot. Elle la mettait par terre, la pliait soigneusement, la prenait dans sa gueule et se dirigeait très fière vers la sortie.

 

J’avais appris à Betty à ne pas lécher. C’était parfois difficile et, pour me manifester sa joie de me revoir ou pour m’exprimer son affection, elle donnait de petits coups de langue dans l’air. Depuis quelques mois, quand elle semblait trop fatiguée ou trop stressée, je la massais, je lui détendais les épaules, le dos, les hanches, je lui caressais le ventre, le palpais. Alors, elle s’étirait en grognant de bonheur et remuait la queue et me regardait, les yeux pleins d’amour. Il y a quelques jours, elle a relevé la tête, m’a léché délicatement le bout du nez puis s’est reposée en soupirant.

La nature est injuste. La belle, la gentille Betty fut frappée d’un mal foudroyant au cours du mois de décembre. Le jour du stage de Vanves, elle se mit à « pisser » du pus. Ma femme, restée seule, ne savait que faire. Quand je suis rentré assez tard, le soir, nous avons conduit Betty aux urgences. Le vétérinaire de service lui installa maladroitement une perfusion et entreprit de la conduire au chenil. Je fus obligé de l’accompagner car Betty ne l’aurait pas suivi. J’ai dû enfermer Betty moi-même dans une cage, avec une collerette qu’elle accrochait aux barreaux de sa cage en tentant de sortir. Je suis parti honteux de la laisser seule, de lui laisser croire que je l’abandonnais et pas certain de la revoir vivante.

Elle subit l’ablation de l’utérus le lundi matin. Je la récupérai le soir à 18 h. L’opération était parfaite. Comme elle était allergique aux adhésifs, la plaie, parfaitement cousue, était exposée à l’air libre. J’eus de nombreux soins quotidiens à lui donner, délicates applications de pommade, caresses rassurantes, administration d’antibiotiques, d’antalgiques.

Je n’ai pas voulu lui faire subir de nouveau le supplice de la collerette. J’ai dormi à côté d’elle, sur le canapé du séjour, jusqu’à ce que la cicatrisation soit parfaite et que les fils soient ôtés.

Nous avons vécu une alternance de rémissions et de rechutes. Puis elle cessa de s’alimenter, rejeta ses médicaments. Elle était fiévreuse. J’écrasais les comprimés dans du lait et je les lui faisais absorber à l’aide d’une seringue.

Elle retrouva le goût de vivre à l’approche des congés de Noël et passa quelques jours paisibles en compagnie de nos petits-enfants qui l’adorent.

Son état s’est de nouveau dégradé. Elle me regardait dans les yeux, elle accrochait ma main avec sa patte. Je la calmais, la rassurais en la massant, en caressant son pauvre ventre tout couturé de cicatrices. Elle s’apaisait, se détendait, s’endormait parfois.

Dorénavant, je ne l’emmenai plus que dans de courtes promenades, elle décidait elle-même du point où il fallait faire demi-tour en venant prendre dans sa gueule mon bâton qu’elle ramenait à la maison. Puis mardi, elle refusa de sortir. Et jeudi, elle ne voulut plus se lever.

Nous avons appelé le cabinet, demandant si Caroline pouvait effectuer une consultation à notre domicile. C’était son jour de repos, elle ne serait prévenue que le lendemain matin. Elle viendrait à la première heure...

Caroline rêva de Betty dans la nuit de jeudi à vendredi. En arrivant au cabinet, le vendredi matin, elle fut très inquiète de lire notre nom sur les demandes de visite à domicile.

C’est elle qui a aidé Betty à quitter notre monde, avec une infinie douceur, avec beaucoup d’amour. Quand Betty, tout à fait détendue, enfin apaisée, toujours aussi jolie, a cessé de respirer, nous avions tous les trois des larmes plein les yeux.

Je n’aurais jamais cru que ce fût aussi dur. On croit qu’à force de prendre les coups de la vie, le cuir finit par se tanner. En fait, c’est la carapace qui se fissure.

Chacun de mes toutous fut aimable et aimé. Pollux, le petit cocker, Hugo, le bon labrador, la vive et aimante Gamine, la tendre et discrète Betty, chacun à chaque fois encore plus gentil, plus communicatif, plus « intelligent » que le précédent, une séparation à chaque fois plus douloureuse. Une séparation plus déchirante que celle qu’on éprouve après la perte d’un être humain...

Chacun a partagé une part plus ou moins longue de ma vie, tous ont contribué à me permettre de devenir ce que je suis et j’ai de la peine parce que je les ai perdus et que j’en suis diminué.

Chacun a sans aucun doute discrètement influencé ma façon de vivre notre Art, de le transmettre, de le faire apprécier.

Une page vient de se tourner. Je ne parviens pas à parler de Betty sans que ma gorge se serre et que mes yeux s’inondent, alors j’écris son histoire parce qu’il serait injuste que sa jolie image, sa belle personnalité tombent dans l’oubli.

 adieu Betty 11

 

 

 

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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 14:57

- Je vous apporte mes voeux.- Merci, je tâcherai d'en faire quelque chose. (Jules Renard)

 

Nous voilà donc dans la première semaine du premier mois de la première année de la deuxième décennie du XXIème siècle...

Ben oui, une dizaine ça commence à 1 et ça finit à 10. Ce qui fait que notre XXIème siècle a commencé en 2001 (vous vous rappelez, le chef-d’œuvre de Stanley Kubrik, « 2001, l’odyssée de l’espace » ?) et non pas en 2000 comme des milliards de nigauds l’ont cru le 31 décembre 1999 à minuit !

Et cette très triste décennie s’est enfin achevée le 31 décembre 2010 à minuit ! Ouf ! On ne la regrettera pas, celle-là !

Toujours est-il que c’est pour moi le moment de vous souhaiter une bonne nouvelle première année et une meilleure deuxième décennie. En attendant de fêter dans quelques mois l’accomplissement de ma... septième décennie. Et oui, ça ne nous rajeunit pas !

 

Une fois que ma décision est prise, j'hésite longuement. (Jules Renard)

 

Il paraît que la nouvelle année offre l’opportunité de prendre de nouvelles résolutions. Bon, puisque dame nature finit d’ajouter ses derniers brins de jonc à mon 70ème balai, pourquoi ne prendrais-je pas celle de devenir raisonnable et de m’adapter à un rythme pépère, plus cool, comme disent les d’jeunes !

Et puis, un premier cours après une éprouvante période d’agapes se doit d’être tranquille, propre à ne pas trop bousculer les organismes malmenés par toutes sortes d’excès.

Alors, je décide de ménager mes élèves, que dis-je, de les choyer, de les dorloter, de les chouchouter. Je vais simplement reprendre les thèmes des 2 derniers cours, les affiner, les préciser, opérer leur synthèse.

 

La fatalité veut que l'on prenne toujours les bonnes résolutions trop tard. (Oscar Wilde)

 

En fait, les rangs sont clairsemés, l’hiver précoce a semé son lot de dégâts... Mimi est bien venu présenter ses vœux mais il souffre d’un lumbago, il ne pourra pas s’entraîner. Jaâfar s’est immobilisé  en région parisienne. Jojo est verrouillée par un accès d’arthrose cervicale. D’autres ne se sont pas manifestés et ne se font remarquer que par leur absence.

Ils sont 6 courageux, heureux de se retrouver, impatients de s’échauffer puis de partager le plaisir d’un bon entraînement, 5 Yudansha et un Kyu, solide et avec un bon passé de judoka qui lui permet de s’adapter à un cours de haut niveau.

 

Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. Aussi l’excellence n’est-elle pas un acte mais une habitude. (Aristote)

 

Ils sont arrivés selon leur disponibilité à partir de 18 h. Un échauffement s’est mis en place progressivement, chacun à son rythme ou par couples se livrant à de souples randoris techniques.

À 19 h, je prends le cours en mains. Après le salut, en complément à l’échauffement individuel, je demande un randori Te Hodoki souple et fluide suivi d’un randori esquives que je souhaite lent et très technique. Et puis il me prend l’envie de contrôler le niveau des roulades et autres Ukemi...

Enchaînements de roulades avant à droite et à gauche. Le résultat est bruyant. Je demande des roulades souples, fluides, silencieuses. Le résultat demeure approximatif, il y a beaucoup d’énergie à dépenser chez ces (plus ou moins) jeunes gens.

Je pense obtenir le résultat escompté en demandant des enchaînements roulade avant / roulade arrière. Diantre, la moitié d’entre eux exécute la roulade arrière à contresens ! Je rappelle qu’il faut laisser le corps tourner dans le sens du mouvement et, de la sorte, la roulade avant à droite est suivie d’une roulade arrière à gauche...

Deux égarés ont retrouvé le bon chemin mais Jeannot persévère dans le blocage de sa rotation pour tourner à contresens. Doté de mansuétude, je vais vers lui avec l’intention de le guider comme je l’ai fait d’innombrables fois avec d’innombrables débutants. C’est sans compter avec les résistances de Jeannot. Au lieu de suivre la sollicitation que ma main applique à son épaule, il se bloque, tourne à contresens et... m’applique un coup de talon au tibia ! Ça fait mal et me rend irascible ! Mais plutôt que de me laisser aller à mon mécontentement que je n’exprime que par quelques vives remarques teintées de verdeur, je convertis toute cette agressivité naissante en énergie positive...

 

Je suis fort parce que je ne suis jamais dérouté par les autres et que je fais ce qui est en moi. (Paul Gauguin)

 

Je fais asseoir les élèves, je désigne 2 volontaires d’office, Jeannot et Guillaume, et je leur demande de présenter l’enchaînement étudié le 8 décembre... Ils étaient là le 8, ils étaient là le 22, ils doivent avoir opéré une synthèse constructive précédée d’une analyse dispensatrice de lumière...

Oui, j’avoue, je suis moqueur. Le Christophe des Alpes m’a même taxé de mauvaise foi, l’hôpital se moquant parfois de la charité.

En fait, je ne les ai pas laissés méchamment s’enferrer mais je les ai guidés, j’ai soufflé « Oshi Kaeshi » et l’enchaînement s’est assez bien déroulé.

J’ai simplement rappelé le concept d’intention. Uke a l’intention d’attaquer, il ne vient pas subir le bon vouloir de Tori. Tori a l’intention d’entrer dans le mouvement généré par Uke. Dans ce cas, il s’agit d’un Wa no Seishin.

Premier temps : les 2 intentions vont à leur terme, Tori projette Uke.

Deuxième temps : Uke relâche la main haute. Tori continue son mouvement, son bras passe derrière la tête de Uke et il place la technique qui se présente, Kubi Nage.

Troisième temps : Uke réagit et dégage sa tête en repoussant le bras de Tori qui continue son mouvement et exécute la technique qui se présente, Soto Maki Komi.

En aucun cas Uke n’a attaqué avec l’intention de subir une projection,  en aucun cas Tori n’est entré avec l’intention de porter Soto Maki Komi. Des opportunités se sont présentées, il les a saisies.

 

St Léger 05 01 11 1

 Ne mentez jamais à quelqu'un en qui vous voulez avoir confiance. A partir du moment où vous lui aurez menti une fois, vous aurez bien du mal à le croire. (Rivarol)

 

Promis, juré, j’avais l’intention de faire un bon petit cours bien tranquille, organisé autour d’un geste simple, archi connu : reprise des poignets de Uke suite à une saisie en Ryote Dori. Sauf erreur de ma part, dans le Kihon Nage Shodan, on trouve le même geste avec Ryote Dori Koshi Nage.

C’était sans compter sur les mécanismes, les automatismes, les conditionnements, c’est Uke qui n’attaque pas vraiment mais s’apprête déjà à chuter, c’est Tori qui n’a pas besoin d’être précis, efficace, puisque Uke va de toutes façons chuter, même sans être déséquilibré.

Je vais marteler ces consignes à de nombreuses reprises au fur et à mesure que le cours va se dérouler :

- Uke vient saisir, il saisit sincèrement, pas mollement

- Tori reprend les poignets de Uke, pas ses avant-bras, ou n’importe quoi, il saisit avec conviction, sans permettre à Uke de tourner son poignet entre ses doigts

- Uke ne chute que s’il ne peut pas faire autrement...

- un éducatif s’exécute en fonction d’une garde, on se remet en garde avant de reprendre l’exercice

 

Premier exercice : garde inversée (Gyaku Hanmi no Kamae pour les puristes)

Tori effectue un léger Irimi et saisit le poignet avant de Uke en pronation et l’amène sur la cuisse au niveau du genou quand Uke s’apprête à poser le pied avant. L’autre main a saisi en supination, les 2 mains exerçant une sorte de Shimeru. Tori avance la jambe arrière et projette Uke.

 

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Deuxième exercice : même garde (Ai Hanmi no Kamae pour...)

Tori recule sa jambe avant en saisissant le poignet avant de Uke en supination, il amène ce poignet sur la cuisse au niveau du genou, l’autre main ayant saisi en supination. Le genou arrière se posant au sol, Tori effectue une rotation du bassin pour projeter Uke.

 

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Troisième exercice : même garde...

Quand Uke avance pour saisir, Tori effectue O Irimi, la main avant reprenant en supination, l’autre en pronation. Il conduit sa main extérieure jusqu’au niveau de la hanche, entraînant dans un léger déséquilibre Uke qui réagit sur son arrière. Tori inverse alors son action, la main basse qui tirait vers le bas repousse vers le haut tandis que la main haute vient sur la cuisse au niveau du genou, les 2 mains exécutant Shimeru. Suivant sa sensation, il projette Uke directement ou en avançant la jambe arrière.

 

St Léger 05 01 11 3

 Ce troisième exercice va saisir de base à l’étude du Kaeshi Waza en enchaînement.

 

 

« Ne vous y fiez pas, ce n’est pas un petit vieux ! », murmure Pierre au caméscope

pendant que Guillaume et Jeannot entrent en empathie avec les moulins à vent...

 

Premier enchaînement : il peut être dû à une erreur de Tori qui n’applique pas Shimeru, la poussée ne s’effectue plus dans le plan sagittal de Uke qui peut pousser son coude vers l’avant. Tori saisit l’opportunité de placer Koshi Nage.

 

 

Second enchaînement : Tori persiste dans son intention de porter la projection de base, Uke persiste dans son intention d’esquiver, ce qu’il fait en glissant vers l’extérieur pour échapper au Koshi Nage. Tori poursuit son déséquilibre en effectuant un Tsugi Ashi latéral qui lui permet de dépasser Uke, il pose alors le genou avant au sol en tournant les hanches, projetant ainsi Uke. (Il est possible de rester debout, on se retrouve devant l’opportunité de placer une technique connue en Judo, Tai Otoshi, qui peut être dangereuse pour le genou de Uke)

 

 

Troisième enchaînement : quand Uke esquive Koshi Nage, Tori continue son mouvement de rotation. Ce faisant, le bras correspondant à la main basse s’enroule autour de son flanc, Uke se retrouve devant un espace vide dans lequel il est projeté.

 

 

« On croirait qu'on est quarante ! », grommelle Pierre,

la chevelure auréolée d'un essaim de gouttelettes de sueur.

 

 

Rien n'est plus agréable que de prendre une décision héroïque et, pour des raisons indépendantes de notre volonté, de ne pas pouvoir la mettre à exécution. (William James)

 

J’avoue, je me suis bien amusé en rédigeant ces lignes, je me suis livré à mon irrésistible penchant à la moquerie... Je me sais moqueur, je ne me crois pas méchant. En fait, je respecte trop mes élèves pour les laisser s’enferrer dans les travers que je dénonce quand je les rencontre : les automatismes, l’imprécision, les techniques exécutées sans intention, sans mouvement.

On peut faire illusion, pire se faire illusion. Ce travail de déconditionnement est épuisant. Mes chers élèves ont trempé leur Keikogi. Le mien n’était pas mieux, ce qui n’est pas sérieux si j’en crois le vœu d’un aimable correspondant : Restez en forme pour apprécier la vie, partager et explorer ce merveilleux Art qui est le nôtre. En fait, c’est le conseil que je donne constamment à mes chers élèves : entraînez-vous en vous ménageant sans ménagement, entraînez-vous avec modération sans modération... Profitez du moment présent !

 

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« On ne le dirait pas mais nous sommes toujours vivants ! » a murmuré Pierre au caméscope avant de l’éteindre.

 

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 20:54

Une idée que j'ai, il faut que je la nie : c'est ma manière de l'essayer. (Alain)

 

Seconde soirée d’un hiver précoce déjà commencé 3 semaines plus tôt, avant-veille de réveillon, monde enseveli sous la neige et engourdi de froid, routes luisantes de givre sous les étoiles d’une nuit déjà tombée à la fin de l’après-midi, voilà qui aurait pu me dissuader de prendre la route mais ma petite-fille Mia, 8 ans, a fait, lundi, le voyage d’Arvillard, à la frontière de la Savoie et de l’Isère et ses cousins, Clémentine, 7 ans et Matthis 11 ans, doivent arriver en soirée de Tournefeuille, au sud-ouest de Toulouse, chez leurs autres grands-parents qui habitent Franqueville, à 5 minutes du dojo. Les cousins ont hâte de se revoir et Papé est à la fête !

 

Mimi Noël 2010

Mia, une habituée du stage du Temple sur Lot

 

Les habitués de mon cours n’ont pas éprouvé le même enthousiasme, seul Jean est déjà là quand j’arrive au dojo. Un peu plus tard, c’est Guillaume qui franchit la porte, bientôt suivi de Ludovic et enfin de Stéphane.

Je les préviens que je tiens à partir à 20 h 30 pour aller récupérer mes petiots que je n’ai pas vus depuis près de 6 mois.

Puisque nous sommes si peu nombreux, j’ai l’intention de n’aborder que quelques éducatifs, le cours proprement dit sera repris le 5 janvier. Les exercices prévus sont simples et je pourrai facilement les mettre en œuvre dans le temps que je me suis imparti.

 

Ce qu’on veut faire, c’est en faisant qu’on le découvre. (Alain)
 

La dernière fois, nous avons exploré la saisie Ryote Ippo Dori en fonction de l’éducatif Oshi Kaeshi. Les exercices étaient basés sur le concept de Wa no Seishin et les techniques s’enchaînaient en Kaeshi Waza.

Cette fois-ci, sur la même attaque, Tori ressaisit les poignets de Uke, une main en pronation, l’autre en supination.

Cette simple action de reprendre pose problème car Uke attaque sans attaquer. Ne saisissant pas fermement, Tori ne peut pas le ressaisir correctement.

Je suis obligé de reparler de l’intention. Uke a l’intention de saisir les poignets de Tori et, s’il saisit, c’est avec l’intention d’agresser. Tori ressaisit les poignets de Uke avec l’intention d’entrer dans son mouvement pour le renverser ou l’entraîner plus loin et le déséquilibrer.

 

Premier exercice : garde inversée.

Quand Uke avance pour saisir en Ryote Ippo Dori, Tori entre Irimi et projette Uke sur son arrière.

 

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Deuxième exercice : même garde

Quand Uke avance pour saisir en Ryote Ippo Dori, recule le pied avant puis pivote sur les hanches pour entraîner Uke sur son avant.

 

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Troisième exercice : même garde

Quand Uke avance pour saisir en Ryote Ippo Dori, Tori entre O Irimi et renvoie Uke sur son arrière à l’issue de son 2ème déplacement.

 

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Quatrième exercice : même garde

Quand Uke avance pour saisir en Ryote Ippo Dori, Tori entre O Irimi puis avance sa jambe intérieure, pivote les hanches pour conduire le genou au sol et projette Uke en ligne.

 

St Léger 22 12 10 6

Cinquième exercice : même garde

Quand Uke avance pour saisir en Ryote Ippo Dori, Tori entre O Irimi. Il conduit sa main basse vers la hanche de façon à faire passer Uke derrière son dos. Il le projette en posant le genou au sol.

 

St Léger 22 12 10 7

Il n'y a de progrès, pour nul écolier au monde, ni en ce qu'il entend, ni en ce qu'il voit, mais seulement en ce qu'il fait. (Alain)
 

Je pensais que cette série d’exercices serait une simple formalité. En fait, je dois répondre à une multitude de questions, rappeler de multiples concepts, mettre l’accent sur quelques évidences. Mais surtout je dois demander de faire et faire encore.

 

 

 

 

 

Les 4 adeptes présents sont passionnés par ce qu’ils étudient. Le rythme est aussi intense, les échanges aussi généreux que s’ils étaient 20 ou 30. Les keikogi sont bientôt humides de sueur. C’est comme ça qu’on apprend. Je ne crois pas trop aux explications trop précises, trop détaillées. Elles servent à rassurer notre forme de pensée occidentale très analytique.

J’en profite toutefois pour redonner quelques principes pédagogiques sur les modes d’apprentissage, suivant que les élèves utilisent plus leur cortex droit ou leur cortex gauche (visuels ou auditifs, logiques ou intuitifs, temporels ou spatiaux...).  Voir le Fichier : apprendre_et_enseigner.pdf

 

 

 

 

 

Il faut longtemps pour devenir jeune. (Picasso)

 

Finalement, quand je me suis décidé à consulter la pendule, il n’était pas loin de 21 h ! Nous nous sommes vite rhabillés, j’ai parcouru aussi vite que possible les quelques kilomètres qui me séparaient de Franqueville.

Les petits étaient en pyjama, trop fatigués pour reprendre la route, même pour retrouver Mia mais assez éveillés pour attendre que leur Papé arrive et lui faire une grosse bise.

Ils se retrouveront le lendemain matin et se joindront à moi pour vous souhaiter à tous, amis lecteurs, de bonnes fêtes de fin d’année et beaucoup de joie à pratiquer notre bel Art Martial tout au long de la nouvelle année qui se profile...

 

cousins Noël 2010

le suspens est haletant !

 

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 19:12

 

Si vous voulez être respecté, commencez par être respectable et, en outre, assez costaud pour imposer le respect. (Somerset Maugham)

 

Quel doux plaisir, après 2 semaines d’intempéries, de retrouver ses fidèles compagnons sur le tatami de Saint Léger du Bourg Denis...

Cette période de l’année me plonge dans un curieux état de langueur, ce n’est pas de la mélancolie, c’est la sensation pesante de ne pas avoir envie de faire grand-chose, de trouver toute décision difficile, très difficile à prendre, une sensation de fatigue qu’un rhume pas vraiment souhaité n’arrange pas !

Je ne suis pas vraiment plein d’ardeur pour entamer une heure d’entraînement au Kenjutsu... J’ai l’impression d’avoir tout oublié du Katori Shinto Ryu et, surtout, je me sens sans force dans les bras : vais-je être capable de soulever le bokken ?

Un petit tour de Katori, un survol de Iai Yoseikan et je sens que ça va plutôt bien. C’est ce qu’il me fallait pour faire circuler de l’énergie dans les muscles et un peu de courant dans les neurones !

À son habitude, Pedro me demande comment ça va. Je lui explique que je me traîne dans un vieux corps de 69 balais et demi et il s’esclaffe. Il me dit que quand il me voit sur le tatami, je n’ai pas vraiment l’air d’un vieux débris... Il est vrai que le fait de monter sur le tatami transcende l’enseignant. Le plus voûté se redresse, le plus souffreteux retrouve son allant. On s’investit de l’attente des élèves et de toute l’énergie qu’ils envoient.

 

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Qu'il est difficile d'être courageux sans se faire méchant ! (Alain)
 

Ce soir, pourtant, l’investissement est lent et je mets du temps à résister à l’état d’hibernation qui m’attire imperceptiblement mais sûrement en cette période de l’année.

Je demande, à titre d’échauffement, un « randori Te Hodoki » fluide et souple.

Le thème de mon cours est « Oshi Kaeshi : Te no Michibiki, Wa no Seishin, Kaeshi Waza ». Je demande donc l’exécution de Oshi Kaeshi première forme (sur place) puis deuxième forme (en déplacement).

Cet exercice permet de pointer une faiblesse, les bras de Tori qui fléchissent, coudes très en arrière, ce qui permettrait à Uke de bloquer le mouvement de Tori... Les bras doivent travailler en position semi fléchie, en réception puis en extension.

Encore une fois, il faut être vigilant, veiller à ne pas se laisser aller à l’automatisation. Pour le dire tout net, en général,Tori est paresseux et Uke est complaisant.

L’éducatif sera prolongé par une série de Wa no Seishin qui doivent permettre de sentir les poussées, l’action des bras. Les 2 partenaires sont en distance Ma. Uke attaque Ryote Dori. Tori « reçoit » la saisie, bras semi fléchis, ses mains ouvrent en supination.

- Tori effectue Nagashi, ses mains passant du plan horizontal à l’entrée au plan vertical à la sortie du Nagashi pour déséquilibrer Uke et le projeter.

 

 

St Léger0812 2

 

- Tori effectue O Irimi pour entraîner Uke puis, sur son refus de la chute, il le renverse dans l’autre direction.

 

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- Tori effectue Irimi et projette directement Uke sur son arrière. La première projection est réussie et spectaculaire car Uke a été surpris, il attendait une action « fluide ». Cet exercice me donne l’occasion de rappeler que la notion de fluidité n’évoque pas une pratique éthérée, il s’agit d’une forme d’utilisation de la force dans le sens du mouvement, exempte de brutalité mais certes pas d’énergie.

Ensuite, Uke saisit avec hésitation, sans conviction. Je rappelle qu’une technique se réussit ou se rate à deux. Il faut de la part des 2 partenaires de la conviction, un esprit de décision, de la détermination et une bonne maîtrise technique. Ni connivence ni complaisance.

Après quelques explications sur ce que j’attends de l’attaquant, nous nous sentons en harmonie et les Wa no Seishin s’effectuent avec les sensations voulues.

 

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On ne présente ses respects à une femme désirable que dans le seul espoir de lui manquer de respect dans les délais les plus brefs. (Jacques Sternberg)

 

Jocelyne s’interroge sur ma garde, elle pense que je suis placé en Shizentai... Je la fais rire en lui disant que j’ai ma « petite garde à moi... ». J’explique qu’en fait je suis « assis » sur ma jambe arrière. Le pied avant est légèrement en avant, le talon près des orteils du pied arrière, reposant à peine sur le sol, sans appui. Quand Uke attaque, je pars instantanément, avec la sensation du Tai no Sen. Si ma garde était ouverte, je serais trop en appui sur le pied avant, je partirais donc avec un léger retard qui m’empêcherait de renverser Uke .

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Les défauts les plus courants chez Uke sont la saisie molle ou le bras mou. Dans les 2 cas, il ne réagit pas à l’entrée de Tori qui se trouve devant une opportunité de Kaeshi Waza en enchaînement.

- Tori est entré dans le mouvement avec l’intention d’effectuer un Wa no Seishin. Si Uke lâche sa prise ou fléchit les bras dans la poussée, Uke continue son mouvement, encercle la tête de Uke et porte Kubi Nage.

 

 

 

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Dès que l'on s'instruit en vue d'enseigner, on s'instruit mal. (Alain)

 

- Tori porte Kubi Nage avec une insuffisance technique (manque d’esprit de décision, le bras est trop haut, la prise de tête est faible) qui offre à Uke une opportunité de Kaeshi Waza en renversement. Il pousse le bras de Tori vers l’avant, au niveau du coude, ce qui lui permet de dégager sa tête. Tori continue son mouvement comme s’il était toujours dans l’intention d’effectuer le Wa no Seishin. Son bras ayant été dévié par la poussée de Uke, sa main le guide vers le tatami, comme s’il allait effectuer une roulade avant : il porte alors Soto Maki Komi.

 

 

 

St Léger0812 7

 

Cette technique nécessite quelques précautions. Tori a tendance à s’asseoir, donc à partir vers l’arrière, au lieu de partir en roulade avant. Ce faisant, il risque de tomber sur la cage thoracique de Uke et de le blesser.

Le fait de partir en avant entraîne une chute spectaculaire mais bien contrôlée tant par Uke que par Tori qui se reçoit dans le secteur compris entre le bras de Uke et son flanc. Il continue sa roulade sur le dos pour contrôler Uke (atémi, immobilisation).

 

La séance s’achève sur un Futari Randori :

- Randori Ryote Dori Wa No Seishin avec 2 partenaires attaquant alternativement à droite et à gauche

- Randori Ryote Dori Kaeshi Waza (application de l’enchaînement étudié ce soir)

 

St Léger0812 sépia

Un homme ferme et même inébranlable dans son jugement sur nous nous donne force et consistance. (Alain)

 

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 17:36

 

Y a des jours...

tsuba noire Ceux qui ne connaissent pas leur histoire s'exposent à ce qu'elle recommence... (Elie Wiesel)

 

Tempête dans un verre d’eau... Le groupe Aïkibudo de la Haute-Normandie est en pleine effervescence. Une vraie secousse au sein du Cirabn...

Ce qui provoque cette agitation, c’est une communication concernant la modification des statuts de la Ligue de Normandie 2F3A :

ARTICLE 4

La LIGUE de la HAUTE NORMANDIE de la FEDERATION FRANCAISE D'AIKIDO, AIKI-BUDO ET AFFINITAIRES se compose:

-des associations affiliées à la FEDERATION FRANCAISE D'AIKIDO, AIKI-BUDO ET AFFINITAIRES et ayant leur siège sur le territoire de la Ligue.

-des membres de ces associations.

(Les pratiquants de la co-discipline AIKI-BUBO peuvent dans le cadre de la Ligue se constituer en « COMITE DE LIGUE AIKI-BUDO » conformément aux Statuts et Règlement Intérieur Fédéral.)

et de laquelle le président a déduit que le Cirabn pourrait bien être dissous... S’il avait connu un tant soit peu notre histoire... S’il s’était adressé à ceux qui l’ont faite...

S’il est une chose contre laquelle il aurait fallu protester, c’est d’avoir écrit « AIKI-BUDO » qui fait référence à l’ancien groupe Aïkido Nocquet dont le nom, Cercle Aïki-Budo, faisait lui-même référence à une citation de Morihei Ueshiba, alors que nous nous appelons « AIKIBUDO », en un seul mot. Les rédacteurs de cette modification semblent ignorer l’histoire de leur école car l’actuel Aïkido de la 2F3A est bâti en partie sur l’héritage d’André Nocquet.

En fait, il s’agit pour la Ligue de se mettre en conformité avec les « Statuts approuvés par l’Assemblée générale de la FFAAA le 22/11//2009 » dans lesquels on lit effectivement :

ARTICLE 1

Il est constitué une association intitulée :

LIGUE…………………………………de la FÉDÉRATION FRANCAISE D’AÏKIDO, AÏKIBUDO ET

AFFINITAIRES (FFAAA) 

où l’on peut voir AÏKIBUDO bien écrit en un seul mot. Finalement, les rédacteurs du projet de la Ligue ne savent pas lire...

En ce qui concerne le sort de notre école, il est garanti par le Règlement Intérieur Fédéral adopté par l’Assemblée Générale en date du 28 novembre 2004 :

6-1 La co-discipline AIKIBUDO se constitue en "Comité Fédéral AIKIBUDO" (C.F.A.B.) qui est défini par un Règlement Intérieur Particulier.
Ce règlement lui assure une complète indépendance technique, administrative et financière. Le Comité Fédéral de l'AIKIBUDO a compétence sur l'ensemble du territoire national et DOM TOM et agit au sein des Ligues Régionales de la F.F.A.A.A. Il a compétence pour nommer ses différents responsables techniques. Le Règlement Intérieur Particulier du C.F.A.B. est approuvé par l'Assemblée Générale de la F.F.A.A.A.

 

Ouf ! On l’a échappé belle ! Y a des jours...

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Le secret, pour prendre de l’avance, c’est de démarrer ! (Mark Twain)

 

Comme, ce soir-là, un conseil de guerre réunit les représentants de tous les clubs pour préparer l’AG de la Ligue, les effectifs se retrouvent réduits sur le tatami. Huit Yudansha bien aguerris et un Kyu en marche vers un bon niveau.

Dans ces conditions, je me sens obligé de modifier mon programme.

J’organise mon cours en fonction de 3 groupes de 3, sous forme « randori souple ». S’entraîner avec 2 Uke implique l’utilisation de O Irimi, ce qui permet d’affiner les sensations de la distance Ma avec perception du mouvement, un travail systématique gauche / droite, un développement du sens du rythme synchronisé avec la respiration.

À titre d’échauffement, je demande un randori esquive fluide mais la fluidité n’est pas forcément au rendez-vous, trop de mains crochues tentent d’accrocher des manches de kimono... on tire avec une certaine inefficacité, Uke se déplace avec une infinie complaisance et Tori escamote généreusement ses Tai Sabaki... Y a des jours !

Je ne me formalise pas, j’ai déjà démontré et expliqué 1000 fois cet exercice, va pour la 1000 et unième... Un groupe de 3 volontaires désignés par mes soins passe au centre et vient le démontrer. Les Uke se croient obligés de chuter bien que j’explique patiemment que c’est un exercice d’esquives, sans saisie, avec des effleurements, à la limite, et qu’on ne chute pas sans raison.

Puisque ces jeunes (pas tous) gens fringants (pas tous, non plus) ont envie de chuter, nous passons à la 2ème phase du cours. En prolongement du randori esquives, je demande un randori canalisation. Travail du Tai Sabaki, travail de la rotation des hanches, travail de la flexion des jambes. O Irimi, déséquilibre, rotation, genou au sol...

 

La faiblesse de la force est de ne croire qu’en la force. (Paul Valery)

 

Serge ne bouge pas, il attend l’attaque de Uke pour réagir. Je lui rappelle que c’est Tori qui doit prendre l’initiative, décider quelle attaque Uke va porter. Après quelques directives, il commence à entrer, à se déplacer convenablement.

Pour recadrer mes consignes, je demande aux 3 volontaires désignés par mes soins de bien vouloir passer au centre afin de démontrer leur virtuosité.

Il apparaît 2 versions de l’exercice. La première, où Tori entre aussi bien sur l’extérieur que sur l’intérieur, s’apparente à Kubi Otoshi, selon mon Schtroumpf raisonneur favori. « C’est plus du Sutemi que de la canalisation... », acquiescent ceux qui peinent à poser le genou au sol puis à se relever pour enchaîner le Tai Sabaki suivant.

La seconde forme s’applique exclusivement sur l’extérieur, la projection s’obtient par une rotation des hanches qui conduit le genou intérieur au sol. Cette forme rend plus difficile l’enchaînement des O Irimi car il faut se replacer en se relevant pour ne pas se retrouver en fausse garde.

Les projections ne sont pas convaincantes. De toute évidence, les Uke sont particulièrement complaisants. La première cause d’erreur se trouve dans l’absence de garde. Tori laisse tomber les bras puis les lève pour aller « accrocher » Uke... En général, l’entrée est insuffisante, la contrainte est portée au niveau du coude, la rotation est insuffisante pour déséquilibrer Uke et le faire chuter.

Les bras doivent être en position semi fléchie, en position Chudan puisque l’attaque demandée est Tsuki Chudan, la main arrière en protection et l’autre prête à agir... Le bras avant agit comme si Tori voulait encercler la tête de Uke, la main extérieure va contrôler le bras de Uke dans le pli du coude. Au cours de la rotation, Tori entraîne Uke en le poussant au niveau du triceps. Le déséquilibre est obtenu sans brutalité, Uke chute parce qu’il ne peut pas faire autrement. Le main intérieure de Tori décrit un cercle, Uke chute suivant la tangente (faire référence à Te no Michibiki...). Serge observe que Tori amène sa main extérieure au niveau de sa hanche pour déséquilibrer Uke et le projeter.

 

St Léger 7

le Grand Schtroumpf et le Schtroumpf raisonneur

 

La liberté, c'est la faculté de choisir ses contraintes. (Jean-Louis Barrault)

 

Je demande maintenant de poursuivre cette forme de travail en demandant aux Uke d’attaquer Ryote Ippo Dori. Je précise qu’il s’agit de réinvestir les formes étudiées il y a 2 semaines.

Guillaume s’efforce de reproduire la forme précédente, ça ne marche pas sur Ryote Ippo. Je lui demande de faire référence à Nigiri Kaeshi. Avec le Tai Sabaki ! Je fais observer que l’exercice s’initialise avec Nagashi puis se poursuit avec O Irimi. La démonstration est convaincante jusqu’à ce que mon Schtroumpf raisonneur demande pourquoi j’ai spécifié « Nagashi » alors que Guillaume applique « O Irimi »... Flagrant délit d’inattention ! Y a des jours...

Quelques points sont précisés sur la passage en Kiba Dachi : ramasser quelque chose sur le tatami pour entraîner Uke puis revenir comme Ura Mukae Daoshi pour le renverser.

Je prends un groupe de 2 Uke et je démontre l’exercice, une dizaine de fois sur chaque Uke. Christophe écarquille les yeux : « Vous n’êtes même pas essoufflé ! ». Bien sûr que non, ce n’est pas le but ! Par contre mes Uke ont besoin de reprendre leur souffle !

Deuxième formule avec l’attaque Ryote Ippo Dori : centrer, faire passer Uke derrière le dos en posant au sol le genou correspondant à la main saisie.

Il faut encore une fois mettre en évidence sa compréhension du concept de Te no Michibiki. Ce n’est pas une notion abstraite ou ésotérique, c’est une utilisation du bon sens, désigner la direction où doit aller Uke permet à Tori de choisir la bonne forme de corps, l’utilisation rationnelle de ses bras. Sont ainsi évités les gestes parasites tels que coupe vers le sol, moulinette et autres bizarreries qui n’ont d’autre effet que de bloquer le déséquilibre d’Uke.

 

Le monde dans lequel chacun vit dépend de la façon de le concevoir.  (Arthur Schopenhauer)

 

J’appelle Jean au centre. Je lui demande s’il connaît Uki Goshi : ça se traduit par « la hanche flottante ». Il s’agit donc d’une technique de hanche et je souhaiterais voir son interprétation en prolongement de l’exercice précédent.

Jean porte un Koshi Nage convenable, dans sa version Uke est projeté en rotation dans un plan vertical. Je souhaite revenir à la notion de hanche flottée, plus fluide, avec la projection dans un plan horizontal, Tori préservant sa verticalité.

Devant la perplexité de l’auditoire, il me revient de le démontrer. C’est fluide (c’est vrai !), léger (j’entretiens mon vieux corps...), la chute est contrôlée (j’ai acquis une certaine maîtrise au cours des ans...), cette forme se place bien au cours d’un Randori (j’ai de l’expérience !). En se relevant, Jaâfar me dit que ça ressemble à Kata Guruma porté au niveau des hanches. C’est peut-être un peu ça... En fait de Uki Goshi, ce pourrait être un Koshi Guruma flottant...

 

St Léger 6

 Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit. (Khalil Gibran)

 

Et c’est parti pour quelques séries d’Uki Goshi Guruma bien fluides... Jusqu’à ce que retentisse : « Y a un pratiquant blessé ! »... Sophie est prostrée par terre. « Ça a craqué ! » explique-t-elle.

Y a des jours ! La sagesse (?) populaire dit qu’y a des jours, vaudrait mieux se casser une jambe !

En fait, il ne s’agit que d’une entorse. Application de pommade antalgique, bandage... La pauvre Sophie devra rentrer seule car son service assistance ne prend pas en charge ce type d’accident.

...

Elle est bien rentrée, elle m’a téléphoné dès qu’elle est arrivée chez elle. L’entorse ne devait pas être trop terrible.

Tout finit bien mais, quand même, y a des jours...

 

St Léger 8

même pas mal !

 

 


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23 septembre, c'est l'automne. Non, c'est la fête à Neuneu, ça mitraille dans tous les coins. Vous ne le saviez pas? Tuer est aussi un loisir.



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19 décembre 1974. Déclaration à la préfecture de police. Cercle d'étude et de recherche sur l'aïkido. Objet : étude et recherche des différentes techniques et leur pratique au travers des différentes écoles pratiquant l'aïkido. Siège social : 103, avenue Parmentier, 75011 Paris.
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homme-53.gif
Étant très curieux de nature, je suis allé voir ce qui s'y passe et, comme j'ai des idées très originales, j'ai lancé une recherche sur Aïkibudo. Et que croyez-vous qu'il se passa? J'ai trouvé un fichier intitulé Aïkibudo, tradition et évolution et il s'agit bien du contenu de notre cassette.
Alors, pensez-vous qu'il soit raisonnable d'investir beaucoup, beaucoup d'énergie et de moyens financiers pour éditer un document dont le contenu sera aussitôt en libre-service chez la Mule?